Chapitre 19 : visite guidée et présentation de l'équipe

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Pour faire le trajet jusqu'à la base, nous rentrons tous dans une voiture, Mia au volant. L'intérieur est spacieux et sobre. Elle leur sert sûrement pendant les missions. Alors que nous démarrons, je remarque que tout est silencieux. Surprise, je demande s'il s'agit d'une électrique. J'aperçois par le rétroviseur le sourire énigmatique de Léo et Mia éclate de rire. Au final, c'est Naël qui se décide à me répondre.

— Ouais, c'est une version améliorée de ce qu'on peut trouver couramment. On la recharge avec de l'énergie qu'on produit nous-même.

Je me mets alors à observer d'un peu plus près l'habitacle dans lequel je me trouve. Je sens que je vais prendre un plaisir fou à la fouiller de fond en comble pour comprendre son fonctionnement. Je croise le regard légèrement surpris du jeune homme à ma gauche, qui ne devait pas s'attendre à me voir aussi intéressée. S'il pense déjà me connaître en quelques jours, c'est qu'il n'a encore rien compris. L'air de rien, cela me confère un petit sentiment de satisfaction. Je sais que je ne connais rien de Naël et, jusqu'à présent, c'est comme s'il savait tout de moi. Voir que cela n'est pas le cas nous remet enfin sur un pied d'égalité.

Au bout d'une heure, nous arrivons à l'orée d'un petit bois. Mia ne s'arrête même pas et s'enfonce entre les arbres, totalement détendue. Elle a l'air de bien savoir ce qu'elle fait, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu nerveuse. Les arbres sont tellement proches, j'ai l'impression que l'on va rentrer dans l'un d'eux. Après quelques minutes, nous arrivons face à un bâtiment remarquablement camouflé. Il se fond dans le décor. En sortant de la voiture, je pousse un sifflement d'admiration. Tout est adapté au lieu où nous nous trouvons. C'est du génie. Je m'approche lentement, pour être sûre de ne rien louper.

L'entrée se trouve calée contre un arbre, et le mur suit le prolongement de celui-ci. Le revêtement est en bois, et celui qui a construit cet endroit a pensé à orienter les lames de bois pour faire croire à d'autres arbres. Si on s'approche, on peut même voir que la couleur et la texture ont été vieillies pour s'adapter à celles de la forêt. Le perron est formé à partir d'une racine qui sort de terre. Les gouttières suivent le chemin du lierre pour se camoufler et paraître invisibles. Tout a été pensé pour qu'on ne voie pas qu'il s'agisse d'un bâtiment. A ce niveau-là, c'est même de l'art.

— On a quelques talents parmi nos inventeurs.

Sans blague, je n'avais pas remarqué. Naël se tient à mes côtés, une lueur amusée dans son regard pendant qu'il m'observe. Je finis par me détourner de ma contemplation pour suivre Mia et Léo, gênée d'être fixée ainsi. Lorsque j'entre, je suis frappée par la différence d'ambiance entre l'intérieur et l'extérieur. Des tablettes sont incrustées sur les murs, à intervalles réguliers. Tout doit sûrement être contrôlé de cette manière. Cet endroit est totalement futuriste. Le jeune homme, qui décide de me suivre à chacun de mes pas, en profite pour commenter tout ce que je vois.

— On a pour objectif de tout contrôler avec les tablettes. Pour le moment, à part les lumières et les volets, on n'a pas grand-chose... Mais ça vient.

Prochaine étape, les portes. Et là, on se croira dans un vaisseau spatial, comme dans un film. En parlant de lumière, je me rends compte qu'il n'y a pas de lampe. Il s'agit plutôt de bandes lumineuses qui parcourent les murs, le sol, le plafond. C'est plutôt perturbant, mais elles dégagent une couleur douce et chaleureuse. La première pièce que nous passons sur la droite ressemble à un vestiaire. La porte est ouverte, et je peux voir que la salle mène à une autre au fond. Salle d'entraînement, peut-être ? Je déduis que la porte suivante donne lieu au même type de pièces et continue d'avancer, curieuse. A gauche, nous dépassons une double porte, et une lumière est allumée au-dessus de celle-ci. Je tourne la tête vers Naël, attendant qu'il m'explique de quoi il s'agit.

— C'est le laboratoire. Interdiction d'entrer quand le signal est allumé, ça veut dire qu'une expérience est en cours.

Je hoche la tête silencieusement, intriguée. Voilà un endroit qui va m'intéresser. Le couloir tourne alors à droite, mais le jeune homme m'indique de continuer tout droit. Dans un haussement d'épaules, j'ouvre un battant de la double porte qui me fait face et arrive dans une énorme salle à manger. De là partent trois couloirs. J'avance lentement, observant autour de moi. Trois grandes tables traversent la pièce. Le mur à droite a été percé pour créer un comptoir entre ici et la cuisine. Une porte se trouve juste à côté pour y entrer. Cet endroit est immense. La hauteur sous plafond est beaucoup plus importante que dans le couloir. C'est visiblement un lieu de retrouvailles. A ma gauche, calé contre le mur, se trouve une scène. Cette pièce est donc le coeur de la base. Un couloir se trouve de chaque côté de l'estrade, et un dernier s'enfonce dans le mur en face de moi.

— Je te présente la salle commune. C'est ici que nous passons la plupart de notre temps. En ce moment c'est un peu désert, mais c'est parce qu'une grande partie du monde présent travaille.

Je hoche la tête, silencieuse. Il y a environ une dizaine de places par table, j'en conclus donc que nous sommes une trentaine. Cela va faire beaucoup de noms à retenir, même si ce n'est pas plus qu'une classe. J'ai réussi à mémoriser en une semaine ceux de mes camarades. Je devrais bien réussir à faire de même ici. Mia s'assoit alors sur une des tables, pendant de Léo prend une chaise. Tous les deux se tournent vers moi, souriants. Naël recule un petit peu pour les rejoindre.

— Ici, nous fonctionnons par petites équipes. Tu connais déjà presque tout le monde dans la mienne, puisque tu as rencontré ces deux-là ce matin. Il manque une dernière personne, mais c'est quelqu'un d'un peu particulier, je ne sais pas si nous le verrons aujourd'hui.

Je hausse un sourcil, curieuse. Des petits pas pressés se font alors entendre dans un des couloirs à ma gauche et je tourne la tête. Un petit homme chauve apparaît alors, portant une blouse blanche beaucoup trop grande pour lui. Il paraît avoir quarante ans, mais difficile d'estimer tant il est tassé sur lui-même. Ses yeux noirs me scrutent attentivement, comme s'ils m'évaluaient.

— Vous enlevez des gamines, maintenant ? Je croyais qu'on était côté gentils ? Moi qui me retenait de faire mes essais de bombes, je vais pouvoir maintenant.

— Tu ne vas faire aucun essai du tout. Maïwenn est la cible de Mazko, elle est ici pour sa sécurité.

Mazko ? Serait-ce le nom du prisonnier que j'ai vu ? Sûrement. En tout cas, Naël vient de me confirmer qu'il connaît ce fou. Le petit homme en blouse blanche m'étudie alors attentivement en secouant la tête.

— Tant qu'elle traîne pas dans mes pattes, ça posera pas de problèmes.

Aussitôt, il part en trottinant vers la porte par laquelle nous sommes entrés. Sûrement pour aller au labo. Je me tourne vers Naël, en haussant un sourcil. Celui-ci soupire et me sourit, gêné.

— Tu viens de croiser le dernier membre de l'équipe. Il s'appelle Elliott.

Je ne m'attendais clairement pas à ce qu'un tel personnage vienne compléter leur groupe. Tous les trois ont l'air extrêmement complices et fusionnels, alors que le quatrième paraît complètement à l'ouest, à côté de la plaque. Je hausse les épaules. Je ne le connais pas encore. Si c'est le scientifique du groupe, je peux bien trouver un moyen de m'entendre avec lui. Il faut juste que je trouve comment l'aborder sans qu'il se referme comme une huître.

Naël prend alors les devants et m'emmène dans le couloir au fond de la salle. Nous passons quelques portes, puis il s'arrête devant la cinquième à ma gauche. Il me fait alors signe d'ouvrir la porte et j'entre timidement dans la pièce. Il s'agit d'une chambre. Elle est assez simple, mais paraît confortable. Un grand lit est calé dans le coin devant à gauche et une armoire est placée dans son prolongement. Sur le mur de droite se trouve une porte que je devine être la salle de bain. Et juste à côté de moi se trouve une table et une chaise.

— C'est rudimentaire, mais je te présente ta chambre.

Je me tourne vers lui, et le remercie. J'aime bien les pièces simples comme celle-ci. Cela me convient parfaitement. Naël s'éclipse alors pour que je m'habitue aux lieux. Aussitôt, je m'effondre sur le lit. Je suis surprise par son confort et souris, appréciant cette bonne nouvelle. On n'est que le matin et je vis déjà une sacré journée. J'espère que cela ne sera pas comme ça tous les jours. Cela fait beaucoup trop d'émotions d'un coup.

Le Coeur en RythmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant