Chapitre 84 - The double agent

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CHAPITRE 84

Severus grimpa les escaliers en colimaçon en s'assurant de rester loin des fenêtres d'où perçaient à peine les rayons du clair de lune. Il ne comprenait pas ce choix de lieu plus qu'impromptu et bien peu adapté à la situation. D'un autre côté, il n'avait jamais bien compris Dumbledore et il n'y avait pas de raison qu'aujourd'hui fasse exception. Le garçon termina donc son ascension de la tour d'astronomie, s'arrêtant pour observer la silhouette du sorcier qui semblait perdu dans ses pensées. Severus aurait juré qu'il l'avait entendu parler à quelqu'un mais il n'y avait personne d'autre qu'eux.

– Severus, joignez-vous à moi...

Il se retint de lui servir une réponse sarcastique à souhait du genre : qu'il n'avait pas le choix ou encore qu'il s'était déjà joint à lui plus qu'il ne le devrait. Il partageait les idéaux de Voldemort. Il était d'accord avec l'idée de suprématie des sorciers. Il n'était pas forcément partisan d'exclure de l'équation les sangs de bourbe. Pour lui, les ennemis étaient les moldus. Ces êtres inférieurs... faibles et répugnants. Il chassa le souvenir de son père de son esprit mais ne bougea pas d'un centimètre pour autant. Le vieux mage sembla se rendre compte de cela et se tourna vers lui sans pour autant s'offusquer de son refus tacite.

– Pourquoi m'avoir fait demander ? Je vous ai déjà tout dit !

Dumbledore l'avait usé jusqu'à la moelle en se servant de sa culpabilité pour lui soutirer toutes les informations dont il disposait. Lorsqu'il s'était précipité pour le mettre en garde, le sorcier avait semblé très intéressé par sa relation avec le Maître des ténèbres. Le fait que ce dernier lui ait confié son véritable statut de sang n'avait effectivement été qu'un début. De lui-même, le jeune mangemort n'aurait pas poussé plus loin l'inquisition mais Dumbledore avait exigé qu'il exploite ce filon.

C'était ainsi que petit à petit, le mage noir s'était épanché sur son histoire. Il lui avait parlé de l'orphelinat. De ce qu'il avait fait aux autres orphelins dans cette grotte. Il lui avait avoué sans scrupules le meurtre de la branche moldue de sa famille. Il lui avait parlé de la Chambre des Secrets. Il s'était vanté d'avoir fait accuser Hagrid et sa stupide acromantule. Il lui avait parlé du Basilic de Salazar Serpentard. Il lui avait parlé de son poste de commercial chez Barjow et Beurk et de cette cliente, Hepzibah Smith, descendante d'Helga Poufsouffle, qui avait été assassinée par son elfe de maison. Il semblait vouer une véritable fascination pour les fondateurs de Poudlard. Severus ne coopérait pas de gaieté de cœur mais le mage avait assuré qu'il protégerait Lily et c'est tout ce dont avait besoin le garçon.

– J'ai besoin de vous pour une dernière chose, lui expliqua Dumbledore toussant assez violemment et se saisissant rapidement d'un mouchoir pour essuyer -de sa main qui semblait carbonisée– le sang qu'il avait recraché.

– Qu'est-ce que... demanda le garçon en avançant d'un pas vers le sorcier avant d'être arrêté dans son élan par celui-ci.

– Je vous avoue, mon cher Severus, que je n'ai malheureusement pas assez de temps pour vous raconter mes aventures. Dans mon impatience, je me suis montré stupide. J'en paye le prix aujourd'hui.

– De quoi vous parlez ! s'écria le garçon. Vous avez besoin de soins ! Madame Pom...

– Le sort s'est propagé, lui expliqua le sorcier avec une indifférence terrifiante. Notre bien-aimée infirmière, aussi talentueuse soit-elle, ne peut rien pour moi.

Comment pouvait-il parler de sa propre mort de manière aussi détachée ? Severus ressenti une fureur incommensurable à l'idée que Dumbledore baisse les bras à l'instant où il avait le plus besoin de lui. Il avait promis de tout faire pour qu'aucun mal ne soit fait à Lily. Comment pourrait-il tenir sa promesse s'il n'était plus là ! La seule personne que craignait Voldemort était Dumbledore. Il était la seule personne capable de le vaincre. De s'interposer lorsque le mage noir viendrait accomplir son sombre dessein et tuer le fils de Potter.

– Vous ne pouvez pas mourir ! Vous avez promis que...

– Je n'oublie pas notre petit arrangement. C'est d'ailleurs la raison de votre présence ici.

– Je vous ai déjà tout dit ! s'emporta le garçon qui ne voyait même pas comment ces informations pouvaient aider en quoi que ce soit à vaincre le Maître des Ténèbres.

– Je ne peux pas nier que votre contribution ait été des plus utiles malheureusement je suis trop faible pour accomplir cette dernière tâche. Je vais donc abuser de vous un peu plus si ça ne vous dérange pas.

Une fois de plus Severus retint de justesse une remarque sarcastique. Dumbledore exacerbait sans nul doute son cynisme déjà naturellement développé. Il parvint néanmoins à tenir sa langue et regarda le sorcier retirer de son doigt une bague pour la lui tendre. Le garçon ne comprenait pas ce que lui voulait le vieux sorcier. L'épouser ? Est-ce qu'il avait perdu la tête ? À bien y réfléchir, il n'avait jamais été très sain d'esprit.

– Ceci est la bague de Gaunt. Et la pierre de résurrection. Et un horcruxe.

Severus savait plus ou moins ce qu'était la bague de Gaunt. Le Maître des Ténèbres lui avait parlé de sa famille maternelle. Sans aucune honte. Avec fierté. Les Gaunt étaient les descendants de Salazar Serpentard. Sa mère Merope était une traître à son sang mais même les Black possédaient dans leurs rangs quelques "erreurs de parcours" comme Andromeda ou encore cet imbécile de Sirius. La bague devait appartenir au fondateur... Pourtant Severus aurait juré que l'objet du fondateur de Serpentard était un médaillon et non une bague. Pour ce qui était de la pierre de résurrection, ça devait être une pierre qui... ressuscite les morts. Pour une fois, son cynisme était dirigé contre sa propre personne. Il du se retenir de s'applaudir ironiquement. Quel génie ! Une pierre de résurrection est une pierre qui ressuscite les morts. Tu parles d'une évidence. Pour ce qui était de l'horcruxe... il n'avait jamais, ne serait-ce qu'entendu ce mot auparavant et il doutait que ce fût quelque chose d'agréable.

– Je suis censé en faire quoi ?

– Le détruire. Il y en a théoriquement sept autres.

– Des bagues de Gaunt qui sont des pierres de résurrection qui sont des horcruxes ? demanda-t-il ne pouvant pas retenir davantage l'insolence qui n'avait de cesse de poindre en lui lorsqu'il se retrouvait en présence du sorcier.

– Il n'y a qu'une seule bague de Gaunt. Une seule pierre de résurrection. Et sept horcruxes. Je ne peux pas vous en dire davantage... les autres sont au courant. Ils vous expliqueront. Ils ne vont pas tarder. Vous leur direz au revoir de ma part ?

Il aurait voulu lui dire d'aller se faire voir. Qu'il n'avait pas que ça à faire. Et de qui diable parlait-il ? Qui était ces fameux autres qui n'allaient pas tarder ? Il n'eut le temps de prononcer aucune des phrases précédentes. Le sorcier venait de basculer en arrière. Il s'était laissé tomber de la Tour d'astronomie. Albus Dumbledore était mort.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant