Chapitre 26 - To Love and To Hate

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CHAPITRE 26 

Il avança vers elle et elle recula presque imperceptiblement. Il sembla néanmoins le remarquer, s'arrêtant dans l'embrasure de la porte sans esquisser le moindre geste, ses iris mordorées fixées sur elle. Elle ne lui connaissait pas ce regard. Mélange d'incertitude et de culpabilité. La situation était hors de contrôle. Elle devait lui demander ce que cela signifiait, pour eux, maintenant et pour l'avenir mais ses lèvres demeurèrent hermétiquement closes.

Elle s'était souvent demandée pourquoi le choixpeau l'avait envoyée à Gryffondor. Elle ne se sentait pas particulièrement courageuse. N'était-elle pas en cet instant même d'une lâcheté sans précédent ? Terrifiée par la douleur qu'il pouvait infliger à son cœur. Tétanisée face à un futur qu'elle avait elle-même compromis.

Il lâcha un rire sans joie, passant une main dans ses cheveux d'un beau brun. Elle reconnut le geste qu'elle avait autrefois assimilé à tort à de l'arrogance. Elle avait longtemps pensé qu'il faisait cela pour les décoiffer davantage qu'ils ne l'étaient déjà dans le seul but de rappeler à tous ses exploits de Quidditch en se donnant l'air de descendre de son balai après une virée mouvementée. C'était bien évidement une explication tirée par les cheveux. Il était tout simplement nerveux. Ce geste signifiait qu'il était mal à l'aise. Elle avait appris à aimer le voir faire. C'était comme si elle était la seule à voir cette fissure dans sa légendaire assurance. Elle décida cependant de l'ignorer en cet instant, remettant en doute tout ce qu'elle avait cru certain. Elle ne le connaissait pas. Elle ne savait rien de ce James qui la détestait.

– Ça t'amuses ? attaqua-t-elle aussi agressive et sur la défensive qu'autrefois, lorsqu'ils étaient encore des inconnus que les circonstances avaient fait se côtoyer.

– T'es pas sérieuse, répliqua-t-il en haussant un sourcil, sa condescendance était subtile mais parfaitement perceptible pour qui voulait la voir et Merlin elle voulait la voir.

– Tu l'es toi ? enchaina-t-elle, sa langue se déliant peu à peu en se retrouvant sur ce terrain connu qu'ils avaient arpentés tout deux tant de fois.

– Pas assez à ton goût de toute évidence, lâcha-t-il aussi à l'aise qu'elle dans cette discipline.

– Tu ne saurais pas ce que ça signifie même si tu trébuchais sur la définition, asséna-t-elle assez fière de ne pas avoir perdu la main.

– Désolé, répondit-il feignant un air contrit avant de poursuivre. En général j'évite les dictionnaires pendant mon temps libre.

– Oh je pense qu'on peut dire avec certitude que tu es doué pour éviter les choses n'est-ce pas ? Demanda-t-elle sans tenter de dissimuler le sarcasme ou le fait qu'il s'agisse d'une question purement rhétorique.

– Qu'est-ce que j'étais censé faire au juste hein ? s'insurgea-t-il. Éclaire-moi de ta sagesse infinie Evans, je t'écoute !

– Ne pas me faire une déclaration d'amour pour ensuite m'annoncer... ça !

– J'ai cru que je t'avais perdu ! protesta-t-il. Le reste n'avait plus d'importance !

– Et maintenant ça en a, conclut-elle pour elle-même.

– Ça ne rends pas ce que je t'ai dit à l'hôpital moins vrai, plaida-t-il passant une fois de plus sa main dans ses cheveux.

– Arrête de faire ça ! lui cria-t-elle. Je déteste quand tu fais ça !

– Les filles adorent que je fasse ça, répliqua-t-il dans une volonté de la faire sortir de ses gongs basculant dans ses vieux penchants de suffisance parsemée d'arrogance.

– Je suis sûre qu'Hestia sera ravie de te regarder faire, lui dit-elle sans tenter de cacher sa jalousie et désignant la porte en une invitation explicite à foutre le camp de chez elle.

C'est alors qu'elle remarqua qu'il s'était rapproché. Tout au long de leur échange. Petit pas par petit pas, mots après mots, il avait réduit la distance entre eux. Il n'était plus debout dans l'embrasure de la porte. Il était face à elle. À portée de main. Elle retint son souffle, et sa propre main qui menaçait de glisser dans ses cheveux éternellement en bataille. Elle ne pouvait ignorer l'étincelle de désir qu'elle lisait dans son regard. Il avait toujours adoré la pousser à bout affirmant que ses yeux n'étaient jamais plus beaux que lorsqu'elle était en colère. Comment pouvait-elle le haïr en retour ? C'était impossible. Il avait brisé ses défenses une à une et sans relâche jusqu'à arriver comme en cet instant, au plus près d'elle et de son cœur qu'elle lui avait finalement offert. Elle devait le lui reprendre. Avant qu'il ne le malmène tant et si bien qu'elle n'en aurait plus l'utilité.

– Je t'ai dit de sortir.

– Tu n'as pas dit ça, lui fit-il remarquer à juste titre.

– Je te le dis maintenant ! s'agaça-t-elle.

– J'ai jamais été doué pour t'obéir.

Elle l'attrapa par le col, l'obligeant à se baisser de manière à avoir son visage à hauteur du sien. C'était une mauvaise idée. Elle avait fait ce geste à de nombreuses reprises lorsqu'ils étaient encore à Poudlard mais aujourd'hui elle ne parvint pas à ne pas laisser son regard s'attarder un peu trop longtemps sur les lèvres du garçon qui s'étirèrent d'un sourire narquois en remarquant sa distraction momentanée. C'était plus difficile de résister à la tentation après y avoir goûté. Il en allait de même pour ses sentiments à son égard. Elle avait réussi à prétendre le détester, mais elle n'en était plus capable aujourd'hui. Pas après l'avoir aimé.

– Embrasse-moi, chuchota-t-elle.

Elle frissonna en le sentant glisser ses mains autour de sa taille, et l'approcher d'un geste sec contre lui. Elle n'avait pas ressenti cette tension entre eux depuis son retour. C'était grisant et terrifiant. Elle agrippa plus fort son col, ne fermant les yeux qu'une fois que les lèvres du garçon se furent saisies des siennes. Elle se pressa sans la moindre retenue contre lui, allant jusqu'à enrouler ses bras autour de son cou et ses jambes autour de sa taille tandis qu'il la hissait dans ses bras avec aisance. Elle ne protesta pas lorsqu'elle sentit ses mains s'aventurer bien plus bas que sa taille, se contentant de mordre sa lèvre en une punition silencieuse qui n'en était finalement pas une puisqu'elle le sentit se tendre de désir. Elle poussa un gémissement de surprise lorsqu'il la plaqua contre le mur, mais celui-ci fut étouffé par ses baisers de plus en plus pressants.

Elle se rendit alors compte qu'il en avait toujours était ainsi. Ils avaient toujours jonglé entre amour et haine. Ce qui clochait, le problème sur lequel elle ne parvenait pas à mettre le doigt n'était pas ce qu'elle croyait. Ce qui n'allait pas c'était qu'ils jouaient un rôle. Elle avait évité le conflit et lui aussi. Ça ne leur ressemblait pas. Ils n'étaient pas faits pour s'entendre. Ils étaient faits pour ça. Pour des disputes enflammées et une réconciliation tout aussi embrasée. C'était ainsi qu'ils s'aimaient. Dans la haine. Elle recula son visage un instant pour reprendre son souffle et lancer une ultime provocation.

– Tu vois. Tu es doué pour m'obéir.

Holding a Heart - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant