Chapitre 63 - Not Heroes

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CHAPITRE 63

Marlène aimait l'appartement de Lily. L'adjectif chaleureux s'appliquait à merveille pour le décrire. Elle s'y sentait comme dans un cocon, protégée des intempéries de la capitale londonienne. Pourtant, la mélancolie ne semblait avoir de cesse de tourmenter son âme. Elle s'était installée au milieu des oreillers et autres plaids que Lily avait habilement placé sur le rebord de la fenêtre pour former une sorte de canapé improvisé. Quelques rayons de soleil avaient même réussi à se frayer un chemin au travers des nuages pour venir glisser sur sa peau dont la blancheur n'était ternie que par la marque des ténèbres. Elle ne pouvait détacher son regard du serpent qui s'enroulait avec une douceur dangereuse autour de son poignet. Comme il serait facile de céder... de s'abandonner aux ténèbres. Elle chassa cette idée en tirant la manche de son pull. Elle devait regagner la lumière si elle voulait le retrouver. Le destin ne semblait pas manquer d'imagination lorsqu'il s'agissait de la torturer. Elle avait parfois l'impression de n'être qu'un pantin livré à un marionnettiste de l'ombre.

Ou peut-être était-elle simplement une héroïne de roman à l'eau de rose. Une part d'elle espérait que ce soit cette dernière option qui fut la bonne, car après tout, la littérature sentimentale finit toujours bien... Elle ne put s'empêcher de sourire. Elle n'était définitivement pas l'héroïne de cette histoire. Qui voudrait suivre les aventures d'une peste sans cœur ? Sans compter que Sirius était tout sauf le garçon idéal. Il n'y avait aucune espèce de chance qu'il change et passe de Don Juan à Roméo. Elle n'avait d'ailleurs aucune envie qu'il change. Elle aimait le fait qu'il soit aussi farouchement indépendant qu'elle sans pour autant renoncer à l'idée d'un amour inconditionnel. Elle était satisfaite de posséder ce qu'il lui offrait mais elle n'était pas prête à céder ce qu'elle avait acquis. Pas après avoir tout perdu.

Elle voulait qu'il soit là quand elle s'endormait le soir même s'il disparaissait au matin. Elle voulait qu'il la kidnappe pour un rendez-vous improvisé dans un parc. Elle voulait manger des glaces avec lui en hiver. Entrer dans le premier restaurant sur leur chemin pour se laisser surprendre. Elle voulait qu'il la couvre de cadeaux bien trop onéreux afin de dilapider plus rapidement la fortune colossale qu'il avait hérité de son oncle. Elle voulait voir s'illuminer de désir ses pupilles aciers lorsqu'elle restait un peu trop longtemps dans la même pièce que lui sans qu'il ne puisse la toucher. Elle voulait qu'il lui déclare son amour sans un mot bien que ses lèvres en soit la source.

Aujourd'hui, elle en était de nouveau privé et c'était une situation qui lui semblait insupportable. Elle n'aurait jamais admis une chose pareille par le passé. Elle se souvenait l'avoir choisi pour ne pas s'attacher. Pour que leur séparation inévitable lui soit tolérable. Comment en était-elle arrivée à trouver son absence insurmontable ? Elle aurait aimé mettre ça sur le compte de la solitude puisque Lily ne partageait plus l'appartement avec elle depuis qu'elle s'était installée avec James. Pourtant ce n'était pas Lily qui lui manquait. C'était héritier des Black qu'elle voulait voir. C'était lui qu'elle voulait sentir. Sa chaleur, ses caresses. Elle voulait entendre le son de sa voix, Elle voulait que le timbre si particulier de son rire retentisse et vienne briser ce silence qui l'entourait depuis leur séparation.

Elle ne parvenait pas à être raisonnable. Elle aurait dû se dire que c'était une nécessité. Pour sa propre sécurité mais également pour celle de Sirius. Si par malheur les digues mise en place par les runes cédaient, l'afflux de magie noire noierait le garçon. Il n'aurait alors plus rien du loyale Gryffondor qu'elle avait connu. Il deviendrait une sorte de Bellatrix. Une petite voix lui chuchota qu'il serait bien pire que cette dernière. James et Lily plaçaient la barre très haute quand il s'agissait de puissance de frappe mais Sirius était bien loin d'être en reste. Elle était même presque certaine qu'il pourrait égaler sans peine James pour peu qu'il décide d'utiliser sa magie ascendante. Lily le mettrait tout de même au tapis.

Cette pensée lui tira un sourire qui disparut lorsque le tintement de la sonnette retentit. Elle n'attendait pourtant personne. Elle abandonna son perchoir pour aller ouvrir et vérifia par la lunette l'identité de l'intrus. Elle failli ouvrir sans attendre mais la raison lui revint à temps. Elle devait poser la question pour vérifier si c'était bien lui. Merlin elle voulait que ce soit lui.

– T'es pas censé être là Sirius... lui rappela-t-elle en posant sa main contre la porte qui les séparaient bien difficilement.

– Je fais ce que je veux, répondit-il sur un ton à la fois capricieux et joueur.

– C'est dangereux, soupira-t-elle sans pouvoir retenir un sourire à la réponse du garçon.

– Comme tout ce que je fais. Pose la question.

– La dernière chose que je t'ai dite sur ton père ?

– Qu'il était fumé comme un saumon. La dernière chose que je t'ai dite sur ta mère ?

– Qu'elle avait de belles années devant elle parce que les mauvaises herbes c'est tenace.

Elle hésita une seconde à ouvrir la porte. Il était encore temps de lui dire de partir. De les sauver tous les deux de ce qui allait suivre. Sa volonté disparu comme neige au soleil en l'entendant prononcer son prénom avec le même manque presque désespéré qu'elle. Elle déverrouilla la porte sans pour autant ouvrir. Reculant de quelques pas avec appréhension, elle regarda la poignée tourner lentement et la porte s'entrouvrir pour laisser apparaitre l'adonis. Elle se contenta de piétiner sur place, le laissant la capturer sans pour autant se rendre trop facilement. Elle le vit s'arrêter à mi-chemin sous le coup de la douleur. Son inquiétude fut de courte durée, le sourire taquin du garçon rapidement de retour. Il avait toujours eu un rapport à la douleur assez particulier. Peut-être qu'il n'était pas obligé de laisser sa magie affluer pour être avec elle. Peut-être qu'il pouvait simplement supporter la douleur. L'aimer.

Il effleura sa main du bout des doigts grimaçant de nouveau sans pour autant se départir de son sourire. Ses lèvres effleurèrent les siennes et elle sentit les tremblements qui parcouraient son corps. Elle ne s'en soucia pas, la seule chose qui importait était d'être enfin dans ses bras. Elle enroula gracieusement ses jambes autour de sa taille, se laissant porter jusqu'à la chambre à coucher pour consommer douloureusement leur amour contrarié.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant