Je tape violemment le sac de boxe face à moi. Celui-ci se balance dans les airs sous l'effet du choc. Je serre les dents et frappe à nouveau. Je n'aime pas être une cible. Je n'aime pas mettre les autres en danger. Je n'aime pas cette situation. Et surtout, je n'aime pas me sentir impuissante. Je ferme les yeux en sentant les larmes venir. Ce n'est pas le moment de flancher. Je ne vais pas pleurer pour ça, quand même. D'un geste ample, je donne un énième coup dans le sac.
Un sifflement d'admiration me sort de ma torpeur et je regarde dans la direction de celui-ci. J'aperçois Marianne, qui dirige habituellement le groupe de boxe. Cela m'étonne de la voir ici, il est tard. Elle devrait être rentrée, depuis le temps. Je pose mes poings sur les hanches, attendant de savoir ce qu'elle me veut. Pour cette fois, j'ai envie d'être seule.
— Impressionnant, tu sais vraiment bien te repérer dans ton espace. Ton coup était parfaitement placé, alors que tu avais les yeux fermés.
Je ne réponds pas, mal à l'aise. Mince, à peu de choses près, elle me voyait fondre en larmes. La femme aux cheveux gris s'approche de moi, et me demande de me remettre en position. Sans comprendre, je fais ce qu'elle me dit. Elle attrape alors délicatement mon bras, pour corriger tous les petits défauts. Impressionnant, elle a le sens du détail. Puis, elle m'indique de faire le geste au ralenti. Là encore, elle corrige quelques défauts. Je lance ensuite un vrai coup, qui remue bien plus le sac que mes tentatives précédentes. Et j'ai utilisé la même force, pourtant.
— Voilà, tes gestes seront plus efficaces ainsi. Pas besoin de mettre des patates pour envoyer valser l'adversaire.
Je la remercie d'un sourire, et elle me répond de la même manière. Je me tourne à nouveau face à mon punching ball, et imagine la tête de mon adversaire. J'attends que la colère monte à son maximum, avant d'envoyer un coup bien plus violent qu'avant. Je vois la femme sursauter près de moi. Gênée, je m'excuse. Celle-ci éclate de rire en retour.
— Ne t'en fais pas. Je connais ton maître et son dojo. J'imagine que tu peux contrôler ta colère si besoin. Mais il faut bien l'évacuer à un moment.
Je hoche la tête, avant de me retourner vers le sac de boxe. Pendant près d'une demi-heure, je continue à frapper dedans, pour me défouler, et espérer me sentir mieux. Au final, je finis juste par me sentir épuisée. La colère et la tristesse ont disparu, au moins. C'est le plus important. Sans que je m'en rende compte, Marianne s'est éclipsée. Je devais être sacrément absorbée dans ce que je faisais.
Avant de rejoindre les autres pour le repas du soir, je passe en vitesse dans ma chambre pour me doucher. Il faut dire que j'ai sacrément transpiré à frapper le sac sans relâche. L'eau chaude me fait un bien fou, et mes épaules se détendent légèrement. Après ça, j'attrape un t-shirt et un pantalon de sport à la va-vite, avant de retourner à la grande salle. J'aperçois Naël et Mia qui m'attendent, et je les rejoins. Je ne décroche pas un mot du repas, perdue dans mes pensées. Le jeune homme m'a demandé plusieurs fois si ça allait et je me suis contenté de hocher la tête. Je sais qu'il ne va pas me lâcher de la journée demain à cause de ça, mais je n'ai pas le coeur à faire des efforts. La fatigue est en train de me tomber dessus et je ne peux m'empêcher de bâiller régulièrement.
Alors que tout le monde termine et que certains se lèvent, j'aperçois Mia se moquer de Naël. Elle a dû remarquer que j'étais épuisée et que ce dernier s'inquiétait beaucoup trop. Le seul détail, c'est qu'il n'y a pas que de la fatigue. Une intense mélancolie m'envahit depuis que nous sommes rentrés et je sais que le jeune homme la sent. Je profite de leur dispute pour m'éclipser. Mais plutôt que de retourner à ma chambre, je me dirige vers la bibliothèque. Je me souviens avoir trouvé un endroit tout en haut d'une étagère. De quoi être tranquille. Je suis sûre que personne ne viendra me voir, ici.
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Le Coeur en Rythme
Siêu nhiênCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...