Le Coeur en Rythme

Chapitre 38 : bricolage et rampe de glisse

Dans un grand bruit de fracas, je tombe à la renverse, en emmenant tout un tas de planches avec moi. Je ne peux retenir une exclamation de douleur lorsque l'une d'elles m'atterrit dessus. Des pas se font alors entendre, et bientôt je peux voir le visage intrigué d'Elliott face à moi. Il m'observe, une planche dans la main, une autre sur mes jambes, le reste dans un bazar fou au sol. Puis, il éclate de rire. Vexée, je pose le bois que je tiens pour croiser les bras. Lorsqu'enfin il se calme, il me propose son aide pour me relever, et nous rangeons tout ce que j'ai éparpillé. Puis, sur mes indications, il emmène le reste de matériel dont j'ai besoin. Nous posons tout sur une table du labo et le scientifique se tourne vers moi.

— Qu'est-ce que tu comptes faire avec tout ça ?

Je souris et lui fais un clin d'oeil avant de partir chercher les outils nécessaires. Principalement de quoi découper. Je fixerai le tout en fin de journée si j'ai le temps. Je commence en attrapant les tasseaux, et sors mon carnet. J'ai noté toutes les dimensions qu'il me fallait. Je marque sur chacun d'eux l'endroit où couper, et lance le tout. Avec la quantité que j'ai à faire, cela me prend bien une heure. Lorsque je termine, je tourne la tête, ayant remarqué la présence de Naël. Celui-ci croise les bras et hausse un sourcil. Il n'en saura pas plus qu'Elliott. Ils comprendront plus tard.

A la fin de la journée, je n'ai fait que découper la première partie de ce que je veux faire. Il s'agit d'un module assez simple pour faire du skate. Etant donné que nous nous trouvons en pleine forêt, je n'ai pas d'autres choix que d'en fabriquer un si je veux pouvoir me servir du cadeau de Tat'. Peut-être que cela intéressera ceux qui travaillent ici. Je leur apporte un sport supplémentaire. Je laisse ce que j'ai en cours sur la table, l'ayant réservée pour plusieurs jours.

Lorsque j'arrive dans la salle commune, je vois les deux garçons m'observer avec une mine boudeuse. Ils sont revenus plusieurs fois au cours de la journée pour me poser encore et encore la même question, et j'ai fini par les gronder parce que je ne pouvais pas avancer. Je crois qu'ils m'en veulent toujours pour ça. Je m'assois auprès d'eux et secoue déjà la tête avant qu'ils ne recommencent avec leur interrogatoire. Ils n'obtiendront rien de moi. Quels enfants ils font, quand ils veulent. Incapables d'attendre quelques jours.

— Mais qu'est-ce qui se passe entre vous trois ?

Mia a vu notre petit manège et nous observe, dubitative. J'éclate de rire, avant de lui expliquer la raison pour laquelle ils ne sont pas contents. Elle pouffe en entendant cette histoire. Puis, elle tapote l'épaule d'Elliott, d'un air moqueur.

— Les pauvres petits, ils ne pourront pas satisfaire leur curiosité avant que ça soit fini...

Je retiens difficilement un gloussement face au ton de la jeune fille. Le scientifique est encore plus vexé qu'auparavant. Il croise les bras en tournant la tête. Le reste du repas se passe dans la même ambiance amusée, chacun des deux garçons essayant régulièrement de récupérer des informations sur ce que je fais. Mia finit par lâcher un soupir théâtral, désespérée par leur comportement. Je me demande comment elle fait pour les gérer depuis tout ce temps. Ils ont l'air sacrément têtus quand ils s'y mettent. Et j'ai cru comprendre que Léo était pas mal dans le genre, lui aussi. Devoir les gérer tous les trois doit être infernal, par moments.

Les jours suivants se passent de manière identique à celui-ci. Je passe la journée au laboratoire pour avancer la construction du module, pendant que les deux garçons viennent sans arrêts pour essayer de comprendre ce que je fais. Mia et moi désespérons à chaque repas, et nous avons juste hâte que tout cela soit terminé. Lorsque j'arrive sur la mise en place de la dernière partie du module, Naël et Elliott se mettent à se relayer pour deviner ce que c'est. Je dois avouer que les voir ne pas comprendre m'amuse beaucoup. Mais je finis par les chasser, car ils m'empêchent de terminer. Si je les laisse faire, je prends deux jours de plus pour finir.

Un matin, sans prendre le temps de manger, je me dirige vers le laboratoire. La colle a fini de sécher sur la dernière partie, normalement. Et le module doit donc être enfin prêt. J'ai un sourire de victoire en voyant que les dimensions collent parfaitement à ce que j'ai imaginé. J'en profite pour aller chercher les deux garçons, pour qu'ils m'aident à installer le tout dans un endroit un peu plus approprié. Tous les deux sont complètement excités, ayant hâte de savoir enfin ce que c'est. J'ai essayé de faire le module en plusieurs morceaux, pour qu'il soit facilement transportable. A trois, nous réussissons à tout sortir en quelques minutes. Pendant qu'ils s'occupent de la dernière partie, je pars chercher mon skate.

A peine eurent-ils posé le morceau qu'il leur restait dans les mains que je m'élance sur le module, pour une phase de test. La plus grande planche m'a l'air bien résistante, avec les tasseaux installés dessous en support. Les pentes sont correctes, même si j'ai connu mieux. Je tente la rampe, et ait le plaisir de voir qu'elle se fait facilement. Comme je n'ai pas pu pratiqué depuis un moment, le module est simple. Cela permettra à ceux qui le souhaitent de s'initier au skate. Et j'aurai le plaisir de servir de professeur. Pour une fois que les rôles sont échangés, je ne vais certainement pas me plaindre.

Je m'arrête devant les garçons avec un immense sourire, la planche sous le bras. Tous les deux m'observent d'un air éberlué et je suis satisfaite de voir qu'ils ne s'y attendaient pas le moins du monde. Mia, en retrait, éclate de rire. Elle a certainement entendu les idées de plus en plus farfelues de Naël et Elliott, qui étaient très loin de la réalité. La jeune fille décide alors d'approcher pour examiner le module. Elle se retourne vers moi en sifflant d'admiration. Je lui fais un clin d'oeil. Elle, son truc, c'est le terrain. Moi, c'est fabriquer des trucs. Chacun son point fort. Même si, je dois l'avouer, c'est surtout parce que mon père en avait construit un, il y a deux ans. Je l'avais aidé, et j'avais noté toutes les indications dans un carnet, que j'ai utilisé ces derniers jours pour reproduire ce qu'il avait créé.

Mia me demande alors si elle peut essayer. Avec un grand sourire, je lui tends ma planche et lui indique de se placer au milieu du module avec. Il faut d'abord qu'elle appréhende les sensations que cela fait, pour pouvoir progresser rapidement par la suite. J'ai fait une zone plane assez longue, pour qu'elle puisse apprendre à avancer et s'arrêter dessus. Puis, elle tente de descendre la pente. Heureusement, j'ai pensé au dernier moment à rajouter une planche au bout. Je me suis rappelé qu'on atterrissait directement sur du sol de forêt, autrement, et c'est un coup à perdre l'équilibre et tomber, car cela glisse beaucoup moins bien.

Petit à petit, il commence à y avoir du monde qui se regroupe autour du module. Tous veulent tenter un peu. Je décide alors de simplement leur apprendre à avancer et s'arrêter, et de leur faire que descendre la pente. C'est déjà bien pour une initiation. Et avec le monde souhaitant tester, je dois enchaîner rapidement. Je n'ai qu'une seule planche, après tout. Mais quelque chose me dit qu'il y en aura bientôt d'autres. Il ne faut pas que j'oublie de laisser mon carnet dans le laboratoire. Si jamais il y a besoin de plus de modules, il faut que les explications soient accessibles facilement. Le seul soucis, c'est qu'ils devront trouver quelque chose d'un peu plus discret. Le bâtiment se font dans le décor de la forêt, et le module dénote parfaitement sur l'environnement. Peut-être que le gymnase sera aménagé pour faire place à un skatepark dans une zone, qui sait. Si cela arrive, je risque d'y passer toutes mes journées. A cette idée, j'ai déjà hâte d'y être.

***

NDA

Comme j'en avais parlé un peu plus tôt, changement de rythme, désormais ce ne sera pas un, mais deux chapitres par jour ! J'espère que cela vous convient ~