Lorsque nous arrivons à l'aéroport, je soupire de soulagement. Tat' a été insupportable sur le trajet. Plus nous approchions, plus elle était excitée. Actuellement, c'est une vraie boule de nerfs. Elle sautille sur son siège comme une enfant. Elliott et Naël ont tenté chacun leur tour de la calmer, mais rien à faire. Il s'agit de la première fois qu'elle prend l'avion. Pour le Népal, en plus ! Sans oublier qu'il s'agit d'un moyen de retrouver ma mère. Ma meilleure amie se croit à fond dans un film d'espionnage. Elle a enchaîné des théories plus farfelues les unes que les autres. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de voir le scientifique exploser. Sa colère a au moins au le mérite de la faire taire.
La voiture à peine garée, Tat' bondit dehors. J'échange un regard consterné avec les deux hommes. Ce voyage va être long. Nous avons en tout vingt-deux heures de trajet, avec une escale à Istanbul. En la voyant remuer autant pour seulement une heure de route, j'ai peur de ce que ça va donner. Alors que je sors de la voiture, je remarque que mon amie a déjà sorti tous nos bagages. Cette personne est une pile électrique. Sans oublier qu'elle n'a pas une once de patience. Aucun doute, le voyage va être très, très long.
Exceptionnellement, comme nous venons en tant qu'équipe secouristes, nous n'avons pas à attendre des heures pour décoller. Il y a urgence dans le fait d'aider les autorités locales présentes là-bas, aussi un avion a été affrété pour tous les organismes français. Nous nous retrouvons alors rapidement en compagnie de près d'une centaine de personnes, toutes en uniforme. Rapidement, Tat' se calme à mes côtés, mal à l'aise. Elle est la seule avec des vêtements normaux. Même moi je porte sur mon t-shirt le logo de l'organisme dans lequel Naël et Elliott travaillent. Il faut bien un avantage à ne plus avoir de vêtements à soi.
En silence, nous nous occupons de l'administratif. J'ai toujours connu la paperasse comme étant quelque chose de lent, qui prend du temps, même pour un voyage. Visiblement, il est possible que cela soit efficace. En dix minutes, les papiers et autorisations étaient vérifiés, les sacs examinés puis envoyés en soute, et nous embarquons. Le tout s'est fait sans un bruit. Mon amie se fait discrète comme une ombre, toute sa joie d'avant disparue. Je l'ai aperçue à plusieurs reprises se mordiller le pouce. L'ambiance est tellement pesante que cela doit la rendre nerveuse.
Elliott reste près de nous, vérifiant que nous allons bien. Je suis sûre qu'il s'agit surtout de ne pas se faire griller. Au moindre faux pas, les autres verront que nous ne sommes pas du métier. Je ne sais pas ce qu'on risque à se faire passer pour des secouristes, mais je ne tiens pas à le découvrir. Tout le monde autour de nous est tendu, prêt à exploser. Ce n'est pas vraiment le moment de leur faire ce genre de surprise. Un peu plus loin, Naël discute à voix basse avec des membres de différentes organisations. Du menton, j'indique leur petit groupe au scientifique.
— Partage d'informations. Il est possible que nous n'ayons pas tous les mêmes, car nous n'avons pas les mêmes sources. Echanger ce que nous savons permet d'être plus efficace sur le terrain.
Je hoche la tête silencieusement, observant du coin de l'oeil la réaction de Tat'. Celle-ci est visiblement impressionnée par l'organisation présente. Aussi précis que des militaires. Cela ne m'étonne pas. Des vies sont en jeu. Forcément, il faut savoir se préparer pour éviter d'en condamner certaines par erreur. Naël revient alors vers nous, sa discussion avec les autres équipes de secours terminée. Il nous ignore superbement et se tourne vers Elliott.
— Bon, c'est pas joli-joli. Plusieurs bâtiments se sont effondrés sur eux-mêmes et on n'est pas encore capables de savoir s'il y a des personnes bloquées dessous.
Le scientifique attrape son menton entre ses doigts, pensif. Quelque chose le chiffonne.
— Le matos pour sonder ces zones est là ?
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...