Chapitre 32 - His loss

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CHAPITRE 32 

Remus était contrarié. Il observa ses coéquipiers, tandis qu'ils avançaient à couvert vers l'ancienne prison du Ministère. Il appréciait Alice et Frank et n'avait pas vraiment d'opinion concernant Benjy Fenwick mais ce n'était pas « ses » coéquipiers.

Une part de lui savait que James faisait ça pour calmer la situation mais le résultat était l'effet inverse. Être loin de Sirius ne calmait en aucun cas sa colère, bien au contraire. Loin de la présence toxique du garçon, il avait l'esprit plus clair. Ou tout du moins aussi clair que possible lorsque vous soupçonniez votre meilleur ami et accessoirement grand amour de votre vie d'être un traître. Il le détestait davantage encore puisqu'il était la raison pour laquelle il ne faisait pas -ou plus- parti de l'équipe.

James ne se séparerait jamais de Sirius. Ils étaient deux faces d'une même pièce. Le chef des maraudeurs refusait de croire que Sirius était le traitre. Et il refusait de croire que Remus l'était. Il refusait de se laisser faire. Pour lui, il s'agissait d'une tactique du camp adverse pour les diviser. Pourtant le résultat n'était-il pas le même en cet instant ? James l'avait changé d'équipe. Ils n'étaient plus ensemble. Ignorer le problème ou l'écarter ne le faisait pas disparaitre comme par magie.

– Remus ! siffla Alice, le plaquant contre le mur, posant sa main sur ses lèvres pour l'empêcher de faire le moindre bruit, l'obscurité les dissimulant alors que deux employés du ministère passaient près d'eux.

– Désolé... chuchota-t-il une fois qu'ils se furent suffisamment éloigné.

– Ça ne te ressemble pas d'être aussi distrait... intervint Frank prudemment, comme si son instinct lui soufflait qu'il mettait peut-être les pieds dans le plat.

– Peu importe ! s'agaça Alice. Si tu continues comme ça on va se faire prendre et tu sais qu'on ne peut pas se le permettre ! Alors oublies le reste et concentre toi sur l'objectif !

– Je suis désolé, répéta Remus.

– Sois pas si dur avec lui Alice, les peines de cœur c'est le pire, intervint Benjy.

Remus sentit le rouge lui monter aux joues. Sa relation avec Sirius avait toujours été cultivé dans le secret. Le fait que Benjy en parle aussi librement et de toute évidence, en toute connaissance de cause était impromptu et profondément déstabilisant. Mais peut-être qu'il n'était pas aussi discret que ce qu'il pensait. À Poudlard déjà, les filles s'en donnaient à cœur joie, narrant leur histoire et les mettant en scène dans des récits plus rocambolesques les uns que les autres. Leur imagination fertile s'était développée bien plus vite que la réalité qu'elles dépeignaient. Il avait toujours aimé Sirius. Mais ça n'avait pas été réciproque.

Sirius se plaisait à dire que si Remus avait été plus explicite, ils n'auraient pas perdu autant de temps mais plus le temps passait, plus il doutait de cet argument. Si toute l'école avait été capable de le voir, comment était-il possible que Sirius ait été aussi aveugle ? Tout cela était-il une mise en scène ? S'était-il mis à coucher avec lui pour endormir ses soupçons ? C'était plus crédible que la version que Sirius lui avait servie. Celle où il l'avait également toujours aimé sans jamais oser aller plus loin en raison de leur amitié.

Ça expliquerait pourquoi aujourd'hui il ne le touchait plus. À quoi bon maintenant qu'il avait été découvert ? Voilà des jours et des nuits que Sirius avait abandonné leur lit et même leur appartement. Il l'évitait. Leurs seules occasions de se croiser était le manoir des Potter, et ces fameuses occasions se faisait des plus en plus rares à cause de James. Grâce à James ? Il ne parvenait pas à décider s'il s'agissait de quelque chose de positif ou non. Toujours était-il qu'ils n'avaient plus aucune mission en commun.

Des exclamations de joie le tirèrent de ses pensées. Ils avaient finalement atteint les prisonniers. Depuis combien de temps étaient-ils là, entassés les uns sur les autres dans des cellules prévues pour de simples gardes à vue ? Alice s'activait à briser un à un les sorts de protection qui avaient été mis en place. Frank l'assistait dans sa tâche tandis que Benjy et lui faisaient passer les uniformes d'écoles de magie comme Beaux bâtons, Durmstrang, ou encore Ilvermorny au travers des barreaux. James avait mis un certain temps à pondre cette idée et aussi farfelue soit-elle, ils n'avaient rien de mieux en stock et devraient donc s'en contenter en espérant que cela fonctionne.

Le plan était simple. La plupart des prisonniers étaient des enfants ce qui rendait difficile leur évacuation puisque rien ne pouvait justifier leur présence au sein du Ministère. C'est ainsi que James était parvenu à la brillante idée de les faire passer pour des élèves visitant le Ministère. Il aurait été aisé de se fournir les uniformes de Poudlard mais bien trop d'employés y avaient des enfants scolarisés, ce qui rendait peu crédible que certains aient eu droit à la visite tandis que d'autres non. Dumbledore avait fait jouer ses relations auprès de ses collègues directeurs et ces derniers s'étaient fait un devoir de leur fournir ce dont ils avaient besoin. Soit cent quatre-vingt-quatorze uniformes capable de s'ajuster à la taille de la personne qui l'enfilait.

– J'ai besoin que vous m'écoutiez attentivement, commença Alice en s'adressant aux nés moldus. Je sais que vous n'avez qu'une chose en tête, courir loin de cet enfer mais j'ai besoin que vous gardiez votre calme. On va devoir traverser le département jusqu'aux ascenseurs et ensuite... il faudra traverser le hall principal jusqu'au cheminées. Alors on va dire qu'on va jouer à un jeu. Celui de la classe verte, de la sortie scolaire. Vous avez tous déjà visité un monument ou un musée n'est-ce pas ? Les interrogea-t-elle.

– Oui ! Lui répondit une quarantaine de voix.

– Bien. Alors c'est simple, on va vous diviser par groupe de dix et par uniforme. Vous serez en rang deux par deux. Moi et le reste des adultes nous seront des accompagnateurs, des professeurs. Je vais ouvrir les grilles... dit-elle. On garde son calme. Le seul moyen de sortir est qu'aucun de vous ne panique. Vous êtes déguisés, personne ne vous reconnaitra.

Remus ne put s'empêcher de retenir son souffle lorsqu'Alice ouvrit les grilles. Ils ne pouvaient pas être certains de la détresse psychologique et physiques des prisonniers. Ils ne pouvaient pas être certains qu'ils ne se précipiteraient pas dehors en se bousculant, appliquant la règle du chacun pour soi. Mais aucun d'eux n'esquissa le moindre geste s'apparentant de près ou loin à cela. Au contraire. Certains enfants, les plus âgés, donnèrent la main aux plus jeunes. Les adultes quant à eux, les rassuraient tandis qu'ils se mettaient en place comme le leur avait demandé Alice. Ils étaient plus unis que jamais. Cela aurait pu réchauffer le cœur de Remus si ce spectacle ne lui rappelait pas douloureusement ce qu'il avait perdu.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant