Cela fait maintenant une heure que je tourne en rond. Naël est aussitôt parti sur les lieux. Je ne sais pas comment il va réussir à atteindre l'endroit où se trouve Léo, mais il m'a affirmé que cela ne poserait pas de problèmes. Joachim tente de me rassurer comme il peut, mais lui aussi est nerveux. Autant dire que ce n'est pas efficace. Mais cela fait du bien d'avoir du soutien. Je finis par soupirer et m'écrouler sur une chaise. Le temps est affreusement long quand on attend une réponse.
Je vois alors le jeune homme se redresser et je tourne la tête vers lui, pour savoir ce qu'il se passe. Il me fait rapidement signe de venir, et je me lève. Je comprends alors que c'est Naël qui appelle. Je m'installe près de lui pour entendre le verdict. Lorsque nous apprenons que Léo est toujours vivant, nous sautons de joie. Je me retiens d'applaudir, pour pouvoir me concentrer sur la suite. Apparemment, il est dans le coma. Ce n'est pas très étonnant, vu son état. Mais au moins, il s'en sortira, c'est le plus important. J'échange un sourire avec Joachim et nous remercions Naël. Lorsque le jeune homme raccroche, je le vois s'agiter, légèrement nerveux. Je le bouscule un peu, moqueuse.
— Je vais devoir le remplacer pendant toute sa convalescence. Mais je ne suis clairement pas au niveau...
J'éclate de rire et lui fais un clin d'oeil malicieux.
— T'inquiète pas, je t'apprendrai.
Soulagé, Joachim hoche la tête, les yeux pétillants. Nous nous levons alors, et partons réunir les autres. Je m'occupe du laboratoire et de la bibliothèque, et lui gère le reste. Alors que j'arrive devant la première pièce, je vois que la lumière annonçant une expérience en cours est allumée. Je décide alors de frapper un grand coup pour être sûre d'être entendue. Une femme en blouse blanche ouvre la porte, légèrement agacée. Rapidement, je lui demande de réunir tout le monde présent pour nous rejoindre à la salle commune, car nous avons une annonce à faire. Elle hausse un sourcil, mais retourne rapidement chercher les autres en voyant mon air sérieux. Satisfaite, je pars en trottinant vers la bibliothèque. Là, j'entre pour appeler tout le monde à tue-tête. Au moins, je n'ai pas à parler très fort, tant c'est calme dans la pièce.
Au moment où j'arrive dans la salle commune, je vois que chacun arrive petit à petit. Joachim est debout sur la scène et me fait signe de le rejoindre. Je déglutis, nerveuse, puis pose un pied sur l'estrade avant de m'avancer vers lui. Nous avons fort à faire, ce n'est pas le moment d'avoir peur. Côte à côte, nous attendons que tout le monde soit présent et attentif. Le jeune homme se racle la gorge avant de commencer.
— Merci à tous d'être venu aussi rapidement. Certains d'entre vous le savent peut-être déjà, mais il y a eu un énorme accident sur l'autoroute pas très loin.
J'aperçois quelques personnes échanger des regards intrigués, mais sinon le silence règne. Tout le monde est à l'écoute, attendant d'en savoir plus.
— Léo est dans le coma, il fait partie des victimes de l'accident... J'ai besoin que vous fassiez une liste des personnes en retard pour qu'on détermine s'il y en a d'autres.
Des murmures inquiets et désolés parcourent l'assemblée. Joachim serre ses mains en poings, complètement stressés. Je décide alors de prendre la parole pour lui laisser un peu de répit. Je m'avance d'un pas pour que le calme revienne et que tous écoutent ce que j'ai à dire.
— Cet accident n'est pas anodin. Il s'étend sur plus de cinq cents mètres et son origine m'a l'air très étrange. Les urgences n'arrivent pas à circuler et certains de vos collègues sont peut-être dans un grave état. Il faut qu'on fasse quelque chose.
Je sens le regard de Joachim qui m'observe, ainsi que ceux de toute la salle. Je suis la nouvelle, je débarque de nulle part et je ne suis même pas censée travailler ici. Forcément, ça doit être perturbant. Le jeune homme pose alors une main sur mon épaule, et je le laisse continuer.
— Karin, je veux que ton équipe se rende sur place. On a du boulot. Il faut une personne pour gérer la panique des gens, une pour aider la police et les pompiers et une pour aider les urgences à se frayer un chemin jusqu'aux blessés. Tous les autres qui sont spécialisés dans les soins d'urgence, vous les accompagnez.
Joachim marque une pause, et tourne la tête vers moi. Il a l'air perturbé par ce que j'ai dit un peu plus tôt. Puis, il fixe à nouveau son regard sur Karin.
— Tu pourrais vérifier qu'il s'agit bien d'un accident classique ?
La jeune fille hoche la tête et esquisse un sourire. Puis, la plus âgée de son groupe s'avance, l'air embêtée.
— Joach', si on y va toutes les quatre, il n'y aura personne derrière pour nous guider.
— Je m'en occupe.
J'admire la façon dont il paraît sûr de lui. Il sait pertinemment qu'il n'y connait rien, et pourtant, en une phrase il rassure tout le monde. Il remercie alors tout le monde d'avoir écouté, et nous descendons de la scène, pendant qu'un brouhaha s'élève dans la pièce. Je le vois se tourner vers moi, complètement stressé. Je souris et hoche la tête.
— T'en fais pas, je reste avec toi.
Je vois ses épaules se détendre et ses yeux briller. Karin et son équipe s'approchent alors de nous pour régler les derniers détails avant de partir. N'y connaissant rien, je laisse Joachim s'en occuper et m'éclipse discrètement. Je décide alors d'aller vers la salle que je renomme intérieurement en salle de commande. Après tout, c'est là qu'il y a quelqu'un pour gérer l'arrière des personnes qui partent en mission. Je m'assois à la place où Joachim était installé un peu plus tôt et soupire. Je suis censée être une lycéenne ayant juste des problèmes de cauchemars. Du moins, ça l'était, à l'origine. Là, je me retrouve à enquêter sur un accident. Je repasse les images de mon songe en boucle. Le camion a fait un écart sans aucune raison. Et le conducteur ne comprend pas plus ce qu'il s'est passé, j'ai vu une interview de lui. Et surtout, ça ne crée pas un accident sur une telle distance. Je me masse les tempes, blasée par cette énigme. Je remarque alors un appel, et comprend qu'il vient de Naël. Sans réfléchir, je décroche. Au moment où le jeune homme comprend que c'est moi, un court silence s'installe. Puis il soupire.
— Tu pourrais me passer Joachim ?
— Pas dispo. Il est en train de voir avec Karin pour envoyer son équipe sur place en renfort.
Je décide alors de remettre les images des caméras sur l'écran. J'aperçois rapidement Naël, près de la voiture de Léo. Il a la tête basse et me paraît démoralisé.
— Tu te demandes sûrement quel est exactement notre travail. C'est ça. On essaye d'éviter les catastrophes ou au moins d'en atténuer les conséquences. On travaille partout dans le monde.
Le jeune homme marque une pause, comme hésitant à poursuivre. Je l'entends prendre une grande inspiration.
— Mazko, le prisonnier que tu as vu... Je l'ai poursuivi pendant un an entier. Ce type est complètement fou. Son objectif, c'est de contrôler les esprits des gens. Les contraindre à obéir alors qu'ils ne veulent pas. Les priver de toute volonté. Il faut absolument l'arrêter à nouveau. Et cette fois, il ne doit pas ressortir.
Je reste silencieuse, les yeux écarquillés. Je ne sais pas quoi dire. En apprendre plus sur le prisonnier fugitif me fait froid dans le dos. Il devait sûrement préparer quelque chose lors de mon dernier cauchemar sur lui. Je repense alors aux paroles de Naël quand je suis arrivée. Je suis la cible de ce taré. Cela veut dire qu'il souhaite m'utiliser pour parvenir à ses fins ? À cette pensée, je frissonne d'effroi.
— Naël, t'as déjà réussi à le coincer une fois. Tu peux recommencer. On le laissera pas faire.
Je devine alors qu'il sourit. Sur l'image de la caméra, je remarque qu'il se redresse et se tourne vers celle-ci. Il a sûrement compris que je regarde en ce moment-même.
— Ne t'en fais pas. Il est hors de question que je le laisse faire du mal à qui que ce soit. Et surtout pas toi.
***
NDA
Un chapitre plein de tensions, n'est-ce pas ? Un peu plus d'informations à propos de ce fameux prisonnier... Des théories sur la façon dont ils pourront l'arrêter ? Naël s'explique enfin, qu'en pensez-vous ? On se retrouve demain pour le chapitre suivant !
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...