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(Charlotte ADEBANDJO en média)

Pdv de Djamila
C'était presque le même scénario chaque semaine. Je me levai un beau matin, trouvai mon père assis sur son fauteuil avec une bière à la main dont il avalait une gorgée toutes les deux minutes. Puis mes cadets qui passent au salon et mon père se met à beaucoup parler. De sa jeunesse, ses ébats sexuels des fois et tout le reste. Chaque fois que mon regard se posait sur lui j'avais envie de vomir.
C'est comme ça depuis que celle qui nous servait de mère nous a lâchement abandonné entre les mains de cet être qui vit de l'alcool qu'on appelle père. On ne vit plus que par nous-mêmes. Manger, école, habits et tout, on s'en occupe seul car Mr refuse de gaspiller un précieux billet destiné à l'achat de ses bouteilles de bière. Et ma soit disant petite sur qui est tombée enceinte d'un riche à l'âge de 17 ans, un riche qui a accepté de l'épouser, a complètement oublié qu'elle avait deux soeurs et un frère. Super hein ma famille? La meilleure de toutes.
Il y a longtemps que je serai partie s'il n'y avait pas Mia et James qui sont les seuls membres de ma famille. C'est d'ailleurs pour eux que je vais à l'école et que j'ai ce petit boulot dans un resto chic. C'est pour leur donner ce dont ils ont besoin. Et pour moi-même aussi. Ainsi plus tard si j'ai un boulot digne de mon diplôme, si Dieu le veut, je pourrai combler tout leur complexe.

Je détourne mes yeux de la scène que je vois chaque matin et je me rends dans la chambre de James. Il s'amuse avec Mia comme un gosse. Il n'y a qu'eux pour me redonner le sourire.
La petite m'aperçoit et me balance un oreiller. Je le ramasse et c'est parti pour une bataille de polochons. Rire, que des rires parvenaient à mes oreilles. Et leur visage illuminé de joie. C'est ce que je voulais voir tous les jours jusqu'à mon dernier souffle sur leur visage, de la joie et rien d'autre.
Une fois la bataille terminée, j'aidai Mia à se préparer pour aller à l'école et James se préparait lui aussi.

Mia. Dis Djamila on pourrait d'abord aller voir Charlotte?

Djamila. Un autre jour, là tu dois aller à l'école.

Mia. Juste pendant dix minutes, Allez.

James. On va faire ça, je te dépose en classe et Samedi promis je t'y emmène moi-même.

Mia. Mais... Attends samedi c'est demain. OK ça marche.

Elle sortie en courant avec son sac au dos et un grand sourire sur son visage. Encore trop petite pour comprendre les choses. Mais vaut mieux qu'elle reste encore ainsi.

Djamila. T'as quelque chose sur toi?

James. T'inquiète ça va aller.

Djamila. Je ne veux pas qu'elle te complique. Tu sais comment elle est.

James. Ouais, je vais gérer cette diva crois-moi. Toi vaque plutôt à tes occupations. Ciao

Djamila. Ciao et faites attention ok?

James. Promis surette.

Ils sortirent tous les deux de la maison me laissant seule avec cet être alcoolique. Mais j'avais mieux à faire que m'occuper de lui. Mes cours commençaient dans quatre heures et je devais faire les travaux ménagers, et cuisiner aussi. Alors je me suis mise au boulot en commençant par les chambres puis le salon, ensuite la cuisine et l'extérieur. Et après je suis allé au marché et j'ai préparé le plat préféré de Mia: le Ndolé. Elle adore ça.
Une fois fini je me suis préparé. Plus que une heure trente avant le début des cours. Mais vaut mieux arriver tôt. Je m'apprêtai à sortir quand la voix de mon père retenti dans sa chambre. Un soupir puis j'allai voir ce qu'il voulait.

Papa. Avant d'aller je ne sais où là, vas voir ta soeur et dis lui qu'on a besoin d'argent.

Djamila. Et pourquoi tu n'y vas pas toi même?

Papa. Ahi c'est quoi ces manières là? Tu y vas et c'est tout.

Je soupirai fort pour qu'il sache que je suis contre et tournais les talons.
Je déteste me rendre chez Charlotte. Depuis son mariage elle a beaucoup trop changé, comme si elle n'était plus des nôtres et préfère porter le nom de sa belle famille. De plus sa belle mère a une façon bizarre de nous regarder nous les gens de la classe moyenne, oh oui. Parce que madame était désormais riche elle regardait avec dégoût nous qui luttons pour avoir ne serait-ce que de quoi manger.
Je n'appréciais pas cette famille excepté le mari de Charlotte. Lui, il était l'exception. Il se fout pas mal de ces trucs de classes sociales et agit selon lui-même. Au moins elle avait épousé un bon jeune homme, qui ne soit pas un bandit et un bon à rien. Mais un jeune homme qui travaille honnêtement.

Le car se stoppa un peu plus loin de la maison et je dus marché un peu pour arriver chez elle. Je sonnai une fois, puis deux avant qu'on ne vienne m'ouvrir la porte par la dame de ménage. J'entrai et elle me conduisit au salon où se trouvait à mon plus grand malheur la belle mère : Jeanne.
J'ignorais sa présence et me contentais de regarder la maison qui était encore plus belle que la dernière fois. Elle était décorée comme s'il y aurait une fête ici. Bon m'en fiche ce n'est pas mon problème.

Jeanne. Encore? Finalement vous manger cette argent comme de la bouffe ou quoi?

Fallait qu'elle se mette à parler? Super.

Jeanne. Travaillez donc. Ou trouve toi un mec riche qui t'acceptera.

Djamila. Écoutez Mme ADEBANDJO, moi aussi ça me déplaît de venir ici. Si je viens c'est parce que mon père m'envoie au cas contraire vous ne me verrez jamais ici. Alors s'il vous plaît gardez vos pensées pour vous.

Jeanne. D'une insolence débordante. Aucun homme ne t'acceptera ainsi. Oui ça me déplait de te voir ici, alors tu connais la sortie.

J'ignorais absolument tout ce qu'elle disait attendant toujours ma sur qui ne venait toujours pas. Au bout d'un moment elle apparue vêtu d'un robe noire trop moulante et un peu trop courte. Mais bon c'est son corps pas le mien.
Quand son regard se posa sur moi, j'ai eu l'impression qu'elle était fatiguée de me voir et pas très joyeuse. Elle se mit en face de moi avec cet air de supériorité de merde qu'elle avait depuis son mariage.

Charlotte. Alors c'est quoi cette fois? Papa est malade?

Djamila. Non il est bien portant grâce à ses bières. Mais il m'envoie te....

Charlotte. Stop écoute, en ce moment je n'ai rien car j'ai dépensé énormément pour l'anniversaire de Junior qui est demain alors...

Djamila. Tu fais une fête pour Junior et t'as même pas pensé à inviter Mia? Bonjour la famille.

Charlotte. Si je l'invitais, vous serez tous venus et tu sais il y aura des gens importants donc...

Djamila. Dis tout simplement qu'on te fait honte. Je vais m'en aller et tu sais que papa viendra lui-même chercher cet argent et crois-moi il va te foutre la honte devant tes invités. Ciao.

Je sortis sans un mot ou un regard de plus car j'allais être en retard en cour.
Je partis prendre le bus et en sortant je me pressai de rejoindre ma classe. Par chance le prof n'était pas encore là.....

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Chronique de Djamila: Deux mondes amoureux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant