Chapitre 45 - Ariana

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CHAPITRE 45

Lily avait toujours eu beaucoup de respect pour Albus Dumbledore. Elle lui faisait confiance et une part d'elle était toujours plus rassurée lorsqu'il se trouvait dans les parages. Il avait vaincu Grindelwald et elle était certaine d'avoir décelée une lueur de peur dans le regard de Voldemort lorsque les deux sorciers s'étaient affrontés chez les Malfoy. S'infiltrer dans la maison du directeur de Poudlard lui semblait donc être un blasphème et une trahison qu'elle peinait à justifier auprès de sa conscience.

– Sirius... pourquoi est-ce qu'on ne lui demande pas juste ?

– Parce qu'il refusera, répondit le garçon en préparant leur sac pour leur expédition clandestine.

– Comment tu peux en être si sûr ? Il nous a toujours aidé, argumenta-t-elle.

– Seulement si ça ne contrecarre pas ses intérêts, répondit le garçon sur un ton sombre, bien éloigné de son entrain habituel.

– Qu'est ce qui te fais dire ça ? Demanda-t-elle un peu intriguée par les raisons qui justifiaient la méfiance de Sirius envers le vieux sorcier.

– Walburga était bien des choses mais ce dont je suis sûr c'est qu'elle ne pouvait pas être une menteuse pour peu qu'elle ait un certain taux d'alcool dans le sang. Elle... racontait des choses peu reluisantes sur Dumbledore.

Lily n'était pas certaine de vouloir savoir. Elle ne voulait pas briser l'image qu'elle avait du mage. Pour elle, il était admirable et profondément bon. Il avait fondé l'Ordre et œuvrait pour faire tomber Voldemort. Peu importe ce qu'il avait pu faire par le passé, aujourd'hui il faisait ce qui était juste. C'était tout ce qui importait. N'est-ce pas ?

– Je doute que cette pierre ait plus de valeur que la vie de Marlène ou de qui que ce soit.

– Tu ne sais pas ce que c'est, répondit-il, son expression s'assombrissant un peu plus.

– Mais toi oui...

– Je ne suis pas certain. C'est juste une légende populaire. Un mythe sans aucun fondement.

– T'as l'air d'y croire pourtant, lui fis-elle remarquée de plus en plus inquiète. Je veux savoir Sirius.

– C'est le conte des trois frères, dit-il, s'apprêtant à s'arrêter là avant de voir qu'elle paraissait toujours aussi perdue. C'est un conte sorcier hyper connu ! En gros y'a trois connards qui rencontrent la Mort et ils lui demandent chacun quelques choses. Le premier lui demande une baguette qui serait la plus puissante de toute. On l'appelle la baguette de sureau.

– Quel rapport avec Dumbledore ?

– Il a fondé un petit club secret avec Grindelwald pour chercher les objets du conte et surtout la baguette.

Lily ne pouvait pas croire un truc pareil. Elle voyait mal le vieux mage se lancer dans une quête de pouvoir au côté de l'un des sorciers les plus malfaisants de l'histoire. Elle ne lui connaissait pas ce genre d'ambition, au contraire, on disait qu'il refusait le poste de ministre de la magie depuis des années.

– On commet tous des erreurs. Les gens changent Sirius. En bien parfois. On ne devrait pas le juger sur des rumeurs. Et quand bien même seraient-elles fondées... aujourd'hui il est du bon côté. Il fait ce qui est juste.

– Peut-être... admit-il à contre cœur. Mais je ne peux pas risquer le sauvetage de Marley. Tu vois toujours le meilleur chez tout le monde chez Lily. C'est une qualité mais aussi un défaut.

– Comme tu veux, soupira-t-elle, ayant fait de son mieux pour le faire changer d'avis et ne disposant pas de plus de temps pour tenter d'y parvenir.

– Prête ? Lui demanda-t-il en lui tendant la main.

– Toujours, répondit-elle sur un ton aussi déterminé que celui du garçon, prenant sa main sans hésiter.

