De chair et d'écailles ▬▬ VKOOK

▬▬▬ Interlude ▬▬▬

Tout était rouge, le feu avait teinté ma vision de rouge. La fureur délicieuse écarlate coulait dans mes veines, picotant les muscles de mes jambes puis de mes bras, avant d'être remplacée petit à petit par une sensation sirupeuse, sillonnant mon corps d'une douceur sulfureuse.

Était-ce donc la mort ?

Non, mes sensations étaient bien trop exaltées, incontrôlables. Je n'avais plus conscience de mon corps mais pourtant je le sentais être traversé par ce courant merveilleux. Et bientôt, ce fut un contact moelleux sous mon dos qui m'interrogea. Le rouge devint plus dilué, et je m'autorisais à ouvrir les yeux.

Un plafond clair, curieusement reconnaissable, courbé par des moulures qui en sillonnaient la surface se présenta à moi. Je tentai de tourner ma tête et aperçus des rideaux lourds encadrant une vue sur la mer, un paysage que je reconnus bien. Etrangement trop bien.

Je n'avais pas à être ici.

C'est alors que je sentis une pression agréable sur ma main.

« Tu es enfin réveillé. »

Cette voix.

« Baekhyun ! Tu peux faire chauffer son eau ! »

Ce nom.

Alors que j'emmagasinais toutes ces informations, la présence à mes côtés s'était redressée, et mon corps se figea quand je reconnus les traits de son visage. Un visage pâle, aux traits fins qui fascinaient les personnes qui avaient la rare chance de le voir de si près. Ce visage que je n'avais pas assez vu et que je ne pensais pas revoir un jour d'aussi près, ce regard sombre pétillant qui m'avait assuré que tout irait bien, quoi qu'il arrive.

« Père... »

Comment pouvait-il être ici ? J'étais si loin de Stäfa, ce n'était pas possible.

Mes mains se mirent à trembler alors que je cherchais dans le regard de mon père des réponses, sans succès. Mais j'étais surtout pris par l'émotion, et mon corps voulut chercher le sien, pour ne plus le lâcher.

Mais j'étais pétrifié par sa simple présence. Je ne comprenais pas ce qui était en train de se passer.

« Tu as dormi pendant longtemps Taehyung, très longtemps, j'étais inquiet. »

Dormi ? Voulait-il dire que pendant tout ce temps j'avais rêvé ?

Non.

C'était impossible.

« Que faites-vous ici Père ? », demandai-je d'une voix tremblante.

Ses traits trahirent sa surprise, mais il finit par se dérider et éclater de rire.

« Tu deviens insolent mon fils, tu veux déjà me mettre à la porte de mon propre domaine ? »

Il m'ébouriffa affectueusement les cheveux alors que je me figeais.

Mon père ne riait jamais avec moi. Il n'était pas non plus tactile.

« Tu seras un digne héritier mon ange. »

Un profond sentiment de malaise me prit alors que je voyais ce sourire magnifique ourler ses lèvres, son beau visage lumineux me montrer tant d'intérêt.

« Ta mère ne devrait pas tarder, elle voulait te rafraîchir le front, tu es si brûlant.

- Maman est là ?, demandai-je d'une voix rocailleuse en ne comprenant toujours pas ce qu'il se passait.

- Elle est revenue il y a quelques jours, elle est partie dès que la nouvelle est tombée. »

Je n'arrivais pas à être heureux, tout simplement parce que je ne croyais pas à ce qui était en train de se passer. Je ne voyais pas non plus de quelle nouvelle il voulait parler.