Holding a Heart - Tome 2

Chapitre 95 - Fear

CHAPITRE 95

Alice se tordit de douleur, les hurlements de Frank lui parvenant distinctement au travers du mur qui les séparait. Bellatrix apparut une fois de plus dans son champ de vision, son rictus sadique et extatique la terrifiant au-delà de toutes mesures puisqu'il annonçait la prochaine salve d'endoloris. Elle n'avait plus assez de force pour la supplier et elle ne pouvait lui donner ce qu'elle voulait. Plutôt mourir que de révéler où était caché Neville. La mort semblait une trop douce fin pour eux aux yeux de leurs ennemis. Une part d'elle se déchira lorsqu'elle prit conscience que les cris de Frank avaient cessé. Est-ce qu'il était...

– Endoloris, lâcha Bellatrix une fois de plus.

Une fois de trop.

Le corps de Severus était secoué de sanglots. Il ne parvenait pas à oublier la sensation du corps inanimé de Lily dans ses bras. Il l'avait bercé aussi longtemps qu'il avait pu, disparaissant à l'arrivée de Sirius Black. Il aurait voulu la serrer contre lui à jamais. Son cœur était comme lacérée et sa respiration irrégulière. Elle ne pouvait pas être morte. Elle était la personne la plus vivante qu'il ait jamais rencontrée. Elle irradiait d'une énergie contagieuse impossible à ignorer. Impossible à éteindre. Pourtant elle l'était : éteinte. Son regard vide et son expression d'horreur n'avaient plus rien en commun avec le regard enflammé et la douceur chaleureuse de la jolie rousse.

Marlène était allongée sous son lit, une main plaquée sur sa bouche pour s'empêcher de laisser échapper le moindre couinement de douleur. Elle pouvait entendre les pas de son ex-fiancé sur le plancher. Elle l'entendit l'appeler d'un ton doucereux qui la fit frissonner de terreur. Il l'avait déjà attrapé une première fois, puis torturé, et ensuite il l'avait relâché de nouveau. Ils jouaient littéralement au chat et à la souris. Elle n'avait aucun moyen de sortir de son appartement et il avait bien évidemment pris sa baguette. Chaque fois qu'il la capturait, il lui infligeait une énième blessure qui rendait sa progression jusqu'à la cachette la plus proche plus difficile que la fois précédente. Refuser de jouer dans un premier temps lui avait couté sa blessure la plus profonde. Une entaille de boucher qui partait du haut de sa cuisse pour s'arrêter en dessous du genou. Plus elle jouait sérieusement, moins il était enclin à la punir lorsqu'il gagnait la partie. D'où le fait qu'elle essaya de ne pas faire de bruit malgré la trainée de sang qui le mènerait aisément jusqu'à elle. Elle poussa un cri lorsqu'il se saisit de sa cheville, tirant violemment dessus. Elle était terrifiée, revivant à l'infini ce jour où elle avait cru mourir. Le jour où il avait assassiné sa famille. Il avait décidé d'exécuter Dorcas de la même manière qu'il avait mis fin à la vie de sa mère et son père. Lui tranchant la gorge sous ses yeux. Elle avait regardé le corps de son amante s'écraser au sol comme une marionnette dont on aurait coupé les files. Elle avait été impuissante. Comme la première fois. Comme toujours. Elle voulait que ça s'arrête.

– Lily ! lui cria une voix.

La jolie rousse eut presque l'impression que celle-ci émanait du Maître des Ténèbres qui pointait toujours sa baguette sur elle. Ce n'était pas possible. Ce n'était pas logique. James ne pouvait pas lui parler. Il était... il n'était plus... elle l'avait perdu.

– Tu peux le faire ! Poursuivit la voix de son mari. Détruis-le !

Elle n'était pas certaine qu'elle parviendrait à vaincre cette illusion qui avait revêtu le visage de sa plus grande peur. Elle sentait encore son cœur se fendre à l'idée du corps inanimé de son mari. Elle sentait encore la culpabilité la ronger à l'idée d'avoir abandonné Harry à son sort. Mais la voix de James la tirait vers la réalité, la soustrayant à l'obscur mirage fomenté par l'horcruxe. Elle n'avait pas perdu. Elle n'était pas seule. Elle pouvait encore les sauver. Elle planta le crochet de basilic dans le diadème, fissurant le saphir qui se brisa en un millier d'éclats se dispersant comme s'il ne s'était agi que de poussière. Elle leva les yeux, les iris de James étaient fixés sur elle. Elle parvint à reprendre sa respiration, la panique disparaissant pour laisser place à des larmes de soulagement. Son dos appuyé contre le torse du garçon, ses bras qui l'entouraient.

– Je suis désolée, tu étais...
– Je sais...
– Tu n'as rien dit, lui reprocha-t-elle sans parvenir à insuffler à son ton suffisamment de rancœur.
– La peur ça se transmet, si je te disais ce que j'avais vu, t'aurais vu la même chose.
– Qu'est-ce qui t'as fait sortir de ce cauchemar ? Tu étais tout seul là-bas.
– C'était pas toi, répondit-il en haussant les épaules.
– Comment tu pouvais le savoir ?
– Il manquait une tache de rousseur. Là, dit-il en posant un doigt sur sa tempe, les sourcils froncés.

Elle ne put que sourire, toute colère envolée. Son amour pour elle était aussi déraisonnable qu'innocent. Elle se redressa, glissant une main dans sa nuque, le faisant se pencher pour l'embrasser. Il était son monde et bien plus encore. Elle s'était sentie mourir sans lui et ne s'était jamais sentie aussi vivante que sous sa chaleur. Il était l'astre de sa galaxie. Aussi mortel que vital.

– Et les autres ?
– Sirius a perdu connaissance, l'informa-t-il.
– Comment ça ?
– Remus l'a assommé et s'est chargé de l'horcruxe avec l'aide de Mini Sirius.
– C'est pas vraiment la définition de perdre connaissance, tenta-t-elle d'expliquer sans succès.
– Alice a réussi. Marlène aussi.
– Et Severus ?
– Il a réussi. Mais je l'ai assommé quand même.
– Pourquoi est-ce que vous avez assommé des gens ?
– Sirius. Il est devenu violent.
– Et Severus ?
– Par principe.

Elle lui donna un coup dans le bras, excédée et peut-être un peu amusée bien qu'elle ne l'avouerait jamais. Cela n'aurait fait que l'encourager sur cette voie et ce n'était définitivement pas l'objectif. Elle assimila ensuite ce qu'il venait de dire. Ils avaient réussi. Les horcruxes étaient tous détruits. Il ne restait plus que le Maître des Ténèbres. La victoire était à portée de main et elle espérait qu'elle ne leur échapperait pas.