Avant de commencer à éponger quoi que ce soit, je pars en quête de l'origine de la fuite. Autant dire que ce n'est pas compliqué, il faut juste remonter le flux d'eau. C'est dans ces moments que je suis ravie de dormir en short. Cela m'évite de tremper mes vêtements. J'ai horreur de porter des vêtements mouillés. C'est sûrement la pire chose que je connaisse. Rapidement, je me retrouve devant la porte de la salle de bain. Je demande alors à Nathan d'aller me chercher la boîte à outils dans le garage. S'il s'agissait juste d'un robinet qu'il avait oublié de fermer, mon frère ne ferait pas cette tête-là. J'inspire un grand coup, et ouvre la porte, m'attendant au pire.
En entrant, une vague d'eau jaillit pour s'étaler sur le sol du couloir. Je soupire. Un peu plus, un peu moins... on n'est plus à ça près. J'aperçois alors l'origine du problème. Le robinet de la baignoire ne peut plus fermer. Mon frère a dû paniquer et a trop forcé dessus. Résultat, la poignée qui permet de fermer l'eau est posée à côté du robinet. Je vais avoir besoin d'une pince qui la remplace pour fermer la valve. Mais avant tout, je débouche le fond de la baignoire, pour limiter l'inondation. Cela devrait ralentir la catastrophe.
A grand peine, mon petit frère arrive avec l'énorme boîte à outils. Rapidement, je cherche ce qui m'intéresse. Je vais commencer avec une pince, ça ira plus vite que de chercher une clé à molette de la bonne taille. Je serre la valve avec l'outil, et tourne lentement pour fermer le débit. Petit à petit, je vois l'eau couler moins vite, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un filet, puis plus rien. Je me redresse avec un soupir de soulagement. Une bonne chose de faite. Il ne reste plus qu'à éponger le reste.
Pendant que j'attrape toutes les serviettes de la salle de bain pour éponger le sol de la pièce, j'envoie Nathan s'occuper de laver le reste à la serpillière. Heureusement que les parents ne sont pas là ces prochains jours. Ils feraient une attaque, autrement. Au bout d'une demi-heure, nous réussissons enfin à sécher toute l'eau de la maison. Epuisée, je m'assois en soupirant. Bon début de week-end, décidément.
Je descends à la cuisine et nous prenons le petit déjeuner avec Nathan. Nous sommes tous les deux trempés par la petite inondation. Même Melchior a les pattes mouillées. Il faudra qu'on aille le promener, d'ailleurs. Il est tôt, cela nous laisse le temps de le sortir un petit moment. Pendant que je range la vaisselle du repas, mon petit frère part chercher la laisse du chien. Papa a fait les courses le lendemain de l'arrivée du nouveau membre de la famille, et il a acheté tout le nécessaire. Panier, collier, laisse, croquettes et même jouets. Il paraît que Melchior était tout heureux quand il a vu toutes les affaires qui étaient pour lui.
Au moment où nous revenons à la maison, après une promenade d'une heure, je vois Conan et Tat' qui attendent devant la porte. Ils m'avaient tous les deux proposé de venir dans la journée pour que nous réunissions d'autres indices sur mes rêves. Je ne pensais pas qu'ils arriveraient si tôt. Si mon meilleur ami a juste l'air heureux de me voir, je vois que celle qui l'accompagne trépigne d'impatience. Au moment où elle m'aperçoit, elle met les poings sur ses hanches.
— C'est pas trop tôt, ça fait au moins vingt minutes qu'on attend devant la porte !
— N'abuse pas, cela en fait tout juste cinq.
Je me retiens de rire pendant que Tat' fulmine face à Conan qui l'a remise à sa place. Ce dernier est plutôt discret de nature, mais quand il s'y met, il sait parfaitement comment clouer le bec de quelqu'un. Ces deux-là sont sans nul doute le jour et la nuit. J'ouvre la porte et je laisse tout le monde entrer. Le sol est encore humide par endroits, et je vois mon meilleur ami hausser un sourcil. Je fais un geste de la main, pour indiquer que ce n'est pas important.
