Chapitre 57 : réconciliation et fin de voyage

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Je me retrouve face à un orphelinat. Celui que j'ai déjà vu brûler un nombre incalculable de fois. L'air ambiant est lourd et humide. Je m'assois au pied d'un arbre, entre deux grosses racines qui créent des bosses au sol. Une liane pend le long du tronc, immobile. Il n'y pas la moindre brise pour rafraîchir l'atmosphère.

J'entends quelques pas sur ma gauche. Devinant qu'il s'agit de Naël, je soupire. Je le laisse approcher, sans bouger. Le jeune homme s'installe près de moi. Je ressens la force de sa culpabilité comme s'il s'agissait de la mienne. Je sais déjà ce qu'il va me dire. Il se mordille la lèvre inférieure avant de se lancer.

— Je suis désolé pour aujourd'hui. J'aurais dû voir que nos disputes incessantes agravaient ton état. J'aurais dû veiller sur toi, sachant que tu n'étais déjà pas en forme. J'aurais dû...

— Naël. Je ne suis pas une petite chose fragile. Encaisser les coups à cause des tensions qu'il y a dans l'air, j'ai l'habitude. Arrête de t'excuser. Je sais que tu as peur, mais je ne vais pas m'évanouir en fumée.

Le jeune homme baisse la tête, honteux. Sa culpabilité est toujours aussi présente. Elle m'opresse, comme un poids sur ma poitrine. J'affiche un rictus moqueur, essayant de le détendre.

— Si tu avais été dans mes pattes pendant toute la journée, c'est moi qui t'aurais engueulé.

Il lève son regard vers moi, surpris. Il hausse un sourcil, à présent intrigué par mes paroles.

— Toi, tu grondes les autres ?

Je croise les bras devant ma poitrine et relève le menton.

— Quand ils sont stupides, oui.

Naël affiche un faux air blessé. Puis, une lueur de malice traverse son regard. Je me tiens sur mes gardes. Quelle idée farfelue lui a traversé l'esprit ? Sans prévenir, le jeune homme fonce sur moi et me fait basculer. Ecrasée par son poids, je ne peux plus bouger. Il en profite alors pour tenter de me chatouiller. Je remue dans tous les sens, comme un ver, essayant de me dégager. Je serre les dents, essayant de ne pas rire. Je ne dois pas le laisser gagner.

— Arrête, tu m'étouffes !

Il penche la tête, son visage se trouvant désormais à quelques centimètres du mien. Il a un sourcil arqué, pas convaincu par mes paroles.

— Ca risque pas, on est dans un rêve.

Avant même qu'il ait le temps de recommencer son attaque, je me dégage. En basculant son poids ainsi, il m'a permis de retrouver une mobilité suffisante pour lui échapper. Je me redresse rapidement, mais n'ai pas le temps de me mettre debout. Naël attrape mon poignet, m'entraînant en arrière. Je finis contre lui, mon dos plaqué contre son torse. Son souffle chaud effleure mon cou, me faisant frémir. Je le sens bien plus sérieux, à présent.

— Reste. Je ne veux pas te perdre.

Je me fige. Sans même avoir le temps de répondre, la voix de Tat' retentit. Impossible de savoir d'où elle vient.

— C'est pas juste, moi aussi j'ai le droit à un câlin ! Faites de la place un peu !

Elliott lui répond ensuite.

— Ce n'est pas le moment ! On se lève, il est l'heure de partir !

***

Je me réveille en sursaut. Le temps de comprendre où je suis, je me rends compte que je suis roulée en boule contre Naël. Mon front est calé contre son torse, son bras droit m'encercle, protecteur. Je me redresse aussitôt, gênée. A quel moment je me suis retrouvée là ? Je parcours les environs du regard, cherchant de quoi me changer les idées.

Le Coeur en RythmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant