CHAPITRE 12
Lorsque la vampire que les autres semblaient considérer comme leur reine avait déposé la pierre dans le creux de ses mains, Sirius s'était aussitôt fait happer par celle-ci. Celle à qui la reine s'était adressée, Alana ou peu importe son nom, cette fille avait raison. La magie noire avait été une compagne fidèle durant bien des années. La fidélité était bien la seule qualité qu'il put lui trouver. Elle était cruelle, elle était dure, elle était violente, elle était vile, elle était tout ce que ce monde a de plus sombre, elle souillait sans remords, détruisait sans compassion, ne s'arrêtant que lorsqu'il ne restait plus que la mort ou que son dessein avait été enfin accompli. Seul le chaos pouvait naître d'un tel déferlement de ténèbres.
Il avait vu son frère, son petit frère, si doux, si patient, si innocent perdre peu à peu chaque parcelle de son humanité à mesure que son âme se laissait dévorer par le pouvoir aussi puissant que destructeur. Cette magie qu'il avait rejetée encore et encore tant de fois. Cette magie à laquelle il avait fini par céder. Il ne devait son propre salut qu'à James. Merlin, l'enfant qu'il était n'avait pas la moindre idée de ce à quoi ses parents l'exposaient volontairement. Il ne connaissait rien d'autre que cela.
Cette magie ne naissait pas de sentiment comme la colère ou la tristesse. Elle exigeait une source plus sombre. Sa cousine Bellatrix s'en servait avec aisance. Une véritable fierté pour la famille Black. La magie noire n'était pas inhumaine, loin de là. Elle puisait son pouvoir dans les bassesses les plus répugnantes de l'être humain. La cruauté, la soif de pouvoir, l'orgueil, la luxure. Ces vices qui devraient rester enfouis. La tentation était forte. Elle n'exigeait ni entrainement ni talent. Mais la simplicité n'était qu'une façade. Elle ne demandait pas moins, elle demandait bien plus. Elle demandait d'être la pire version de soi-même. Et quand on acceptait de ternir son âme, il était presque impossible de s'en sortir.
Mais il y était parvenu. Tout du moins il y parvenait la plupart du temps. James, Dorea et Charlus étaient les seuls à connaitre ce terrible poids qu'il devait porter pour toujours. Ces démons contre lesquels il devait parfois lutter. Une magie aussi puissante laisse toujours des traces. Fidèle, elle ne l'avait pas quitté, elle s'était retirée dans les confins les plus sombres de sa personne attendant patiemment son heure. Il regrettait amèrement que la haine qu'il éprouvait à l'égard de ses parents l'ai poussé enfant à répliquer à leur violence en usant des mêmes méthodes.
Il n'oublierait jamais les cris de cet être condamné à une vie de servitude. Enfermé depuis des jours dans ce placard exigu, privé de nourriture, de lumière et d'amour, subissant chaque jour les coups de fouets infligés par cette créature dénuée de libre arbitre. Il avait cédé, utilisant l'un des sorts que son précepteur s'évertuait à lui inculquer. Un sort qui brulait millimètres par millimètres la peau de la victime. Il n'était plus capable de discerner le bien du mal. Seul demeurait la haine et sa volonté de se venger de cette ridicule petite chose qui osait porter la main sur lui. Et il avait aimé cela. Il avait aimé être celui qui infligeait la souffrance plutôt que la subir. Il ne s'était pas arrêté. Il ne le pouvait pas. Pire... il ne le voulait pas.
Dans ses cauchemars, il redevenait cette enfant de sept ans capable de torturer un elfe de maison jusqu'à la mort. Ça avait été la seule fois où elle avait été fière de lui. Sa mère, Walburga Black.
La magie était une porte dont chaque sorcier possède la clé. Mais la magie noire n'a pas besoin de clé, elle détruit cette porte. Il faut alors parvenir à la refermer. Les débris ne parviennent que bien difficilement à combler ce trou béant. Cette pierre aussi petite soit elle était semblable à un canon. Cette porte reconstruite n'était plus aussi solide qu'autrefois. Elle céderait au moindre choc. Il n'avait pas honte de pleurer. Il n'avait pas honte d'avoir peur. Il ne désirait qu'une chose. Que jamais ses amis n'aient à voir ce monstre qu'il avait lui-même créé parvenir à se libérer.
