Holding a Heart - Tome 2

Chapitre 51 - Second chance

CHAPITRE 51

Marlène peinait à s'ajuster à sa nouvelle réalité. Ce n'était pas la première fois, elle commençait à devenir une spécialiste mais ça ne rendait pas l'exercice plus aisé. La première fois qu'elle avait ouvert les yeux après l'attaque, elle s'était retrouvée dans une sorte de dimension parallèle de vide. Elle avait cru être morte et que cette impression de flotter dans le néant serait cette éternité à laquelle elle n'avait jamais vraiment cru. Elle n'avait pas eu faim, ni froid. Elle n'avait rien ressenti du tout à vrai dire. Ni peur, ni anxiété, ni solitude. C'était un endroit où le temps ne passait pas. Puis elle s'était senti happée. Elle avait été projetée au milieu d'une assemblée de vampires et ses meilleurs amis s'apprêtaient à servir de dessert. Personne ne semblait capable de la voir, si ce n'est Sirius qui tenait une sorte de pierre dans la main. Elle avait réussi à le convaincre de ne pas abandonner. Elle lui avait menti, lui promettant qu'ils se reverraient un jour. Il n'y avait rien ni personne là où elle était.

La seconde fois qu'elle avait été tiré de cette presque-torpeur, ça avait été bien moins agréable. Le visage d'ange de Sirius ne fut pas le premier qu'elle vit... ni le suivant d'ailleurs. Et c'était bien différent de la première fois. Lorsqu'elle s'était retrouvée dans le repère des vampires, elle avait eu l'impression de ne pas être complètement présente dans le monde des vivants. Quelque chose la rattachait toujours au néant. Cette fois ci, elle avait senti quelque chose se rompre. Sans compter le retour de ses émotions et d'un tourbillon de sensations qu'elle avait cru ne plus jamais ressentir.

Elle était vivante. Elle aurait pu se réjouir mais le visage familier de son ex fiancé l'empêcha de pleinement apprécier ce retour à la vie. Les jours qui avaient suivi avaient été éprouvants tant physiquement que psychologiquement. Après n'avoir rien ressenti pendant un temps infini, le plus infime sentiment la bouleversait. Les mangemorts se fichaient pas mal de ça. Ils l'avaient torturé. Nul besoin de préciser que le moindre contact-même un simple effleurement-lui semblait insurmontable après ne pas avoir été touché pendant aussi longtemps. La douleur avait donc été décuplée... Elle aurait tout donné pour mourir de nouveau et ne rien ressentir.

La pire nuit avait été celle où elle avait été marqué. Une part d'elle avait espéré fuir et retrouver sa famille et ses amis. La marque des ténèbres n'était pas un simple tatouage. C'est un lien indélébile au Maître des Ténèbres. Elle était désormais sa propriété. S'il l'appelait, elle devrait répondre ou souffrir. Il saurait toujours où elle est et si elle tentait de lui cacher, elle souffrirait. Et bien qu'il ne puisse connaitre le détail de ses pensées, la moindre idée négative à son sujet conduirait inévitablement à une souffrance infligée au travers de la marque. Elle ne vivait plus que dans la perpétuelle angoisse de voir le serpent s'enrouler autour de son poignet pour la punir.

Elle tentait de se changer les idées mais c'était plutôt compliqué de s'occuper par les temps qui courraient. Elle était tenue à l'écart des affaires de l'Ordre pour des raisons évidentes et devait se contenter d'errer dans l'appartement de Lily en attendant que celle-ci rentre de mission. Elle avait cette situation en horreur. Elle se sentait complètement dépendante des autres. Le pire étant que c'était effectivement le cas. Sans compter qu'elle dépérissait. La magie noire la rongeait de l'intérieur. Elle ne savait pas combien de temps elle tiendrait. Combien de temps avant qu'elle ne retourne volontairement aux côtés de son bourreau ?

– Marlène ? l'interpella Remus en s'installant à ses cotés sur le canapé du salon de Lily. Ça ne va pas ?

– Je te retourne la question, répliqua-t-elle en jaugeant le garçon, reconnaissante du fait qu'il s'inquiète mais ne pouvant répondre que par l'attaque puisqu'il s'agissait de la meilleure défense.

– Comment ça ? l'interrogea-t-il en détournant le regard, sachant de toutes évidences pertinemment de quoi elle parlait.

– Tu n'as jamais été très doué pour mentir Remus. Aucun de vous n'est doué pour ça. Je me demande comment vous faisiez pour ne pas passer tout votre temps en retenue.

– On ne se faisait pas attraper, répondit le garçon en souriant tristement, les accusations qui pesaient sur Sirius l'empêchant de se remémorer leur passé commun sans que cela n'aille de pair avec un certain ressentiment.

– Comment est-ce que tu peux penser que Sirius est le coupable ? demanda-t-elle véritablement perdue.

Remus avait toujours été trop indulgent avec Sirius. Il encourageait même ses plus mauvais penchants. C'était involontaire bien sûr, mais pourtant vrai et cela avait bien souvent eu des conséquences désastreuses. Il était incapable de lui refuser quoi que ce soit. Il n'était pas objectif et cédait à toutes les exigences du séduisant gryffondor. Elle ne pouvait le blâmer pour ça. Sirius était doué pour faire en sorte que les gens fassent ce qu'il désir et il lui était arrivé de tomber dans le panneau aussi mais cette fois, il ne s'agissait pas d'une farce sans conséquences ou d'un caprice. Il s'agissait de trahison. À l'encontre de James.

– Je ne sais pas... répondit Remus après un long silence qui en disait long sur sa volonté d'abandonner ses soupçons et de simplement retrouver Sirius.

– Il aime James plus que tout au monde. Plus que toi et moi. Il ne ferait pas ça.

– Tu le crois alors ? demanda Remus. Tu penses que je suis le coupable ?

– Pourquoi faudrait-il qu'il y ai un coupable.

– Narcissa a dit que le coupable était l'un de nous.

– S'il arrivait quoi que ce soit à James. Sirius en mourrait. Et tu l'aime plus que tout au monde. Tu ne ferais pas ça.

– Si James n'est pas le coupable. Que Sirius ne l'est pas non plus.

– Que tu ne l'es pas...

– Alors...

– Peter, chuchota-t-elle en lançant un regard vers le petit rat.

Elle ne savait pas combien de temps il lui restait avant de simplement basculer dans les ténèbres mais elle disposait d'une seconde chance. Elle protégerait ceux qu'elle aimait... même si ça devait être la dernière chose qu'elle ferait.