Holding a Heart - Tome 2

Chapitre 74 - Nicknames

CHAPITRE 74

Marlène se rongeait nerveusement les ongles. Elle n'était pas certaine que son plan fonctionne mais elle se devait d'essayer. Après avoir rencontré son neveu Neville, elle s'était sentie différente. Elle n'avait pas immédiatement identifié ce qui avait changé. Ce n'était que lorsque Sirius l'avait rejoint dans la soirée qu'elle avait compris. Lui aussi avait un air étrange. Comme s'il était sorti d'une transe. Ils s'étaient regardés en silence assimilant lentement l'idée de bonheur. Ils étaient heureux.

Elle ne sentait aucune magie noire émaner de lui... et lorsqu'elle releva sa manche, sa marque des Ténèbres était si pâle qu'elle semblait presque disparue. Comme une cicatrice ancienne. Ils étaient "guéris". Elle avait fait la première chose qui lui était venue en tête. Et elle espérait qu'il répondrait à son appel. Elle lançait des regards nerveux de la porte d'entrée puis à celle de sa chambre où s'était assoupi Sirius. Elle aurait peut-être dû prévenir ce dernier de ce qu'elle s'apprêtait à faire. Non. Si par malheurs son plan se révéler être un échec il ne serait ni déçu... ni blessé. Ils l'avaient tous déjà trop été et un petit miracle exécuté par son neveu et le fils de James et Lily ne la débarrassait pas complètement de sa méfiance à l'égard du destin et de ce qu'il avait en magasin pour eux.

Elle lança un coup d'œil à l'horloge murale. Il était si tard... il fallait se faire une raison. C'était un échec. Elle se leva pour rejoindre Sirius avant qu'il ne se réveille seul par malheur. Il détestait ça. La solitude. Elle n'avait jamais rien eu contre celle-ci jusqu'à ce qu'elle atterrisse dans ce rien après avoir été kidnappé par le Maître des Ténèbres. Flotter dans le néant pendant plus d'un an peut avoir de sacrées conséquences sur l'esprit humain. Elle n'en était pas sortie complètement indemne. Un frisson la parcourut et elle pressa le pas vers la chambre. Elle fut arrêtée dans son élan par de légers coups portés à la porte d'entrée. Ils étaient presque imperceptibles et elle douta un instant de ne pas avoir imaginé tout simplement ces derniers. Ils se répétèrent, plus fort cette fois, écartant la possibilité qu'elle s'était fourvoyée. Elle trottina jusqu'à la porte d'entrée.

- Remus c'est toi ? chuchota-t-elle au travers de celle-ci.

- Oui... répondit le garçon. La dernière chose que je t'ai dite ? demanda-t-il, respectant le protocole de l'Ordre du Phoenix.

- Tu es un monstre. Et moi ? l'interrogea-t-elle à son tour.

- Toi aussi.

Elle ouvrit la porte, lui sautant au cou, enroulant fermement ses bras autour de lui, chuchotant qu'elle était désolée et lui racontant ce qui s'était passé avant même de le laisser franchir le pas de la porte. Elle ne pouvait pas attendre. Il fallait qu'il sache qu'elle n'était plus un danger. Que Sirius ne l'était plus non plus. Que tout était arrangé ! Qu'il pouvait revenir ... qu'il pouvait être avec eux. Avec Sirius. Que c'était grâce aux deux enfants de la prophétie. Que c'était un miracle. Qu'il devait la croire même si c'était dingue. Elle n'était pas folle. Elle n'avait pas perdu la tête. Elle s'écarta et lui tendit le bras pour prouver ce qu'elle affirmait.

- Regarde ! Elle a presque disparu ! Remus...

Le garçon semblait secoué et elle espérait que c'était de la bonne manière. Il n'avait pas prononcé un mot. D'un autre côté, elle ne lui avait pas vraiment laissé l'occasion d'en placer une. Elle ne l'avait même pas fait entrer, elle attrapa ses mains et le tira à l'intérieur, caressant le dessus de ses mains, essayant de lui transmettre cet état d'apaisement heureux qu'elle avait atteint, et espérant qu'il ne s'effaroucherait pas. Elle continua de le tirer, reculant doucement vers la chambre sans le lâcher du regard et sans qu'il ne fasse mine de résister. C'était plutôt bon signe. Elle poussa la porte de la chambre en appuyant son dos contre celle-ci.

- Qu'est-ce que tu fous Harley ? marmonna Sirius encore endormi, se redressant en se frottant doucement l'œil gauche.

Elle ne lui fit pas de remarque sur le surnom qu'il venait d'employer. De toute manière, il ne l'écoutait jamais et une part d'elle adorait ça même si elle ne l'admettrait jamais. Que ce soit le "Princesse", le "Marls" ou encore cette marque de motos moldues "Harley", c'était des preuves de son amour pour elle. Il sembla sans peine reconnaître leur invité nocturne bien que la lumière fût dans leur dos et ne lui offre donc pour seule image celle de leur deux formes noires, sombres et indistinctes.

- Moony ...

Ça faisait une éternité qu'il n'avait pas utilisé de surnom pour le garçon et Merlin seul savait qu'ils étaient nombreux : Moonycake, Moonypie, Lune de ses nuits ... et bien d'autres encore. Preuves de son amour. Marlène ne put s'empêcher de sourire. Ils s'étaient retrouvés. Elle déposa un baiser sur la joue de Remus, lui chuchotant de bien s'amuser, refermant la porte derrière elle en sortant.

Elle attrapa sa veste, lançant un dernier regard derrière elle avant de sortir. Non loin de là se trouvait un bar sorcier où elle aimait aller se détendre après une mission pour l'Ordre. Elle avait de la chance, chaque jeudi un groupe se produisait. Cette fois-ci, il s'agissait des Galway Wizards, un de ses préférés. Elle se fraya un chemin parmi les autres clients jusqu'au bar, essayant tant bien que mal d'attirer l'attention d'un barman afin de commander un verre. Ce fut un échec ... et un succès.

- Marlène ? demanda une voix familière qu'elle n'identifia néanmoins pas en raison du brouhaha et de la musique.

Elle tourna la tête et détailla du regard la personne qui l'avait interpellé. Il s'agissait d'une petite brune à la chevelure composée d'un milliard de petites anglaises, couronne frisée encadrant le visage en forme de cœur d'une magnifique jeune femme au teint délicieusement chocolaté. Dorcas Meadowes.

- Dorcas ? Depuis quand est-ce que tu bosses comme ... serveuse ? Demanda Marlène avant de se rendre compte de l'absurdité de sa question.

Bien sûr qu'elle travaillait. C'était probablement le cas de beaucoup de membres de l'Ordre. Après tout, faire partie de la résistance était semblable à du bénévolat. Ce n'était pas comme s'ils recevaient un salaire pour leur service et tout le monde n'était pas issu d'une riche famille de sang pur.

- C'est une question stupide ... ignore-moi, soupira Marlène.
- C'était stupide effectivement, répondit Dorcas en souriant plus amusé qu'agacée. Mais je ne comptais pas t'ignorer ... au contraire.

Marlène aurait juré que la jeune fille était en train de ... flirter avec elle. Ou peut-être était-ce encore une fois une supposition prétentieuse de sa part.

- Je t'offre un verre ?
- T'es pas censé me faire payer ? lui demanda la jolie blonde.
- J'ai jamais dit que je renonçais à mon pourboire.
- Va pour un verre Dorcas.
- Appelle-moi Doe.

Un surnom ? Marlène ne put retenir un petit rire. Elle espérait lui en donner bien d'autres à l'avenir.