Incapables de dormir, nous passons la nuit à monter un plan avec Naël. Tout ce qu'on en retiendra, c'est qu'il faut retrouver ce village pour parler aux habitants. Mais avant ça, il va falloir qu'on trouve quelqu'un qui parle leur langue. Difficile de communiquer avec eux, sinon. J'envoie un message à mes amis, pour savoir s'ils connaissent un interprète pouvant nous aider. Je n'y crois pas trop, mais sait-on jamais. Le jeune homme, de son côté, tourne en rond dans la salle commune, impatient que le jour se lève. Il n'est pas certain que quelqu'un sache parler népalais ici, mais il pense qu'Elliott devrait pouvoir nous aider. D'après Naël, le scientifique possède un sacré réseau parmi les postes de secours installés à travers le monde.
Lorsque la lumière du soleil commence à s'installer dans la pièce, le jeune homme bondit, allant se poster près du couloir où dort Elliott. J'ai un demi-sourire amusé en le voyant si impatient. Je comprends mieux ce que son équipe voulait dire par "quand il a une idée en tête, on ne peut plus l'arrêter". On dirait un enfant en plein caprice. De mon côté, je pars dans la cuisine pour préparer le petit déjeuner pour tout le monde. Je ne pense pas pouvoir freiner l'agitation de Naël, alors autant aider les autres à y faire face. Ils vont avoir besoin d'une bonne dose de café et de thé.
Lorsque Mia entre dans la salle, le jeune homme pousse un grognement d'exaspération. La jeune femme hausse un sourcil, avant de poser ses poings sur les hanches.
— Cache ta joie de me voir, surtout !
Je souris et lui fais signe de venir. Un peu perdue, elle s'approche de moi. Je commence par lui servir un café avant de lui expliquer ma vision, nos recherches, notre plan. En buvant lentement, je vois son visage passer de surprise en surprise. Il faut dire que sans ce rêve, nous n'en serions probablement pas là. Lorsque je termine, Mia a les yeux dans le vague, perdue dans ses réflexions. Elle finit par hocher la tête avant de me regarder. Une mine malicieuse apparaît petit à petit sur ses traits.
— Alors comme ça t'es capable de partager tes rêves avec Naël ? Ça avance bien entre vous deux, on dirait.
Aussitôt, je cache mon visage entre mes mains. La jeune femme est incorrigible. Je pensais qu'elle n'y ferait pas attention, au vu de toutes les nouvelles que je lui ai annoncées, mais j'ai l'impression qu'elle n'a au contraire retenu que ce détail. Je suis bien contente qu'elle ne soit pas au courant de cette nuit où j'ai trouvé Naël au fond du trou. Elle n'arrêterait pas de m'asticoter avec ça, sinon.
L'arrivée d'Elliott sonne à point nommé. Le jeune homme, qui l'attendait de pied ferme, se jette sur lui et commence à l'assaillir d'informations. Pas du tout réveillé, le scientifique grogne en réponse, tentant vainement de le faire taire. J'essaye de fournir le café le plus fort pour Elliott, car il en aura besoin pour pouvoir suivre Naël dans ses explications. Pendant quelques minutes, le jeune homme parle sans discontinuer. Lorsqu'il s'arrête enfin, le scientifique soupire et se tourne vers moi.
— Résumé ?
Je souris en réponse, et lui explique simplement où nous devons aller. Elliott s'avachit sur sa place, avant de s'adresser à Naël sur un ton bourru.
— Tu vois cette petite ? Elle a pas besoin d'en faire des tonnes comme toi pour me dire exactement la même chose, résultat je comprends bien mieux ce qu'il se passe. Syn-thé-ti-ser. C'est la base quand tu veux demander un truc.
Le jeune homme baisse la tête, et j'aperçois sa mâchoire se contracter. Son amour-propre en a pris un coup, après s'être fait reprendre comme un enfant. Nous nous tournons alors tous les trois vers notre aîné, espérant qu'il ait la solution. Il passe une main lasse sur son visage, avant d'afficher un air contrit.
— L'interprète, c'est pas le problème. J'ai un ami népalais, du coup j'ai appris la langue. Vous avez pensé au temps que ça prend pour le visa et toute la paperasse afin d'aller là-bas ? Vu vos têtes, j'en conclus qu'il suffisait pour vous de sauter dans un avion.
Nous échangeons un regard penaud. C'est vrai que nous n'avions pas pensé à l'administratif. Mais nous n'avons pas le temps, ma mère est retenue quelque part, et le seul moyen de la retrouver c'est d'aller au Népal, et vite ! Le scientifique soupire en voyant notre impatience. Il sort alors son téléphone, et lance un appel. Le silence s'installe, coupé par moments par la voix d'Elliott parlant en anglais à un interlocuteur inconnu. De longues minutes s'écoulent, pendant lesquelles nous cherchons à comprendre ce qu'il fait. Il finit par raccrocher. En voyant nos visages insistants, il soupire.
— Bon, vous avez de la chance. Y a eu un tremblement de terre énorme là-bas, ils ont besoin de toute l'aide possible. Puisqu'on est secouristes, on peut y aller en urgence pour les aider. La paperasse, ils s'en foutent royalement dans ce genre de cas. On part demain, préparez-vous bien aujourd'hui.
Je saute dans les bras du scientifique, ravie par cette nouvelle. Aussitôt, il grogne, et tente de m'écarter. Les marques d'affection, ce n'est vraiment pas son truc. Naël bondit et part en courant vers le gymnase. Il va sûrement passer la journée à s'entraîner, avant de faire ses bagages. Histoire d'être en forme pour demain. Mia le suit rapidement, sûrement pour le guider dans ses exercices. Alors que je m'apprête à faire de même, Elliott attrape mon bras, me forçant à me retourner.
— Toi aujourd'hui, tu bosses avec moi. On a du boulot pour finir pas mal d'outils qui pourront être utiles pour sauver les personnes enfouies sous les décombres. Certes, on a l'occasion d'aller obtenir des infos pour ta mère, mais on y va avant tout pour aider les autorités locales avec leur tremblement de terre. Ok ?
Je hoche la tête, n'osant rien dire. Vu son air déterminé, mieux vaut ne pas le contredire. Il tapote la place à laquelle je me trouvais, et je me rassois, impatiente. Bien évidemment, le scientifique le remarque et prend un malin plaisir à faire traîner son repas. Lorsqu'il termine enfin, je me lève brusquement, n'en pouvant plus.
— Alors, on y va ?
Il hausse un sourcil, visiblement blasé.
— Patience, petite, patience. T'en auras besoin quand tu seras là-bas. Autant que tu t'entraînes maintenant.
Sur ses mots, il se lève et sors de la salle. Je reste sur place, figée par la surprise. Pourquoi aurais-je particulièrement besoin de patience ? La porte par laquelle le scientifique est passé s'ouvre à nouveau, et son visage agacé apparaît.
— Ça veut pas dire que tu dois rester plantée là à rien faire toute la journée, par contre !
Retenant un rire, je cours pour le rattraper. Je ne sais pas ce qu'il prépare, mais visiblement nous n'avons pas de temps à perdre.
***
NDA
Sacré Elliott, toujours prêt à sortir une répartie cinglante x) Quel est votre personnage préféré jusqu'à présent ? Je suis curieux x)
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Le Coeur en Rythme
FantastiqueCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...