Chapitre 44 - Trust

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CHAPITRE 44

– Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que c'est une mauvaise idée ? Chuchota Lily en fixant la porte de la chambre de James.

– Tu trouves toujours que mes idées sont mauvaises, lui fit remarquer Sirius en haussant les épaules comme s'il s'était agi de la réponse la plus rassurante.

– James fait au moins semblant de trouver une justification...

– Bancale, compléta-t-il.

– Certes, répondit-elle. Mais il essaye.

– C'est pas la partie la plus désagréable du plan non plus, lui fit-il remarquer en souriant en coin. Je peux prendre ta place si tu veux. Ça me dérange pas.

– Ça aurait été agréable si je ne savais pas que tu étais derrière la porte à écouter tout ce que je dis.

– Le but c'est que vous ne parliez pas trop Lily, lui rappela-t-il d'un ton plein de sous-entendu qui lui valut une tape sur le bras.

– Me stresse pas !

– Je dirais que vu ton « état » actuel, t'es plus trop une novice en la matière.

– C'est pas drôle et on a dit qu'on n'en parlait pas ! Lâcha-t-elle en s'agitant quelque peu à la mention du sujet tabou.

– C'est toi qui a dit ça, moi j'ai dit « dis le à James ».

– Tu continues d'en parler !

Elle poussa la porte de la chambre de James, oubliant de frapper dans sa précipitation de mettre un terme à la conversation avec Sirius. Elle referma la porte derrière elle, essayant de faire abstraction de la présence du maraudeur derrière celle-ci. James semblait surpris mais heureux de la voir. Il était assis en tailleur sur le lit entouré de paperasse. Elle pouvait deviner au degré d'ébouriffage de ses cheveux qu'il planchait dessus depuis un moment.

– Remus t'a ouvert la porte ? demanda-t-il en venant à sa rencontre.

– Non. Sirius a encore la clé, l'informa-t-elle en se blottissant dans les bras qu'il tendait vers elle.

– Ça se passe bien votre cohabitation ? Demanda-t-il visiblement amusé par cette situation.

– Il est plutôt facile à vivre, admit-elle. Étonnamment.

– Je suis un peu jaloux, avoua-t-il sur un ton de plaisanterie qui peinait à dissimuler qu'il aurait aimé être à la place du garçon.

– Si tu veux que je vous laisse l'appart, il fallait le dire tout de suite, répondit-elle en souriant, faisant mine de ne pas avoir compris que c'était avec elle qu'il voulait être.

– Très drôle, râla-t-il en souriant malgré tout, se penchant pour capturer ses lèvres avec une tendresse qui la fit quelque peu culpabiliser.

Elle n'aimait pas l'idée de l'utiliser. Elle aurait préféré que Sirius le mette dans la confidence plutôt que de faire ça derrière son dos comme ça. Elle détesterait qu'on lui fasse la même chose mais elle espérait que leur victoire ferait oublier les moyens utilisés pour la décocher. Elle n'osait pas envisager l'hypothèse où ils échoueraient. Elle tenta de ne pas se laisser déconcentrer par les lèvres du garçon, ce qui se révélait être plus compliqué que prévu puisqu'il avait entrepris une longue ascension le long de son cou. Elle se laissa aller à glisser une main dans les mèches couleur chocolat du garçon, lançant un regard à la recherche de l'objet de ses désirs. Autre que James, s'entend. Elle la repéra facilement. Le garçon n'avait jamais été très ordonné et la cape d'invisibilité trônait donc fièrement et à la vue de tous sur son bureau.

Elle aurait voulu rester dans ses bras mais la pensée de Marlène l'empêchait d'apprécier quoi que ce soit. Elle ne pouvait et n'osait pas imaginer ce par quoi la jolie blonde était passée. Sirius lui avait parlé de la marque des ténèbres et de son regard vide. Peut-être était-elle sous impérium ? Marlène était d'une indépendance si farouche que l'idée qu'elle soit privée de son libre arbitre par ce sort impardonnable était d'autant plus révoltante aux yeux de Lily. Mais elle était vivante. C'était ce que se répétait Lily pour continuer d'avancer. Marlène McKinnon était vivante et elle allait la sauver. Elle se concentra sur ce désir, sur cette volonté absolue. Sirius avait misé sur sa « nouvelle » forme de magie pour ce plan. Elle espérait qu'il n'avait pas eu tort de lui faire confiance. Elle avait assimilé la théorie mais n'était pas vraiment au point pour ce qui était de la pratique.

Elle regarda la cape s'élever dans les airs pour retomber assez lourdement. James semblait n'avoir rien remarqué. Elle frissonna de plaisir en sentant ses mains effleurer son ventre et retint son souffle lorsque les doigts du garçon s'aventurèrent un peu plus bas. Merlin, elle n'y arriverait jamais. Elle ne pouvait pas aligner la moindre pensée cohérente lorsqu'il la touchait comme ça. Ce plan était définitivement une mauvaise idée. Elle tenta de nouveau de soulever la cape qui ne bougea pas d'un iota cette fois. C'était une catastrophe. Une catastrophe vraiment vraiment très agréable lui chuchota sa petite voix intérieure lorsque James mordilla sa clavicule.

Ce fut lorsqu'elle lâcha un soupire de plaisir que son cerveau lui fit une légère piqûre de rappel concernant la présence de Sirius derrière la porte. Cela eut l'effet d'une douche froide. Nul doute que cet unique soupire serait sujet aux moqueries et autres plaisanteries pendant des mois. L'esprit un peu moins embué, elle réitéra l'exercice, parvenant-en plusieurs fois-à faire planer la cape jusqu'à la porte. Elle entrouvrit celle-ci et le grincement des gonds mal huilés ne sembla pas un motif suffisant pour que James détourne son attention d'elle.

– Si toi et Sirius vouliez la cape, il suffisait de le demander tu sais, dit-il en la repoussant doucement sur le lit, passant au-dessus d'elle.

Elle se figea. Il savait ? Bien sûr qu'il savait. Elle avait toujours détesté le fait qu'il semble constamment avoir une longueur d'avance sur elle. C'était frustrant. Elle lui donna plusieurs coups sur le torse, se sentant ridicule. Elle avait joué la carte de la séduction et se sentait particulièrement stupide.

– Mais j'aime beaucoup cette manière de faire aussi, ajouta-t-il sans faire mine de s'écarter, affichant un air profondément amusé.

– Bouge Potter ! lui ordonna-t-elle, ses joues probablement écarlates à ce stade.

Il bascula sur le côté en riant, allongé sur le dos à côté d'elle, se fichant pas mal de froisser la paperasse administrative de l'Ordre, bien trop fier de l'avoir piégé. Elle se leva, arrangeant sa tenue et remettant de l'ordre dans ses cheveux.

– Tu ne me demandes pas ce que je vais faire avec ? S'enquit-elle, un peu perdue malgré tout.

– Je te fais confiance Lily.

Elle ressentit un nouvel élan de culpabilité. Malgré le fait qu'elle ait tenté de le piéger, il ne croyait pas une seule seconde que ça puisse être pour une mauvaise raison. Et ça ne l'était pas. Elle faisait ça pour sauver Marlène mais lui n'en savait rien. Elle avait une bonne raison de lui mentir cette fois... Elle ne pouvait pas en dire autant de l'autre secret. Celui qui détruirait cette confiance tout juste retrouvée entre eux.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant