Je me redresse en sursaut, des larmes roulant sur mon visage. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Où suis-je ? Que m'arrive-t-il ? Mes mains m'attrape doucement par les épaules et je sens une présence s'asseoir près de moi. Je suis dans une chambre. Sur un lit. Je viens de me réveiller. Je tourne la tête et croise le visage de Naël. Aussitôt, tout me revient à l'esprit. Mes cauchemars. Nos rêves. La base. L'explosion. J'éclate en sanglots, incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Le jeune homme m'attire lentement contre lui, et j'inonde son t-shirt de larmes. Nous restons ainsi pendant un temps indéfini, jusqu'à ce que je commence à lentement me calmer.
Je finis par me redresser, ayant repris le contrôle de mes émotions. J'ai toujours une boule dans la gorge, les images de ce cauchemar tournant en boucle dans ma tête. Je n'ai jamais fait un truc pareil. J'étais complètement prisonnière de mon quotidien, de ce qu'il se passait. Que serait-il arrivé si j'étais restée dans la maison ? Je frissonne. Je ne suis pas sûre de vouloir le savoir.
Naël attrape mon menton avec une main et me force à le regarder. Je vois une intense inquiétude briller dans ses yeux. Je me concentre sur sa respiration, lente et calme. Lentement, je me cale sur son rythme, et finit par me détendre. Je lui fais un petit sourire, avant de regarder autour de moi. Je suis de retour dans ma chambre, dans la base. Je n'ai aucun souvenir de comment je suis arrivée ici. La dernière image qui me vient à l'esprit, c'est lorsque je salue mes amis et que nous partons en voiture. Après ça, noir complet. Alors que j'allais demander des explications au jeune homme, celui-ci me devance.
— Tu t'es endormie comme une masse aussitôt que nous sommes partis. Personne ne s'en souciait, mais cela m'inquiétait sans savoir pourquoi. Lorsque nous sommes arrivés à la base, Elliott a tenté de te réveiller, sans succès. C'était hier.
Je déglutis, comprenant que je suis restée inconsciente pendant presque un jour entier. J'ai dû faire paniquer tout le monde. Je replie mes jambes contre mon torse, un peu perdue. Mais comment est-ce possible ? Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que je m'endorme comme ça et qu'il soit impossible de me réveiller ? Je lève mon regard vers Naël, et il soupire.
— Elliott a cherché sans relâche un moyen de te réveiller, mais impossible. Lui-même ne comprenait pas ce qu'il t'arrivait. Un autre scientifique a exposé l'idée que quelqu'un t'ait forcé à rester inconsciente contre ta volonté.
J'écarquille les yeux. Je vois qu'il pense au prisonnier. Aurait-il réussi à trouver un moyen de contrôler les esprits ? Non, ce n'est pas possible. Ca ne peut pas être ça. Sans m'en rendre compte, je me mets à trembler comme une feuille. Le jeune homme pose une main sur mon dos, tentant sûrement de me calmer. Après une grande inspiration, je me tourne vers lui et décide de lui raconter ce dont j'ai rêvé. Il m'écoute attentivement, sans rien dire, mais je le vois froncer les sourcils par moments. Lorsque je lui parle de l'explosion, je vois une lueur passer dans ses yeux, et il m'attire contre lui. Je crois que c'était de la peur. Il a peur pour moi. Je frotte doucement son dos pour le réconforter et le rassurer. Après tout, je suis toujours là, et puis, ce n'était qu'un rêve, non ?
A la fin de mon récit, Naël se lève, et m'annonce qu'il part prévenir Elliott. J'en profite pour me caler contre le mur et soupirer un bon coup. Je ferme les yeux, me concentrant sur mon battement de coeur et ma respiration, pour me calmer. Tout va bien, je m'en suis sortie. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé, mais j'ai réussi à sortir de ce cauchemar. C'est le plus important. La porte s'ouvre et j'ouvre les yeux. Karin se trouve en face de moi, inquiète. Je lui souris, et elle fait de même en retour.
— Alors, tu as enfin réussi à te réveiller ?
Je hoche la tête, heureuse de retrouver toutes les personnes présentes ici. Cette longue vision me glace toujours le sang. Il faut que je me force à penser à autre chose. Je tends la main vers la jeune fille et elle l'attrape sans hésitation. Avec délicatesse, je me lève de mon lit. J'ai peur d'avoir peu de forces pour tenir debout. Comme je m'y attendais, je fléchis, mais Karin me retient et m'aide à me relever. Elle m'observe, avant de hocher la tête. Elle a sûrement compris qu'il était hors de question de me reposer maintenant. J'ai déjà assez dormi, je pense être vaccinée pour un moment. Je n'ai pas spécialement envie de retenter l'expérience.
Avec son aide, j'arrive à aller jusqu'à la salle commune. Je m'assois sur un des bancs, et la jeune fille me fait signe de l'attendre ici. Je hausse un sourcil, et l'observe partir dans la cuisine. Aussitôt, je souris. Elle vient d'avoir une super idée. Comme je ne tiens pas à me rendormir, manger est la meilleure solution pour me donner des forces. Quelques minutes plus tard, je la vois revenir avec tout un tas de muffins, et je pouffe. Elle a l'air extrêmement fière de les avoir faits seule. Elle a sûrement profité d'une insomnie durant la nuit.
Karin pose l'assiette sur la table et s'assoit en face de moi, concentrée. Amusée, je prends un de petits gâteaux, et croque dedans. Je prends le temps de réfléchir, et je la vois trépigner d'impatience. Je finis par lui faire un clin d'oeil, et elle me répond avec un grand sourire. Elle attendait sûrement de voir ce que j'en pensais. Et elle s'en est super bien sorti. Il faudra que je lui apprenne d'autres recettes, plus tard. Elle a l'air tellement heureuse d'avoir fait ces muffins. Pendant que je mange, la jeune fille en profite pour me raconter ce que j'ai manqué. J'ai notamment la joie d'apprendre que Léo est en voie de guérison, et qu'il devrait se réveiller très prochainement.
Mia entre alors dans la salle, et se précipite vers nous en nous voyant. Elle s'accroupit aussitôt devant moi, m'examinant sous toutes les coutures, et me demandant une dizaine de fois si je vais bien. J'éclate de rire et tente de la rassurer comme je peux, même si elle n'a pas l'air d'y croire. Puis, d'un signe de la tête, je lui indique de regarder Karin, qui a détourné le regard, l'air triste. La jeune fille face à moi se mord les lèvres, et part s'excuser auprès de sa petite amie. Rapidement, je les vois s'échanger un câlin, et je souris. C'est le genre de choses qui est encore plus beau lorsqu'on vient de vivre un cauchemar.
Un raclement de gorge nous fait tourner la tête à tous les trois, et nous voyons Naël, gêné, accompagné d'Elliott, qui s'en fiche royalement. Je hausse un sourcil à l'intention du jeune homme. Cela le perturbe de voir deux filles en couple ? Il détourne le regard et je vois Mia me faire un clin d'oeil. Je soupire. D'accord, c'est les couples en général. Puis, je reporte mon attention sur le scientifique, qui s'installe à côté de moi. Je vois alors qu'il a un air grave sur le visage.
— Je crois bien que Mazko a réussi à t'atteindre, Maïwenn. Et s'il en est capable à distance, c'est très fâcheux.
Je repense alors à mon cauchemar. En effet, certaines choses clochaient. On m'a donc imposé cette vision. Pour quoi faire ? Ma respiration se coupe.
— Je crois que c'était un avertissement. Il va s'en prendre à ma famille. Et non, il n'est pas capable de quoi que ce soit à distance. Mon esprit a trouvé un moyen de me sortir de là, et j'ai pu me réveiller. Il le savait.
Je sens alors tous les regards se tourner vers moi. Je baisse la tête, mal à l'aise. Mia me demande alors d'une petite voix d'expliquer ce qu'il s'est passé pendant mon sommeil. Une seconde fois, je fais le récit de mon cauchemar. A la fin, elle échange un regard avec Naël, puis se lève afin de me rejoindre. Je tourne la tête vers elle, et celle-ci me sourit.
— Je vais voir comment va ta famille. Ne t'inquiète pas, on est là.
Je la remercie chaudement, les yeux embués. Cela me touche énormément de la voir m'aider. Le jeune homme fronce les sourcils et tente de répliquer, mais Mia le fait taire d'un geste. J'attrape un dernier muffin, et accompagne la jeune fille. Là où elle va, c'est ma ville. Si quelqu'un peut la guider, c'est moi. Nous échangeons un hochement de tête, sachant parfaitement ce que l'autre va faire. Puis, alors qu'elle prend la direction de la sortie, je me tourne vers la couloir menant à l'ordinateur de contrôle. Je ne laisserai pas ce fou s'en prendre à ma famille.
***
NDA
Ça y est, vous avez la réponse au mystère du chapitre précédent ! Je sais que certains avaient deviné juste, était-ce que à quoi vous vous attendiez ? Prochain chapitre, demain !
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Le Coeur en Rythme
ParanormalCela fait officiellement six mois que je fais des cauchemars toutes les nuits. Pas de chance, mais plutôt banal, pensez-vous. Oui, mais les miens, ils prédisent des catastrophes qui arrivent réellement. Des accidents, des attaques, ce que vous voule...