Chapitre 59 : Réveil inattendu et repère secret

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Avant même d'ouvrir les yeux, un puissant mal de tête m'assaille. Je grimace de douleur et pose une main sur mon front. Pas de doute, je suis réveillée. Je reste immobile quelques instants, le temps de faire passer la douleur. Autour de moi, tout est calme. J'entends un feu crépiter à quelques pas de moi. Sa chaleur est réconfortante. Le trille étouffée d'un oiseau me rappelle où je suis.

Lentement, j'ouvre les yeux. Au-dessus de moi, la toile de la tente m'offre une myriade de motifs. Les couleurs sont chaudes, accueillantes. Quelques murmures à voix basse me font tourner la tête à gauche. L'ancien échange quelques mots incompréhensibles avec Elliott. Sentant mon regard qui les observe, l'aîné pivote vers moi. Il m'adresse un grand sourire, visiblement heureux que je sois réveillée.

Un bras se pose lourdement sur mon ventre. La main qui la prolonge attrape ma taille pour me tirer légèrement. Je me retrouve collée au torse de Naël. Son souffle chaud et lent m'indique qu'il dort encore. Mes yeux sont écarquillés de stupeur. Encore à moitié dans les vappes jusqu'à présent, je n'avais même pas remarqué sa présence à mes côtés. Je reste figée, ne souhaitant pas le déranger dans son sommeil. La situation serait particulièrement gênante pour nous deux.

C'est alors que le scientifique se retourne. Je dois avoir un air paniqué, car il se retient difficilement de rire. Il se mord la lèvre et pose une main devant son visage pour se contenir. Je le fusille du regard. Au lieu de m'aider, il ne fait qu'empirer les choses. L'ancien qui nous accueille dans son village, lui, reste d'un calme impressionnant. Il s'approche de moi pour m'examiner.

Sans plus de considération, il attrape le bras de Naël pour me dégager de sa prise. Le jeune homme commence à grogner et à lutter dans son sommeil. L'aîné le fait rouler sans une once de délicatesse, décidé. Il commence alors à écouter ma respiration, puis à poser une main sur mon front. D'un léger appui sur l'épaule, il m'invite à m'asseoir. Je me relève doucement, craignant de nouveaux vertiges.

Ces derniers ont complètement disparus. Je ne serais certainement pas capable de me mettre debout et de marcher, mais au moins, je peux rester assise sans aucune gêne. Je n'ai plus qu'à me reposer. Je suis soulagée de voir cette progression. L'ancien a lui aussi l'air satisfait. Il hoche la tête avant de se tourner vers Eliott pour lui dire quelques mots. Celui-ci me fait aussitôt la traduction.

— Tu as encore un peu de fièvre, mais ton état s'est grandement amélioré. D'après lui, tu devrais être remise demain. Nous sommes au beau milieu de la nuit, rendors-toi. Tu as besoin de te reposer, maintenant.

Je lui souris pour le remercier. Je pose une main derrière moi pour m'allonger. Une vision me fige aussitôt. Les images de mon rêve me reviennent, se succédant à une vitesse folle. La mémoire de ce qu'il s'est passé ravive un peu plus ma migraine. Malgré moi, mon souffle s'est accéléré.

Lorsque cela cesse, je reste immobile, pantelante. L'aîné qui me fait face reste serein. Ma réaction n'a pas l'air de l'inquiéter. Le scientifique, lui, me fixe, dérouté. Il me demande ce qu'il m'arrive, mais je suis incapable de lui répondre sur le moment. Je plie lentement mes jambes, me concentrant sur les sensations créées par le mouvement. Une fois en tailleur, je frotte mon visage avec mes mains.

— J'ai revu Mazko. Il a tenté de me manipuler une nouvelle fois. Je crois. C'était... étrange. J'ai du mal à comprendre ce que j'ai vécu.

Elliott lance un regard accusateur à l'ancien. Il lui transmet mes paroles sur un ton ennuyé. Ce dernier lève une main, coupable. Un petit sourire est dessiné sur ses lèvres. Il répond au scientifique sur un ton serein. Son air détaché est déroutant. Je me demande quel âge il a. Il a dû vivre bien des épreuves, pour rester aussi calme. Il correspondrait bien à la description d'un sage telle qu'on la fantasme.

Le Coeur en RythmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant