De chair et d'écailles ▬▬ VKOOK

▬ 27 ▬ Encore un peu ▬▬▬

Je fis boire avec attention Jungkook qui commençait à transpirer alors que la nuit ne débutait qu'à peine. La douleur était en train de revenir dans un galop des plus barbares. Il n'avait pas fallu longtemps avant que les vêtements dont je l'avais revêtu lui collent à la peau.

« Encore », plaida-t-il.

J'acquiesçai et fonçai chercher un autre pichet d'eau fraîche. Moonbyul m'avait averti sur ces effets alors je ne m'inquiétais pas, et restais concentré bien que tourmenté par son état. Je revins après quelques instants et vit qu'il s'était débarrassé sauvagement de la chemise, puisqu'elle reposait au sol, loin du lit. Je lui servis un verre et partis dans la salle de bain remplir la bassine avec laquelle je l'avais lavé d'eau fraîche, avec un linge, dans le but de le rafraîchir.

Je sentais que la nuit allait être longue.

Je m'assis à ses côtés, alors qu'il était en train de se resservir avec des mains tremblantes, et lui pris des mains le pichet qui menaçait de s'effondrer à tout moment dans le but de l'aider. Alors qu'il but rapidement, je lui passai le linge trempé sur le front et il gémit d'apaisement.

« Tu verras, tu sentiras de moins en moins cette douleur, Moonbyul me l'a assuré. »

J'allais chercher sa chemise roulée par terre et la trempai dans la bassine à son tour avant de lui tapoter légèrement le torse pour le rafraîchir à cet endroit. Je vis alors une chair de poule naître sur sa peau blessée.

« Tu devrais au moins garder ta couverture, tu vas attraper froid.

- J'ai si chaud.

- Je sais, mais ça va passer. Tu ne peux pas dormir comme ça. »

Il soupira alors, et m'attira à lui pour que je vienne le rejoindre comme auparavant, sauf que cette fois-ci je ne cherchai pas à essayer d'éviter le regard du brun, sachant que dorénavant il était impossible de lui mentir.

Il savait.

Il savait que nous allions être séparés après-demain matin. Nous n'avions plus qu'une journée pour profiter l'un de l'autre. Quelques heures en suspens, durant lesquelles je ne voulais pas me séparer de lui, désirant ardemment profiter de chaque petit instant à ses côtés. Depuis l'accident arrivé à Tafendël, je m'étais rendu compte à quel point il m'était précieux, au-delà de son appui et de son souhait d'être mon serviteur dévoué, il avait une personnalité à laquelle je m'étais attachée.

Alors que je reposai le linge nouvellement humidifié sur son front, je pris le temps de détailler encore les traits juvéniles de son visage, puis finis par les tracer de ma main libre.

Il se laissa faire, mais alors qu'il observait aussi mon visage, il finit par fermer les yeux. Son souffle s'apaisa et il s'autorisa même un imperceptible sourire qui rendit encore plus doux son visage, légèrement éclairé par la petite boule de lumière orangée.

Il avait l'air si quiet ainsi, bien plus calme que d'ordinaire. Je compris que la douleur était en train de passer petit à petit, laissant place à la douceur de nos gestes l'un envers l'autre.

Je ne savais pas pourquoi je faisais ça, pourquoi je m'attardais encore et encore sur les courbes de son visage. Cela me faisait peur, et en même temps je voulais faire taire ma conscience qui m'assommait de toutes ces interrogations qui me mettaient mal à l'aise. Je voulais juste profiter encore un peu de cet instant.

« Si tu continues, je vais m'endormir, murmura le jeune blessé.

- Et ce serait mal ? », je chuchotai.