De retour sur le chemin serpentant la montagne, nous saluons chaleureusement nos hôtes de cette dernière nuit. Nous avons décidé de concert que nous ne pouvions pas rester plus longtemps avec eux. Néanmoins, comme j'ai besoin de me reposer encore pour me remettre, nous allons mettre plus de temps pour faire le retour que l'aller. Plus de pauses, plus de nuits à la belle étoile. Les tensions entre Naël et Tat' ont l'air de s'être apaisées, ce qui nous permet à tous les quatre d'apprécier le trajet.
Je me tourne vers mes deux coéquipiers. Ils ne s'accordent pas particulièrement de regards, n'ont pas l'air d'être véritablement amis, mais ils réussissent enfin à travailler ensemble. Je me demande ce que j'ai bien pu louper pour que leur relation s'améliore autant en si peu de temps. Elliott, qui marche à mes côtés, remarque mon regard curieux. Il sourit, avant de prendre la parole sur un ton bas, de sorte que je sois la seule à l'entendre.
— Lorsque je suis parti me coucher, ton amie était réveillée. Elle m'a demandé comment tu allais, je lui ai simplement dit que tu dormais avec Naël. Sur le moment, elle ne l'a pas très bien pris.
Je hausse un sourcil face au ton amusé du scientifique. Souhaitant en savoir plus, je lui lance un léger coup de coude dans le bras. Il lève une main pour me demander d'attendre un peu. Nous allons devoir escalader un rocher pour continuer. Il s'avance en premier. Une fois en haut, il me tend sa paume, que j'agrippe pour m'aider à monter. Le temps que les deux autres fassent de même, Elliott continue son monologue.
— Elle grommelait des paroles incompréhensibles. Comme j'en avais marre de cette ambiance pourrie, j'ai décidé de lui dire ce qu'impliquait votre lien. Visiblement, ça l'a calmée.
Je jette un oeil en contrebas, vers Tat'. Je vois mal comment cela a pu l'aider.
— Tu lui as dit quoi, au juste ?
Le scientifique hausse les épaules, comme si ce n'était qu'un détail.
— Que Naël ne volera jamais l'amitié qui vous lie. Et surtout que cet idiot en a vu des vertes et des pas mûres avec toi. Lui qui se pensait invincible, avec une carapace énorme autour de ses émotions. Dans le déni complet. Tu le connais mieux que moi, maintenant, tu vois de quoi je parle.
Je retiens un léger rire. Je n'ai rien fait de particulier. Il se croit toujours capable d'arrêter Mazko tout seul. Il est loin d'être redescendu de son nuage. Elliott lâche un léger grognement avant de poursuivre.
— Bon certes, il reste borné comme pas possible et il a toujours l'impression d'être le meilleur. Néanmoins, il commence à considérer l'entraide comme une force supplémentaire non négligeable. Il accepte enfin que les autres prennent les mêmes risques que lui. C'était pas gagné.
Je hoche la tête. Sa réaction surprotectrice est lourde à supporter, c'est vrai. J'espère que mon dernier combat contre le prisonnier a fini de le raisonner quant à cette lubie. Affronter Mazko seule, c'était trop pour moi. Mais à deux, nous avons réussi à le surpasser au moment où il s'y attendait le moins. Quelque chose que Naël n'aurait sûrement jamais réussi en la jouant solo.
Il reste une chose que le scientifique n'a pas dite. Le rapport de Naël avec la perte de ses proches. Il a avancé, j'en suis certaine. Auparavant, il portait une colère immense en lui. Persuadé que c'était son combat, que toute cette histoire était personnelle. Chaque avancée pour comprendre l'histoire dans laquelle j'ai été embarquée lui a permis de prendre du recul et de se libérer de ce poids qu'il portait en lui. Il ne se pardonnait pas la mort de son père. Il ne se pardonnait rien. Désormais, je sais qu'il a accepté son passé. C'est sûrement ce qui, de son côté, a permis d'apaiser sa relation avec Tat'.
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Le Coeur en Rythme
FantastiqueCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...