Chapitre 15 : entraînement amical et prison

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Avant même que je puisse protester, les deux hommes se sont mis d'accord pour que nous restions ici pour la nuit. Boudeuse, je leur ai tiré la langue, mais cela n'a rien changé. Naël n'avait pas vraiment d'autres endroits où dormir, dans son cas, ça l'arrange. Quant à moi, mon maître voulait surveiller mon sommeil. Apprendre l'existence de mes cauchemars a eu plus d'impacts sur lui que je ne le pensais. Peut-être même qu'il veut voir quelles réactions nous avons lorsque nous rêvons, Naël et moi. Ce dernier avait l'air ravi de savoir que quelqu'un allait surveiller mon sommeil. Je me suis demandé pourquoi de longues minutes, mais finalement j'ai compris. La nuit où je ne respirais plus m'est revenue à l'esprit. Il a sûrement dû y penser aussi. Je ne peux pas lui en vouloir d'être inquiet. Assister à la mort de quelqu'un par un rêve, ça doit être horrible. Et je tiens à ma vie, également.

Pendant que les garçons s'occupent de préparer le couchage, je suis entrée dans la grande salle d'entraînement. Tout ce que je viens d'apprendre se bouscule dans ma tête et me perturbe. Les souvenirs de la colle me reviennent également en mémoire sans arrêt. J'ai besoin d'évacuer. Quoi de mieux que de faire un peu de sport pour se défouler un bon coup ? J'enchaîne des techniques que j'ai apprises depuis mon premier cours ici. De la plus simple, j'augmente petit à petit la difficulté. Afin de chasser toute pensée de ma tête, je me concentre sur le moindre de mes mouvements.

— Je comprends mieux pourquoi tu t'en es aussi bien sortie quand ton prof t'a attaquée.

Je sursaute et me retourne, pour voir Naël qui m'observe depuis le seuil de la porte. Celui-ci a une lueur étrange dans les yeux, que je n'arrive pas à définir. Je pose mes poings sur mes hanches et bombe le torse.

— Comme si j'allais me laisser faire ! Je ne suis pas une pauvre chose sans défense, tout de même !

Naël pouffe un peu face à mon ton théâtral. Il s'avance alors dans la pièce, pour s'arrêter à quelques pas de moi, un air malicieux sur le visage.

— Fais-moi voir de quoi tu es capable, alors.

Avec un sourire, je me mets en position. Rapidement, Naël attaque avec son bras. Je bloque le coup et le contourne rapidement. En riposte, celui-ci envoie sa jambe dans ma direction, profitant du mouvement pour se retourner. J'esquive et roule au sol, avant de me relever aussi vite pour lui faire face à nouveau. Nous sommes tous les deux concentrés, attentif à chaque changement chez l'autre. D'un seul coup, je m'élance, et lance une feinte, pour pouvoir attraper son bras et le bloquer. J'en profite pour le faire tomber au sol, et le paralyser. Victoire pour moi.

— Pas si mauvaise, la gamine, hein ?

Je vois Naël ricaner et esquisser un sourire. Puis, sans prévenir, il fait un mouvement qui me fait basculer. En une fraction de seconde, je suis plaquée au sol, et ce dernier m'empêche de bouger. Son visage à quelques centimètres du mien, je sens son regard plonger dans le mien.

— N'empêche, je suis meilleur.

Vexée, je tourne la tête, pour lui montrer que je boude. Il éclate de rire avant de me relâcher. Au moment de me relever, Naël me tend la main, et je l'attrape pour le faire tomber. J'en profite pour me mettre debout tout de suite après. Je lève un poing en guise de victoire. Je remarque alors qu'il tente de m'attraper pour me faire tomber. En quelques pas, je recule pour me mettre hors de portée, et pars en courant dans les couloirs, fière de mon petit numéro. J'ai pu apercevoir une lueur de surprise dans les yeux de Naël lorsqu'il a compris que j'avais remarqué son petit manège.

Après un petit sprint à travers le dojo, je sens qu'on m'attrape par la taille. D'un seul coup, mes pieds quittent le sol. J'ai un petit cri de protestation, et j'entends Naël pouffer dans mon dos. Une chose est sûre, il est plus rapide que moi ! Pourtant, je connais le dojo comme ma poche, je devrais pouvoir le semer. J'ai raté mon coup pour cette fois. Je sens qu'il me repose à terre doucement. Je me retourne et croise son regard, qui m'observe à nouveau avec cette lueur étrange dans les yeux. Je déglutis, avant de tourner la tête pour chercher un moyen de fuir. J'ai du mal à appréhender ce qu'il se passe. M'échapper quand je suis mal à l'aise est un de mes horribles réflexes. Je vois alors la pièce dans laquelle je vais passer la nuit, et décide de visiter, curieuse.

Le Coeur en RythmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant