Holding a Heart - Tome 2

Chapitre 42 - We may lose

CHAPITRE 42

– Donc si j'ai bien compris, tu as enfreint le règlement et mis en danger Dorcas ? S'enquit James d'une voix qui ne présageait rien de bon.

– Je vais bien... intervint la jeune fille mais elle fut réduite au silence par un regard du chef des maraudeurs qui reporta ensuite son attention sur son cousin et meilleur ami.

– C'est bien ça ?

– Oui, répondit Sirius en soutenant son regard.

Une part de Remus admira le sang-froid du garçon. Peu de personne étaient capables de supporter la colère de James. Il en était lui-même parfaitement incapable. Imaginer le décevoir était une chose inconcevable et proprement insupportable. Sirius ne semblait pas soumis à la même peur. Probablement en raison de l'amour inconditionnel qui unissait les deux garçons. Peu importe les erreurs que commettait Sirius, rien n'altérait jamais l'amour de James pour lui. C'était une situation contre laquelle Remus se battait désormais puisqu'il devait prouver à James que Sirius l'avait trahi. Malheureusement, l'amitié aveugle tout autant que l'amour, si ce n'est plus et le chef des maraudeurs refusait d'entendre raison... pour le moment.

– Il y a une procédure Sirius, soupira James en passant une main dans ses cheveux, détestant être celui chargé de remonter les bretelles de ceux qui désobéissaient.

– Ce n'était pas juste le QG de l'Ordre pour moi, lui rappela Sirius.

– Qu'est-ce que tu crois que ça m'a fait à moi ! répliqua James qui n'appréciait visiblement pas le sous-entendu.

– Ça ne t'as pas empêché de tout faire cramer, lui reprocha le ténébreux maraudeur.

– Je n'avais pas le choix ! S'ils avaient mis la main sur quoi que ce soit concernant l'Ordre, on aurait tous été en danger !

Sirius s'enferma dans un silence hostile. Il avait toujours été plus attaché aux choses matérielles que James. D'un autre côté, c'était compliqué de faire plus détaché et désintéressé que James. Remus observa l'échange sans intervenir mais voyant que James n'avait aucune intention de respecter la procédure, il se décida à s'en mêler.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ? demanda le doux maraudeur sur un ton accusateur qui braqua immédiatement Sirius.

– On a été encerclé par les mangemorts, répondit le garçon sur la défensive.

– Dorcas l'a dit ça, répondit Remus d'un ton aussi calme qu'agaçant. Ce que je veux savoir c'est ce qu'il s'est passé une fois qu'elle a été assommée. Tu as l'air plutôt en bon état pour quelqu'un qui a dû affronter une dizaine de mangemorts.

– Je ne les ai pas affrontés.

– Vous avez discuté alors ? De quoi est-ce que vous avez parlé au juste ? Comment tu expliques qu'ils t'aient laissé partir ?

– Remus, intervint James qui voyait parfaitement où il allait avec ses questions et qui refusait encore et toujours de s'engager sur ce terrain avec Sirius.

– C'est la procédure, lâcha Remus, utilisant les armes du garçon contre lui. Sirius n'est pas au-dessus du règlement de l'Ordre.

– Je n'ai pas à répondre à tes questions, rétorqua Sirius en tournant les talons.

– Sirius... réponds à la question s'il te plaît, lui ordonna James à contrecœur.

– Ils veulent la pierre que les vampires nous ont donné. J'ai dit que je préférais mourir que de la leur livrer, sans compter que c'est Dumbledore qui l'a. Ça va comme ça ? Demanda-t-il hargneusement, en voulant à James de ne pas avoir pris son parti.

– Et ils t'ont laissé partir alors que tu as explicitement refusé ? Insista Remus.

– Ils pensent que je vais changer d'avis, répondit le garçon, son regard se perdant un instant dans le vide.

Remus le fixa silencieusement. Il ne connaissait que trop bien cette expression. Un mélange de désespoir infini et de regrets incommensurables. Pourquoi le garçon pensait-il à Marlène en cet instant ? Il n'avait pourtant rien dit à son sujet. Remus n'avait jamais été jaloux de Marlène... tout du moins pas de son vivant. Aujourd'hui c'était bien différent. La jeune fille et lui avaient toujours été sur un pied d'égalité dans le cœur de Sirius... avec un léger avantage pour Remus. Aujourd'hui il perdait du terrain alors que le souvenir de la jolie blonde ne se voyait en rien menacé par les événements et autres tragédies qui se déroulaient autour d'eux. Il doutait que la relation de Marlène et Sirius n'eut pas été mise à mal si elle avait dû faire face à la certitude qu'il les avait tous trahi. Mais elle n'était plus là pour éprouver sa confiance en lui.

– Qu'est ce qui leur fait penser que tu vas changer d'avis ? demanda Remus, pas encore décidé à le laisser tranquille.

– Ils misent sur le fait que malgré tout ce que j'ai pu faire par le passé, je reste un Black aux yeux des membres de l'Ordre. Ils pensent qu'à force d'être accusé et soupçonné par les personnes qui sont censé être mes coéquipiers, je finirai par retourner ma veste.

Il mentait. Ce n'était qu'une pic qu'il lui envoyait. Il tentait de le faire culpabiliser. Remus ne se laissa pas déstabiliser. C'était une occasion inespérée d'interroger le garçon, ce dernier commettant bien rarement ce genre d'erreur. Il était plus que probable que ce fut la dernière fois qu'il disposait d'une telle opportunité.

– Pourquoi ne pas leur avoir demandé le nom du traître puisque vous avez abordé le sujet ?

– Parce que je sais déjà qui est le traître, répondit Sirius en le fixant, ne laissant aucun doute sur le fait qu'il l'accusait publiquement. J'ai besoin de me reposer. Je me suis pas encore remis du fait que t'ai essayé de me tuer.

Remus aurait dû savoir qu'il retournerait la situation contre lui. Sirius était doué pour ça. James soupira mais ne tenta pas de retenir le garçon davantage. Il lança ensuite un regard à Remus, lui signifiant silencieusement que s'en était assez. Il savait que James détestait cette situation entre eux. Il ne supportait pas de les voir se déchirer mais Remus faisait ça pour lui. Pour tous les membres de l'Ordre qui risquaient leurs vies chaque jour. Ils n'avaient pas besoin qu'un traître réduise leurs chances de survie en révélant des informations capitales au camps inverse. Aujourd'hui ils avaient perdu le manoir, demain ils perdraient la guerre s'il ne trouvait pas rapidement un moyen de démasquer Sirius.