J'ouvre les yeux et me redresse soudainement. Je prends un instant pour calmer ma respiration, avant de prendre conscience de là où je me trouve. Je suis dans l'entrée du centre, entourée par toute l'équipe de secours. Le visage inquiet de Naël occupe tout mon champ de vision. Un peu perdue, je prends le temps de me caler contre le mur, avant de réfléchir à ce qu'il vient de se passer. Petit à petit, les images me reviennent. Je serre les poings. Elle le connaît. Elle le connaît, bon sang ! J'aurais dû lui parler de mes cauchemars, j'aurais dû lui dire dès le début, elle aurait compris, elle aurait su que c'était une mauvaise nouvelle, on aurait pu éviter tout ça, on...
— Maïwenn ?
Je lève mon regard vers Joachim, et remarque que tout le monde m'observe, avec un mélange d'inquiétude et d'incompréhension. Je soupire et pose mon front sur mes genoux. J'ai beau prendre le temps de respirer le plus lentement possible, je suis incapable de me calmer. Ne supportant plus le regard insistant des autres, je me lève d'un bond, et file à toute vitesse vers la salle de sport. J'ai besoin de foutre un bon coup dans un sac de boxe.
Lorsque j'entre dans le mini gymnase, je ne me soucie pas une seconde de la présence d'autres secouristes, et part en courant vers le premier sac que je vois, pour lui mettre une patate comme je l'ai rarement fait. Le voir valdinguer me calme un peu. J'entends alors quelqu'un s'approcher. Aussitôt, je me tends. La voix de Marianne s'élève, ordonnant au visiteur de partir. Intérieurement, je la remercie.
La femme apparaît alors dans mon champ de vision, le visage fermé, et attrape le sac de boxe. Elle me fixe, et d'un signe de la tête, me fait signe de frapper. Pendant quelques minutes, nous continuons ce petit manège, Marianne maintenant le sac, moi le frappant. Puis, elle commence à m'indiquer des détails pour corriger mes coups, les améliorer, les rendre plus puissants. Au bout d'une demi-heure, exténuée, je m'écroule au sol. La femme aux cheveux gris s'assoit à côté de moi, en me tendant une gourde d'eau. Je l'attrape avec un sourire, et bois près de la moitié de l'eau de la bouteille.
— Ça va mieux ?
Je hoche la tête avant de fixer le plafond. Voyant que je ne dis rien de plus, Marianne soupire. Elle finit par s'allonger près de moi. Je l'observe du coin de l'oeil, attendant qu'elle continue.
— Bon, c'est quoi la mauvaise nouvelle ?
Je retiens un ricanement amer. Au moins, elle me permet de synthétiser. Je la remercie grandement pour ça. Pas besoin d'en faire tout un roman, cela se résume en une phrase.
— Ma mère connaît celui qui l'a enlevée et c'est moi la cible.
— Boh, pour la deuxième partie on le savait déjà.
Je souris et ne dis rien de plus. C'est vrai. Si je suis là, c'est justement pour cette raison. La femme aux cheveux gris se relève et me tapote l'épaule avant de repartir pour continuer la leçon avec les autres secouristes présents. Je reste sans bouger quelques minutes, seule. Je finis par soupirer et me relever. Après m'être autant défoulée, il faut que je me change. Mes vêtements sont plein de sueur.
Lorsque je passe la porte menant au couloir, je remarque que Naël est adossé au mur, juste à côté. Je m'arrête, surprise, et il lève la tête vers moi. Nous nous observons sans un mot, légèrement mal à l'aise. Je lui fais alors signe de me suivre et il accepte sans rien dire. Lorsque nous traversons la salle commune, je sens des regards curieux se poser sur nous, mais décide de les ignorer. Une fois dans ma chambre, je ferme la porte derrière nous. Dans un soupir, je passe une main sur mon visage.
Un peu perdu, le jeune homme s'assoit tout au bord du lit. Je décide de le rejoindre et de m'installer à ses côtés. Le regard dans le vague, je repense à la vision que je viens de recevoir. Lentement, je commence à lui raconter ce qu'il s'est passé. Attentif, Naël ne dit pas un mot. Il m'écoute simplement, sans intervenir. Lorsque j'arrive à l'échange entre ma mère et celui qui l'a enlevée, mes poings se serrent. Je finis par le moment où j'ai assommé l'homme, qui est la dernière chose dont je me souviens avant de m'être réveillé.
Lorsque je tourne la tête vers Naël, je remarque qu'il est surpris. Il finit par éclater de rire, et je fronce les sourcils. Avec une mine boudeuse, je croise les bras. Je ne vois pas vraiment ce qu'il y a de drôle dans tout ça.
— Attends mais c'est génial, ça veut dire que tu as réussi à protéger ta mère ! Tu l'as assommé, sans même qu'il comprenne ce qui lui arrive !
Je finis par esquisser un sourire, la bonne humeur du jeune homme étant contagieuse. Néanmoins, je finis par me perdre à nouveau dans mes pensées, revenant sans arrêt à cet échange entre ma mère et son kidnappeur. Une main se pose sur mon épaule, me forçant à me concentrer sur le présent.
— J'ai une idée sur la manière dont ils ont pu se connaître. Mon père est devenu ami avec lui lors d'une voyage humanitaire, pour venir en aide à un village suite à un tremblement de terre. Ta mère l'a peut-être connu de la même manière.
Je me mordille la lèvre, dubitative. Ça n'explique pas ce qu'il voulait dire quand il expliquait l'avoir utilisée. Mais cela pourrait me donner une piste à creuser. Naël pose alors délicatement une main sur ma joue. Je lève les yeux vers lui, et il se penche vers moi, jusqu'à ce que nos fronts se touchent. Les battements de mon coeur s'accélèrent par cette soudaine proximité.
— Ne t'en fais pas. On va trouver le fin mot de cette histoire et ramener ta mère. Ok ?
Je déglutis, sa voix douce et suave m'empêchant de me concentrer correctement. Je lui réponds d'un petit sourire, qu'il me rend aussitôt. Bon sang, je partage quand même mes rêves avec lui et je perds tous mes moyens dès que nous sommes proches physiquement. Si Elliott était là, il se moquerait bien de moi. Non, si Elliott était là, nous ne serions pas aussi proches l'un de l'autre. Il m'a dit d'apprendre à faire confiance à Naël et de ne pas me soucier du regard des autres. Je pense que je viens de faire un pas vers cet objectif. Reste à savoir si le jeune homme en fera de même.
Naël s'écarte alors, et je cligne des yeux, légèrement surprise. Je le regarde, sans bouger, pendant qu'il sort la photo que je lui ai rendue ce matin. Aussitôt, un léger voile passe sur ses yeux. Je sens que son coeur se serre, les souvenirs de l'époque l'envahissant sûrement à la vue de l'image. Il prend une grande inspiration, et me tend le cliché. Je l'attrape délicatement, et l'observe, comme je l'avais déjà fait plus tôt dans la journée. Il me présente chaque personne se trouvant sur la photo, faisant toujours une pause entre deux. Je ne dis rien, le laissant aller à son rythme, tout comme il l'avait fait avec moi un peu plus tôt.
Lorsqu'il termine, je vois qu'il serre les dents pour retenir ses larmes. Je l'entoure de mes bras, et il se cache dans mon cou. Nous restons ainsi un instant sans bouger, sans rien dire. Au final, je brise le silence. Avec un seul mot. Rien de plus.
— Merci.
***
NDA
Courte note, je me rends compte que cette fin de chapitre correspond au mood que j'ai x) Ce merci résume tout en fait. Sur ce, je passe tout de suite au chapitre suivant !
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...