Je suis à l'arrêt de bus près de chez moi. Je n'ai aucun souvenir de ce que je fais là. Je décide donc de rentrer à la maison, pour comprendre ce qu'il se passe. Sur le chemin, je suis perturbée. J'ai l'impression que je ne devrais pas être ici. Et que je n'ai pas à rentrer à la maison, mais ailleurs. Mais où ? Je secoue la tête. Je suis toujours au lycée, à ma connaissance, je ne vois pas quel est le problème. Je décide de ne plus y penser, et de retourner chez moi. En arrivant à la porte d'entrée, Melchior me saute dans les bras. Je tombe à la renverse en éclatant de rire. Nous ne l'avons pas depuis si longtemps que ça, mais c'est comme s'il avait grandi à nos côtés. Mon petit frère se trouve sur le perron et sautille, complètement excité.
— T'es en retard, Mimi, qu'est-ce que tu fais ?
Je fronce les sourcils et regarde l'heure sur mon téléphone. En effet, cela devrait faire une heure que je suis là ! Je me relève rapidement et entre dans la maison. Aussitôt, le bazar présent dans le salon me fait soupirer. Je comprends pourquoi il m'attendait aussi impatiemment. Les parents ne sont pas encore rentrés mais cela ne saurait tarder. Avec l'aide de Nathan, nous réussissons à presque tout ranger. Le reste finit sous le canapé, lorsque nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir. Mon petit frère part aussitôt faire un câlin à papa, et je suis derrière pour le saluer. Le chien jappe un coup, visiblement heureux de voir que tout le monde arrive.
Avec mon père, nous décidons de préparer de quoi manger pour le soir, pendant que Nathan joue avec Melchior. Les deux n'arrêtent pas de courir partout, et je sors la trousse de premiers soins pour la mettre sur la table. Quelques minutes plus tard, un grand bruit retentit, et je vois le canapé basculer sur le côté. Du coin de l'oeil, j'aperçois mon père sourire, avec l'expression "je le savais" illuminant son visage. D'un soupir, j'attrape le matériel que j'avais posé et pars chercher les deux excités dans le salon. Le chien a l'air de ne rien avoir, mais mon petit frère s'est cogné le genou. Je sors de la crème apaisante et l'applique doucement sur la zone, jusqu'à ce qu'il se sente mieux. J'en profite pour l'envoyer mettre la table, pendant que nous finissons de préparer le repas.
Lorsque maman arrive enfin, nous nous installons tous pour manger, dans la bonne humeur. J'ai un étrange pincement au coeur, comme si cela m'avait manqué. Pourtant, je suis incapable de dire pourquoi. C'est comme tous les jours, rien de plus. Décidant de ne pas y faire attention plus que cela, je hausse les épaules et me concentre sur ma famille. J'essaierai de comprendre plus tard ce qu'il se passe.
Le repas se termine et nous montons tous nous coucher. Epuisée, je m'écroule dans mon lit et m'endors en quelques minutes. C'est plutôt rare de ma part, de m'assoupir aussi vite. Normalement, il me faut un temps fou pour y arriver. Et surtout, je n'ai pas eu une journée plus intense que d'habitude. Pourquoi suis-je aussi fatiguée ? J'ai la sensation étrange que c'est lié à tous mes ressentis inhabituels. J'ai beau chercher, incapable de retrouver de quoi il s'agit. Je sens que la réponse est là, juste devant moi. Que c'est évident. Mais hors de portée.
Le lendemain matin, le réveil sonne et je soupire. Je bâille un grand coup en me levant, et me rend compte qu'il ne fait pas froid. Tiens, le chauffage est réparé ? Je n'ai pas souvenir que le dépanneur est passé dernièrement. Étrange. J'ouvre mon placard et attrape instantanément un t-shirt et un jogging. Je marque un arrêt, en observant mes vêtements. Depuis quand je mets ça, moi ? Je repose ce que j'ai pris, pour attraper un jean et un pull. Je ne comprends pas pourquoi j'ai eu ce réflexe, et doublé à toutes ces sensations étranges, cela commence à faire beaucoup. Mais le reste se passe parfaitement, et je pars en cours sans plus d'anomalies.
Lors de la pause de midi, j'en profite pour parler avec Conan de toutes ces sensations étranges que j'ai eues. Je suis sûre que ça l'intéressera et qu'il pourra m'aider à savoir ce qu'il se passe. Les mystères de ce genre lui ont toujours plu ? Alors que j'enchaîne les faits, je le vois agiter sa main dans le vide.
— T'inquiète pas, c'est sûrement tes problèmes de sommeil qui te montent au cerveau. Si tu arrives à nouveau à dormir normalement, le problème devrait être vite réglé.
Je fronce les sourcils. Il ne se comporte jamais comme ça. Quelque chose ne va vraiment pas. Là, j'en ai la certitude. Sans dire un mot de plus, je me lève, et part du lycée en courant. Il faut que je retourne chez moi. Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que je dois y aller. Un mauvais pressentiment. Sur le chemin, je croise Tat', qui m'arrête, inquiète.
— Maï, ça va ? T'as l'air complètement paniquée. Tu veux qu'on aille boire un verre quelque part, pour que tu m'expliques ?
Tat' déteste aller dans les bars. Tat' déteste les lieux publics. Devoir faire les trajets en bus, c'est déjà beaucoup pour elle. Ce n'est pas normal. Je reprends ma course, et m'arrête à l'arrêt pour prendre le transport en commun. Je n'ai pas vraiment pour objectif de passer deux heures à rentrer chez moi. Pendant toute la durée du trajet, je trépigne d'impatience, le stress grandissant. Quelque chose cloche, quelque chose ne va pas. Il faut que je rentre chez moi, je suis sûre que j'aurai les réponses là-bas.
Lorsque je descends du bus, je reprends ma course. Je souffle, soulagée d'arriver devant chez moi. Seulement, il y a toujours un problème. Mes parents sont là, je peux voir le vélo et la voiture dans la cour. D'un pas lent, méfiante, je rentre dans la maison. Au moment où j'ouvre la porte, je tombe nez à nez avec Nathan, en pyjama. Melchior aboie joyeusement en me voyant. Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Mon petit frère, heureux de me voir, saute dans mes bras. Je pose une main sur son front, mais pas de fièvre. Il a l'air en pleine forme. Pourquoi il n'est pas au collège ?
En avançant dans la maison, maman me salue depuis le canapé, télé allumée. Papa, quant à lui, se trouve dans la cuisine, à faire de la pâte. Je m'approche curieuse, et apprend qu'il veut essayer de faire du pain. On est en pleine semaine, en pleine journée, et mon père veut s'improviser boulanger ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire à la fin ?
Melchior, qui a l'air d'être le plus normal dans cette histoire, se met alors à tirer mon pantalon. Je me retourne et vois qu'il fait pareil avec Nathan. Puis, il trottine vers l'entrée et se retourne vers nous, en jappant. J'échange un regard avec mon petit frère. Bon, d'accord, lui aussi a un comportement étrange. Nathan hausse les épaules et monte dans sa chambre. Depuis quand ne tient-il pas compte du chien ? Perturbée, je suis Melchior, voulant comprendre ce qu'il lui arrive. Aussitôt, il part dehors. Je soupire, avec un sourire en coin. Tout va bien, il veut juste sortir.
J'attrape la laisse suspendue avec les manteaux et suis l'animal pour pouvoir accrocher l'objet à son collier. Au moment où je me penche vers lui, près de portail de la maison, une immense explosion m'envoie avec violence contre celle-ci. Melchior, pas plus résistant que moi, subit la même chose. Nous nous écroulons par terre, et je grimace de douleur, les oreilles sifflantes. Je crois que le chien couine, mais impossible d'en être sûre avec ces acouphènes. Après un instant sans bouger, la pression sur ma tête commence enfin à se retirer. Je me relève doucement, en m'appuyant sur la barrière pour ne pas perdre l'équilibre. Lorsque je tourne la tête vers la maison, je tombe à genoux, sous le choc.
Tout est en ruines. En feu. Il y a des débris partout, et ça fume. L'odeur de cramé est insupportable. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour m'en sortir face au souffle qui m'a frappée. Mais là. Il n'y a plus rien. Rien du tout. Plus de maison. Et plus de famille. J'ai tout perdu.
***
NDA
Un chapitre pour le moins déroutant, j'en conviens. Je sens que certains vont pas être contents de cette fin de chapitre et voudront la suite, mais ça sera pour demain ! Des théories à propos de ce que Maï vient de vivre ?
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...