Elle fut surprise lorsqu'il les fit transplaner au beau milieu de ce qui semblait être la place principale-et donc potentiellement la plus fréquentée-du village. Elle se rappela néanmoins que Godric's Hollow était un village sorcier à l'image de Pré-au-Lard. Ça ne rendait pas l'expérience moins fascinante. Ici, pas besoin de se cacher. La magie pouvait être pratiquée sans crainte d'être découvert par les moldus. Lily n'avait jamais vraiment réfléchi à sa place parmi les sorciers. Avec la montée en puissance de Voldemort, elle avait eu l'impression de ne pas avoir d'avenir dans le monde magique. Aujourd'hui elle se prenait à espérer que lorsque tout serait fini... son enfant pourrait grandir dans une ville comme celle-ci. Elle voulait qu'il soit entouré de magie. Elle voulait qu'il n'ait jamais à se cacher. Qu'il n'ait jamais honte de ce qu'il était.

Elle suivit Sirius, ne pouvant s'empêcher d'observer les alentours. Elle s'attarda devant une maison qui était à vendre. Lily la trouva parfaite. Elle sentait qu'elle était faite pour elle... pour eux. Sirius l'interpella et elle pressa le pas pour le rattraper, abandonnant le chaleureux cottage derrière elle.

– C'est ici ? Demanda-t-elle en fixant une maison un peu moins chaleureuse mais parfaitement entretenue.

– Oui. Vas-y, frappe, dit-il en enfilant la cape, disparaissant sous celle-ci.

Lily s'exécuta. Le plan était d'une simplicité presque enfantine. Elle était chargée de distraire Dumbledore mais aussi de le convaincre de lui montrer la « pierre ». Sirius verrait ainsi où le vieux mage la gardait et pourrait s'en emparer. Le sorcier ne sembla pas surpris de la voir. Bien au contraire. Trois tasses de thé fumantes trônaient sur la table du salon, ainsi que des petits biscuits qui sortaient visiblement tout juste du four.

– Vous attendiez quelqu'un ? Je peux repasser à un autre moment.

– Nous sommes au complet si je ne m'abuse, répondit Dumbledore en l'invitant à s'assoir d'un geste de la main. Combien de sucres ?

– Aucun, juste un peu de lait, s'il vous plait, répondit-elle poliment.

Elle le regarda la servir et ajouter deux sucres dans sa tasse. Les choses devinrent bizarres lorsqu'il se chargea de la troisième tasse, y déposant trois sucres et une goutte de lait... C'était exactement ce que prenait Sirius habituellement. Il savait. C'était certain. Décidément, que ce soit James ou Dumbledore, ils semblaient toujours avoir une longueur d'avance sur tout le monde.

– Professeur... commença-t-elle avant d'être interrompu par le sorcier qui ouvrit un coffret dans lequel était posé la pierre.

– Avant tout, il faut que vous sachiez que la pierre est un faux. Une tentative de Grindelwald de créer une copie de l'originale. Vous ne disposerez que de de peu de temps avant qu'il ne s'en rende compte.

– Je ne comprends pas...

– Vous-savez-qui veut la baguette de Sureau. Il se fiche du reste. La pierre ne lui servirait que de preuve. Ça le conforterait dans l'idée que la baguette existe bel et bien et que sa quête n'est pas vaine.

– Comment est-ce que vous savez que celle-ci est fausse ?

– Parce que j'étais là lorsque Grindelwald a fabriqué ce prototype.

– Alors c'est vrai...

– J'espère très chère miss Evans, que cela n'altère en rien votre estime pour moi, répondit le vieil homme en lui souriant tristement.

– Nullement, répondit la jeune fille qui, bien qu'ébranlée par la confirmation des accusations de Sirius, conservait un grand respect et la même admiration pour le sorcier qui se tenait devant elle.

– Bien. Monsieur Black, elle est à vous.

Lily hésitait entre mourir de honte ou rire. Elle épargna à Sirius le contact de l'objet imprégné de magie noir en s'emparant elle-même du coffret contenant la pierre. Elle remercia Dumbledore et alors qu'elle s'apprêtait à sortir, il l'arrêta.

– Soyez prudente miss Evans... vous n'êtes plus toute seule maintenant, ajouta-t-il en lui lançant un regard appuyé ne laissant aucun doute sur le fait qu'il était au courant pour sa grossesse accidentelle.

– Je ferais attention professeur, promit-elle en se retenant de poser sa main sur son ventre, concentrant son attention sur le portrait d'une jeune fille au trait étrangement familier qui la salua d'un timide geste de la main.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant