Un goût âpre envahit ma bouche alors que je me réveille de l'inconscience. Cependant, je n'arrive pas à ouvrir mes paupières, ma tête étant aussi lourde qu'un boulet de canon. L'esprit vaporeux, j'essaye malgré tout de distinguer des sons autour de moi.
Des bruits de bocaux de verre qu'on entrechoque, des pas discrets qui font tout de même crisser les lattes de bois d'un plancher, le son du vent qui essaye de traverser une fenêtre mais qui est contraint par une paroi de verre. Toutes ces mélodies tourbillonnent évasivement dans mon ouïe.
Puis, ensuite, je sens une fraîcheur sur mon front, une fraîcheur agréable à laquelle je m'accroche férocement pour ne pas retomber dans la sournoise inconscience. Petit à petit, je distingue la douceur du linge qui m'est posé sur le front, puis le tissu rêche sur lequel je suis allongé. Cette rugosité peu familière me parut curieusement rassurante. J'essayais d'en caresser les aspérités du bout de mes doigts mais mon système nerveux semble ne pas vouloir répondre.
J'essaye alors de rassembler toute ma volonté pour ouvrir mes paupières et, après maintes tentatives, un violent rayon de soleil vient frapper ma rétine ce qui laisse échapper un gémissement incontrôlé de la barrière de mes lèvres.
Je sens alors une douce caresse sur ma joue, suivi de quelque chose d'humide près de mon oreille, ce qui a le don de me réveiller pour de bon et d'ouvrir brusquement les yeux.
La vision m'est d'abord imprécise puis, petit à petit, je distingue la forme vague de planches de bois qui constituent le plafond, un plafond que je ne connaissais pas. Où étais-je ? Que s'était-il passé ?
Mes souvenirs me reviennent par entrechocs. Je m'étais enfui du château, j'ai erré dans les souterrains pendant des heures et des heures, peut être même depuis des jours et mon père...
Père...
Les larmes me montent immédiatement aux yeux à ce souvenir traumatisant, le son des coups d'épée résonant dans le souterrain alors que je m'y recueillais faisait en cet instant écho dans ma tête, le moment où il m'avait donné délibérément son ultime arme... Le son de sa voix faible mais remplie d'émotions.
Papa...
Cette fois, des sanglots s'emparent de ma gorge et je me mets à pleurer sans retenue, ayant conscience que je ne savais pas si j'étais en sécurité ou non, mais dans tous les cas j'étais perdu, alors à quoi bon se forcer à se retenir ?
Le contact humide se répète contre mon cou et cette fois-ci je réussis à tourner la tête vers la source de ce toucher et ai un mouvement de recul lorsque je vois ce qui semble être un jeune loup allongé contre moi, les pattes contre ma poitrine et sa tête posée près de la mienne.
Qu'est ce que c'est que ça ?
C'est alors que j'entends les pas tranquilles que j'avais entendu plus tôt revenir vers moi et l'appréhension de voir un visage hostile fait battre mon cœur de plus en plus vite. Je me sens tout à coup bien plus éveillé que tout à l'heure.
Mais quelle n'est pas ma surprise de voir le visage du chef cuisinier qui servait mon père venir près de mon lit, l'air cependant bien plus fatigué et grave que la dernière fois que je l'avais vu. Son dos semblait plus courbé, sa peau sèche, ses yeux jaunes. Comment un homme pouvait autant se métamorphoser en peu de temps ?
- Dieu merci jeune maître vous vous êtes réveillé. Comment vous sentez-vous ?, me demanda-t-il d'une voix douce en s'asseyant à mes côtés.
Je voulais lui répondre que non, rien n'allait, je voulais lui demander pourquoi j'étais ici, quel était cet endroit, je voulais lui hurler ma détresse de toutes mes forces.
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De chair et d'écailles ▬▬ VKOOK
ParanormalTaehyung baigne dans la richesse depuis sa naissance, mais il est surtout coupé du monde suivant le désir de son père le Seigneur Seokjin, ce qui lui vaut une naïveté abondante du monde qui l'entoure. Il a une soif d'aventures et souhaite découvrir...