Chapitre 39 : visite d'hôpital et attaque

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Je tape du pied nerveusement, impatiente d'arriver à l'hôpital. J'ai appris ce matin que Nathan s'était réveillé, et nous avons profité de cette occasion pour aller à quatre là-bas. Naël, Mia et Elliott vont rendre visite à Léo, pendant que je vais voir mon petit frère. Apparemment, il n'y aura pas de séquelles. D'après les médecins, nous devons ça à Melchior. Lorsque la maison a commencé à brûler, Nathan était dans sa chambre. Les vapeurs toxiques lui ont vite fait perdre connaissance. C'est le chien qui l'a tiré hors de danger. Nous avons recueilli un héros à la maison. J'en ai pleuré, en l'apprenant.

Nous arrivons devant l'immense bâtiment de l'hôpital. Je sors en levant la tête pour observer la hauteur de celui-ci. Je ne sais pas à quelle fenêtre se trouve mon petit frère, mais bientôt je vais le rejoindre. Cette simple idée me réchauffe le coeur. Je suis l'équipe de secouristes, silencieuse. En entrant dans le hall d'accueil, je frissonne. C'est vraiment aussi froid que dans les films. Du blanc partout, un mobilier le plus sobre possible. Et visiblement le moins cher, quand je vois les fauteuils qu'il y a pour attendre. On dirait ceux qu'on trouve dans les aéroports. La secrétaire à l'accueil nous indique alors les deux chambres que nous cherchons. Mia et Elliott partent de leur côté, et Naël décide de m'accompagner avant de les rejoindre.

Nous marchons en silence, et je me demande pourquoi il a voulu venir avec moi. Je ne pose pas la question sachant déjà qu'il m'expliquera s'il le souhaite. Lorsque nous faisons face à la bonne porte, je toque doucement. Une infirmière m'ouvre alors. Je suis tombée pile au moment où quelqu'un vérifiait que tout allait bien, visiblement. Je lui souris et elle me laisse passer, en expliquant que nous avons peu de temps pour lui parler. Nathan vient de recevoir une petite dose de calmant, pour ne pas souffrir trop. Cependant, cela risque fortement de l'endormir. Je hoche la tête, puis m'approche du lit dans lequel se trouve mon petit frère. En me voyant ses yeux s'illuminent. La partie gauche de son visage est pleine de pansements, et je devine qu'il ne sourit pas à cause de cela. Le voir dans un tel état me serre le coeur.

Lorsque Naël arrive près de moi, Nathan écarquille les yeux. Je pose doucement une main sur son épaule pour le rassurer. Je ne sais pas pourquoi il a peur, mais j'essaye tout de même de le calmer. Je peux voir que son rythme cardiaque s'est accéléré, d'après ce que dit la machine. Je tourne la tête vers le jeune homme et hausse un sourcil. Celui-ci soupire avant de s'asseoir sur une chaise.

— Bonjour, je m'appelle Naël et je suis secouriste. Tu as l'air de me connaître. C'est vrai ?

Mon petit frère hoche doucement la tête. Surprise, je regarde le jeune homme. Il est venu là parce qu'il se doutait que Nathan l'avait déjà vu. Mais où et quand ? Je le vois se mordiller la lèvre.

— On t'a montré une photo de moi, n'est-ce pas ?

Le petit garçon hoche à nouveau la tête. Ma respiration se bloque, et j'échange un regard inquiet avec Naël. Quelqu'un était dans la maison. Je suis sûre que c'est ce qu'il a trouvé. Il y avait quelqu'un lorsque cela a brûlé. Et il a tenté de lui parler. Il lui a sûrement raconté n'importe quoi. Ce n'était pas le prisonnier, tout de même ? Le jeune homme sort son téléphone de sa poche, et affiche une photo. Il la montre à mon petit frère, et je fronce les sourcils. Non, ce n'est pas lui. Mais je n'ai aucune idée de qui il s'agit.

— C'est lui qui te l'a montrée ?

Nathan confirme à nouveau, mais il n'a pas l'air inquiet en voyant l'image. Naël soupire. L'homme sur la photo a manipulé mon petit frère. Mais qui est-ce ? Le jeune homme ne l'apprécie pas du tout. Je sens son coeur de serrer à la réponse du petit garçon. Je pose une main sur la sienne et la serre. Lorsqu'il lève la tête vers moi, je lui fais un petit sourire. Celui-ci y répond, ne voulant visiblement pas que je m'inquiète pour lui. C'est trop tard. Un des effets de notre lien est que je peux sentir ses émotions. Il pourra tenter de me rassurer autant qu'il peut, ça ne marchera pas. Il prend alors une grande inspiration, et je sens qu'il va dévoiler l'identité de l'homme sur la photo.

— Celui que tu as vu, c'est l'ancien ami de mon père. Il l'a trahi et lui a fait beaucoup de mal. Maintenant, il cherche à m'en faire aussi. Et il veut aussi mettre ta soeur en danger. Il y a de grandes chances pour que ce soit lui qui ait mis le feu à la maison. Quoiqu'il t'ait dit, il ne faut pas lui faire confiance. D'accord ?

Nathan hoche la tête, les larmes aux yeux. Je pose à nouveau une main sur son épaule, et touche son front avec le mien. C'est un geste que nous faisons souvent pour nous soutenir. Je ne sais plus comment c'est venu, mais lorsque l'un de nous est triste, l'autre fait ça. En général, ça fonctionne. Je reste ainsi quelques secondes, les yeux fermés, avant de m'écarter. Je vois une lueur de remerciement dans le regard de mon petit frère, et lui répond avec un sourire. Je sais qu'il a peur et qu'il est perdu. Mais je sais aussi que papa vient souvent le voir. Il paraît qu'il lui rend visite tous les soirs et qu'il reste jusqu'à ce qu'on l'oblige à partir. Je soupire. Ma famille est brisée. Ma mère a disparu, mon frère à l'hôpital, et mon père se retrouve seul, à vivre chez son frère car nous n'avons plus de maison. Lui non plus ne doit pas bien dormir, la nuit.

Je salue Nathan, et nous sortons pour aller voir Léo. Chacun son tour de rendre visite à un proche. Sur le chemin, Naël m'arrête et me serre dans ses bras. Je ferme les yeux et profite de l'étreinte. Si on m'avait dit qu'un jour j'apprécierais les câlins... Un mouvement d'agitation nous force à nous séparer, pour essayer de comprendre ce qu'il se passe. Nous échangeons un regard, avant de courir vers le hall. Nous voyons alors un homme filer vers la sortie, suivie de près par Mia, qui fait tout pour l'arrêter. Aussitôt, le jeune homme à mes côtés lui emboîte le pas. Je décide alors d'aller jusqu'à la chambre de Léo, pour voir s'ils vont bien.

Lorsque j'arrive, la porte est grande ouverte. Le lit est vide, et je fais le tour pour voir le jeune homme, à genoux auprès d'Elliott. Celui-ci a le bras en sang, et se le tient avec son autre main. J'écarte Léo du scientifique, et lui ordonne de retourner se coucher. Pendant qu'il appuie sans arrêt sur le bouton d'aide, j'attrape le plus de compresses que je trouve pour les appuyer fortement sur sa plaie. Il a été coupé sur l'intérieur du bras, sur toute la longueur. Je grimace en voyant l'apparence de la blessure. J'espère que des infirmières arriveront bientôt, car je ne suis pas sûre qu'Elliott reste conscient très longtemps.

Au bout d'une ou deux minutes, qui me semblent durer une éternité, une équipe médicale arrive. J'attire leur attention, puisque je suis cachée par le lit, et le scientifique est aussitôt pris en charge. Je soupire de soulagement en voyant qu'il devrait s'en sortir. Epuisée, je m'écroule sur la seule chaise disponible dans la pièce. C'est à ce moment-là que je me rends compte que je suis couverte de sang. Au moins, ce n'est pas le mien. Léo m'observe, silencieux, et je hausse un sourcil.

— T'attires vraiment les emmerdes comme un aimant, toi. J'aimerais pas être à ta place.

Je lui rends un sourire sarcastique en réponse. Naël entre alors, essoufflé, et m'aperçoit couverte de sang. Il écarquille les yeux, et je prends un long moment à le rassurer. Il a du mal à croire que tout cela ne vient pas de moi. Je lui explique alors ce qu'il s'est passé quand je suis arrivé et il soupire.

— Il suffisait de parler du loup...

Comprenant qui les deux collègues poursuivaient, je le serre dans mes bras. Mia débarque peu après, l'air maussade. L'homme a réussi à les semer. Savoir qu'il rôde dans le coin n'est pas du tout une bonne nouvelle. Plutôt que d'attendre qu'Elliott aille mieux, Mia et Naël décident de me ramener à la base. Je déglutis, sachant ce que cela signifie. L'impression d'avoir une cible dans le dos est de retour.

Le Coeur en RythmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant