De chair et d'écailles ▬▬ VKOOK

▬ 29 ▬ A hauteur éléphantesque ▬▬▬

Je nettoyais en me pinçant le nez ce que le louveteau avait régurgité de son estomac. Il semblerait que les voyages ne soient définitivement pas faits pour lui et cela m'attristait de le voir dans pareil état à chaque fois. Curieusement, Henry s'était proposé de m'aider, et il rassurait le louveteau avec une douceur que je ne lui avais jamais vu. Je supposais qu'il avait un bon contact avec les animaux.

Voilà une bonne demi-journée que nous étions partis, et le soleil était déjà haut dans le ciel bien que partiellement caché par des nuages gris.

Je n'avais pu me résoudre à m'endormir, la tête bien trop remplie par mes derniers instants avec Jungkook pour penser à dormir. Mais il y avait aussi ce mouvement créé par le déplacement du pachyderme, lent mais puissant, auquel j'avais du mal à m'habituer. Shin Dong était aussi bien pâle, et avait refusé la nourriture que Siwon lui avait proposée.

Pour ma part, j'évitais le plus possible ce dernier, notre dernier échange m'avait laissé un goût désagréablement amer dans la bouche. J'ignorais alors ses regards insistants, et me concentrai sur la boule de poils blanche malade.

« Ca ira mieux après, tu verras bonhomme, lui murmura Henry en le caressant doucement.

- Dans combien de temps faisons-nous une pause déjà ?, je lui demandai.

- Un peu moins de huit jours, jeune seigneur, une fois lancés les oliphants sont difficiles à arrêter.

- Je vois, je murmure en appréhendant son état d'ici plusieurs jours.

- Vous n'avez pas mal à la tête ?

- Tant que je ne regarde pas vers le sol... », j'avouai.

Il acquiesça puis une fois que tout fut nettoyé il repartit, disparaissant derrière les tissus colorés, pour aller s'allonger sur son propre duvet.

En regardant par l'ouverture de mon espace couchage, je discernais la chevelure flamboyante d'Hoseok, qui semblait scintiller au soleil alors que le souffle du vent ainsi que le mouvement de l'oliphant les faisait bouger avec fluidité. Il n'avait pas bougé depuis le matin et je me demandais comment il faisait.

Comme s'il avait lu dans mes pensées, il se retourna à cet instant et surprit mon regard. Il se leva alors, et, comme ce matin, traversa le haut du crâne de l'oliphant avant de passer par l'ouverture pour me rejoindre.

« Tout va bien ?, me demanda-t-il.

- Vous m'impressionnez, je lâchai.

- Vraiment ? », il pouffa.

J'hochai la tête en souriant, alors qu'il s'assit sur le duvet en face de moi, regardant tout de même le paysage défiler.

« Depuis combien de temps êtes-vous dresseur ? », je l'interrogeai en caressant toujours le louveteau lové contre moi.

Il reporta son attention vers moi et fut pris d'un air rêveur.

« J'ai rejoins le village des dresseurs à mes onze ans, un des chefs du clan m'a pris sous son aile et m'a appris à les comprendre. Cela fait sept ans que je suis dresseur et à sa mort j'ai pris la tête des dresseurs, soit il y a bientôt trois ans.

- Vous êtes arrivé au village si jeune... », je soufflai incrédule.

Son air rêveur se crispa pour devenir peiné, et je sus que j'avais touché une corde sensible. Je repris alors, plus gêné :

« Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous mettre dans l'embarras. »

Il secoua alors la tête.

« Ce n'est rien, ça fait longtemps maintenant. »