Nous sommes montés dans le premier avion qui nous ramenait chez nous. Si le trajet aller était long, celui du retour nous paraît interminable. N'ayant aucun détail, hormis ce court message, les suppositions vont et viennent. Nous imaginons les pires scénarios. Je suis incapable de fermer l'oeil, alors que j'en ai le plus grand besoin. En apercevant la piste d'atterrissage, la tension monte d'un cran. Je regrette déjà de ne pas m'être forcée à dormir. Ma vision se trouble par moments. Je dois faire un grand effort de concentration pour compenser.
D'un commun accord, nous piquons un sprint jusqu'à la voiture. Pas besoin de discuter. Elliott est au volant, Tat' à ses côtés. Je me retrouve à l'arrière avec Naël. Le silence est pesant, mais aucun de nous ne veut risquer d'alourdir encore plus l'ambiance. La crainte me noue l'estomac. Suite à ma victoire contre Mazko, il a dû essayer une autre façon de m'atteindre. Quoi de mieux que de prendre en otage tous nos coéquipiers pendant notre absence ?
Le jeune homme se penche sur son sac et commence à fouiller dedans. Ravie d'avoir une distraction, je l'observe faire, curieuse. Il finit par en sortir un petit oreiller, qu'il pose sur ses genoux. Il se redresse, m'accorde un coup d'oeil furtif avant de se tourner vers la fenêtre. J'esquisse un léger sourire. Il n'y avait pas d'inquiétude dans son regard. Juste une proposition. Je fixe le coussin.
Je ne servirai à rien dans cet état. Je suis épuisée, sur les nerfs, incapable de garder mon sang-froid. Avoir quelques minutes de repos ne pourra que m'aider à mieux appréhender la situation. Avec lenteur, je m'allonge, la tête posée sur les genoux de Naël. Je grimace face au manque de confort. Dormir dans une voiture, c'est vraiment la pire idée. La boucle de la ceinture appuie dans mon dos. Malgré tout, je m'endors en un rien de temps.
***
Un brusque freinage me sort violemment de mon sommeil. Les yeux écarquillés, je fixe le siège devant moi. Heureusement que le jeune homme était là pour me retenir. Il a passé son bras devant mes épaules, me gardant près de lui. Il le retire dès que nous sommes arrêtés. Je me redresse, nauséeuse.
— Ca sent les emmerdes, ça.
Elliott se retourne vers moi. Il est parfaitement détendue, malgré la grimace qu'il m'offre.
— Un peu plus, j'écrasais ton père.
Ahurie, je me détache pour me pencher vers l'avant, entre les sièges. En effet, mon père se tient juste devant le capot. Il a une main tendue au-dessus de celui-ci, comme pour se stabiliser. Quelques mètres plus loin, Joachim sort du centre d'opération. Je le vois marquer un temps d'arrêt, avant de poser une main sur son visage.
Je profite de cette cacophonie pour sortir de la voiture. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? En m'apercevant, mon père s'élance vers moi. Il me prend dans ses bras, me serrant avec force. Je grimace sous l'étreinte. J'ai déjà Tat' qui transforme mes côtes en miettes, je n'ai pas besoin que quelqu'un d'autre le fasse.
— Maaaaaaaï !
Je me dégage, pour me tourner vers mon interlocuteur, mais celui-ci ne m'en laisse pas le temps. Conan se jette littéralement sur moi. Je l'attrape, recule de quelques pas à cause de l'impact, puis tombe sur les fesses. Je grogne à cause de la douleur de la chute. Mon meilleur ami ne me laisse même pas le temps de reprendre mes esprits. Il se redresse, se précipite sur la voiture, ouvre en grand la portière où se trouve Tat'.
— Toi tu vas me payer cette immense trahison. Tu pars avec Maï, SANS MOI ? Tu ne m'as même pas prévenu ! Quelle honte, c'est inacceptable, que dis-je, impardonnable ! J'exige que tu payes le prix de ce manquement. Trois mois de goûter. Faits maisons. De tes mains.
Remarquant Joachim, qui s'est approché sans un bruit, je me redresse et m'approche de lui. Je remarque qu'il ne sait pas comment réagir. Il a l'air heureux de ses retrouvailles, mais aussi gêné, et inquiet.
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...