Grindelwald était adulé chez les Black. Le plus grand bien. Les sorciers au pouvoir. Les moldus réduits à l'esclavage. Ce signe gravé dans cette pierre lui était donc familier. Cette idéologie était celle que ses parents avaient embrassé avec passion. Cette pierre était-elle une création du tristement célèbre mage ? Tout ce qu'il savait était que cette entité qu'il sentait vibrer dans sa paume était maléfique.
Il aurait probablement lâché la pierre lorsque la reine des vampires s'était écarté si "elle" n'était pas apparue.
Marlène McKinnon. Sa Marley. Elle était de toute beauté. Sa chevelure de jais descendait en cascade dans son dos, ses yeux de biche ombragés de cils brillaient de vie, de malice... d'amour. Elle n'était ni un fantôme ni véritablement un être de chair et pourtant il pensa qu'il aurait pu rester là à la regarder à tout jamais que cela lui aurait suffi.
– Marlène, murmura-t-il.
Il vit s'étirer sur les lèvres de la jeune fille ce sourire qui lui avait tant manqué. Elle se pencha, frôlant du bout des doigts sa joue. La sensation était celle d'une brise légère. Insuffisante et pourtant inoubliable. Il aurait voulu qu'elle ne cesse jamais. Katia et les autres. Ils la voyaient aussi. Ils n'avaient pas besoin de la pierre. S'il devenait l'un d'entre eux il pourrait la voir tous les jours. Il n'aurait pas à choisir. Il pourrait tout avoir. Remus et Marlène. Un pied dans le monde des vivants et l'autre dans celui des morts.
– Sirius.
L'entendre prononcer son prénom le plongea dans une détresse insurmontable. Ses larmes se remirent à couler. C'était de sa faute. Il aurait dû être là. Il l'aurait sauvé. Jamais il ne se pardonnerait sa mort. Sa tristesse était déchirante.
– Il n'y a rien à pardonner, ne soit pas idiot, lui dit-elle avec cette aplomb qui lui était si propre. Tu n'aurais rien pu faire, je ne serais jamais partie sans mes parents. Je ne t'aurais pas suivi, je me serai battue comme je l'ai fait ce soir-là. Ils étaient trop nombreux. Tu serais mort aussi. Ta présence n'aurait rien changé. Tu m'entends ?
– Je veux rester avec toi. Je veux que tu restes avec moi.
– C'est impossible. Pas comme ça. Pas maintenant. Il te reste tellement à accomplir. Ils ont besoin de toi. Tu vas envoyer cette sangsue au diable et vivre. Je t'interdis d'abandonner.
– Tu me manques. Tu me manques tellement, répéta-t-il sa voix se brisant.
– Je suis toujours là, répondit-elle essuyant ses larmes une à une patiemment avant de poser une main sur son cœur. Ceux qu'on aime ne nous quittent jamais vraiment.
Les poignets toujours lié il emprisonna le visage plus pâle qu'autrefois entre ses mains et embrassa celle à qui il devait renoncer. Une fois de plus ce fut insuffisant. Il voulait plus. Il voulait la sentir comme autrefois. Mais c'était impossible. L'écho d'un conte que lui racontait son oncle Alphard.
Le deuxième frère rentra chez lui, il sortit la pierre et pour sa plus grande joie la silhouette de la jeune fille qu'il avait un jour espéré épouser avant qu'elle ne meurt prématurément apparu devant ses yeux.
Mais elle restait triste et froide, séparé de lui comme par un voile. Bien qu'elle fut revenue parmi les vivants, elle n'appartenait pas à leur monde et souffrait de ce retour.
Alors le deuxième frère rendu fou par un désir sans espoir finit par se tuer pour pouvoir enfin la rejoindre véritablement.
Il ne lâcha pas la pierre.
Sans la moindre hésitation il l'utilisa pour s'ouvrir profondément les poignets.
VOUS LISEZ
Holding a Heart - Tome 2
Fanfiction{TERMINÉE} Après l'assassinat de Marlène Mckinnon, Lily Evans décide de se retirer du monde magique alors que les Maraudeurs continuent d'oeuvrer pour l'Ordre. Les années qui ont suivis Poudlard ... jusqu'à la fin. - fin alternative - (Jily - Wolfst...