— Accident de plomberie.
Sur mes mots, Nathan baisse la tête et file rapidement dans sa chambre. Je vois Conan sourire d'un air amusé en comprenant l'origine du problème. J'indique d'un mouvement de la tête le canapé, et mes deux amis s'y précipitent, visiblement impatients. Quelque chose me dit qu'ils ont une piste. Je les suis calmement, méfiante. Tat' se lance en première et me montre son carnet. Mon souffle se coupe un instant, tellement je suis stupéfaite. C'est exactement l'inconnu. Enfin, il ne l'est plus tant que ça. Je connais son nom désormais. Mon amie a décidément un sacré talent. Comme dans un concours, Conan lance une musique, et je le regarde, surprise. C'est celle de mon deuxième rêve. C'est la bonne, cette fois.
— Vous avez travaillé dur pour avancer cette histoire, ma parole.
Les deux comparses éclatent de rire, comme s'ils complotaient quelque chose. Je m'assois à côté d'eux, méfiante. Qu'est-ce qu'ils me préparent encore ? Je sens alors qu'ils m'observent, une lueur de malice dans les yeux.
— On se disait que si tu dormais dans la journée, tu pourrais grapiller encore plus d'informations. Comme ça, on récupère plein d'indices pour comprendre ce qu'il t'arrive.
Je soupire. Il n'y a que Tat' pour avoir une idée aussi farfelue. Et voir que Conan est entièrement d'accord me désespère encore plus. Il va vraiment falloir que je fasse attention à ces deux-là à l'avenir. Ils n'en ont pas l'air, mais ils peuvent former un duo de terreur. Je croise les bras, une lueur de défi dans les yeux. J'ai un esprit de contradiction énorme. Donc forcément, je vais chercher un moyen de mettre leur plan en défaut.
— Et si je ne fais que des cauchemars la journée ? Depuis que j'ai commencé à rêver de ce garçon, ça n'est arrivé que la nuit. La dernière fois que j'ai dormi en plein jour, ça n'a pas très bien tourné.
Je regarde Conan de manière insistante. Je sais que le rappel de mon dernier cauchemar n'est pas sans effet. Après tout, je lui ai fichu une peur bleue, ce jour-là. Il tient vraiment à recommencer ? Je ne sais pas quels arguments a trouvé Tat', mais elle s'en est sacrément bien sortie pour aller au-delà de ses doutes. Je vois mon meilleur ami baisser la tête, mal à l'aise. Peut-être que ma coéquipière de sport ne lui a pas laissé le choix. Je soupire. Je n'ai plus qu'à changer de conversation. J'en profite alors pour leur parler de cette nuit. Aussitôt, je vois une lueur d'intérêt briller dans leurs yeux. Sans dire un mot, ils m'écoutent attentivement. Quelles commères, ces deux-là. Cela me fait presque sourire. Une fois mon récit terminé, Tat' prend son carnet pour noter les informations importantes que j'ai données.
— On a un grand avantage. Naël, ce n'est pas un prénom très courant. On devrait avoir des pistes d'ici peu.
Le reste de la journée se passe sans que nous parlions à nouveau de ma rencontre nocturne. Je crois que c'est l'un des week-end où j'ai le plus ri, et je pense que c'est la même chose pour Conan. Tat' est complètement folle. Dès qu'une idée lui passe par la tête, il faut qu'elle la réalise. Elle réfléchit à ce qu'elle fait uniquement après. Et pour quelques heures, j'ai arrêté de penser aux évènements anormaux qui se déroulent dans ma vie. Et c'est dingue ce que cela fait du bien de se sentir normale. Juste une fille qui s'amuse avec ses amis. Rien de plus.
VOUS LISEZ
Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...