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(Jeanne Akindélé en média)

Pdv de Djamila.

On était toutes les deux assises dans le salon, en train de discuter. Enfin elle parlait plus et je ne répondais que quand elle me posait une question. C'était une femme très sociable, malgré son âge, elle en avait de l'énergie. Je parlais d'âge alors que je ne le connaissais même pas. Maintenant que j'y pense, je ne connaissais l'âge de David non plus. Quel genre de meuf suis-je même?

Diana parlait encore et encore. Elle me racontait sa jeunesse sans trop entrer dans les détails. Elle me racontait surtout son histoire d'amour avec le père de David. A un moment, je m'étais dit qu'elle allait pleurer si elle continuait. Ses yeux brillaient, et étaient remplis de larmes qu'elle essayait de retenir. Plus je l'entendais parler, plus je me rendais compte à quel point elle était folle de lui. Je n'osais pas imaginer le jour où elle avait appris sa mort. Elle était, à coup sûr, sur le point d'en finir avec sa propre vie. Juste pour rejoindre son tendre amoureux.

Ensuite elle m'avait raconté, comment elle avait rencontré son deuxième époux, avec qui l'aventure n'avait pas duré. D'un côté je trouvais ça normal. Attends elle l'avait rencontré ce guinéen dans un bar. A coup sûr, ce n'était pas un homme sérieux. Mais grâce à lui, elle avait eu une autre fille. La toute dernière, Zara Kante. Au total elle avait ses trois enfants, qui faisaient son bonheur.

....: Je vous ai déjà dit que ce n'est pas à moi de régler le problème. Si je te paye, c'est pour que tu fasse ton boulot au complet. Alors maintenant raccroche ce putain de téléphone et fais ce pour quoi t'es payé abruti.

Je m'étais retourné après avoir entendu une femme crier au téléphone. Elle ne mâchait pas ses mots et y allait cash. Je plaignais le pauvre employé qui venait de se faire gronder. Elle était assez grande, perchée sur ses hauts talons, la peau brune et les cheveux bouclés. Les yeux marrons foncés. Elle était venue s'asseoir près de Diana après avoir soupiré.

....: Salut maman.

Diana. Dis donc Jeanne, pourquoi tu hurlais comme ça sur ton employé?

Jeanne. Parce que c'est un abruti c'est tout. Il n'est même pas capable de régler un minuscule problème.

Diana. Tu devrais mieux traiter tes employés. Ils finiront par démissionner et te donner une mauvaise réputation.

Jeanne. Ouais on verra. Et David, il est où? Tu m'as bien dit qu'il était rentré non?

Diana. Il a du partir dès son arrivée. Une affaire à régler. Il a emmené...

Jeanne. Toujours des affaires. Le jour où il ira en prison, ne dites pas que je ne vous avais pas prévenu. Et puis c'est qui ces jeunes dans la piscine?

Diana. Si tu me laissais parler tu saurais que David est revenu avec sa belle famille et sa fiancée.

Jeanne. Fiancée? Lui avoir une femme? Dis plutôt que c'est juste une avare qui veut de l'argent.

J'avais peut être mal entendu. En tout cas j'avais l'impression qu'on parlait de moi, et qu'elle venait de me traiter d'avare. Je sais pas hein.

Diana. Réfléchis à ce que tu dis avant de parler. Si David t'entends, il n'hésitera pas à t'en coller une. Djamila je te présente Jeanne l'aînée de la famille. Jeanne, voici Djamila la fiancée de ton frère.

Elle m'avait regardé de haut en bas, de bas en haut. Elle fronçait les sourcils, genre c'était quoi ça encore. Elle avait un regard un peu trop condescendant. Je risquais de ne pas m'entendre avec elle. Elle me rappelait Charlotte, un peu. Elle avait ensuite regardé sa maman, genre pour lui demander si elle était sérieuse. Non mais elle était sérieuse cette meuf?

Jeanne. C'est elle?

Non c'est ton ombre. C'était quoi cette question inutile?

Diana. Bah oui c'est elle.

Djamila. Enchantée.

Jeanne. Mouais c'est ça. Bon je vais prendre une douche.

Elle s'était levée et s'en était allée. Sa mère avait juste soupiré en la regardant partir.

Diana. Je suis désolé. Jeanne ne sait pas comment parler aux gens.

Djamila. Vous excusez pas. A chacun sa façon de vivre avec les gens.

Diana. Oui. Et merde dans tout ça j'ai oublié de te demander ton âge. J'espère que t'es majeur?

J'avais juste rigolé.

Djamila. J'ai 23 ans

Diana. Oh t'as presque le même âge de ma dernière. Elle a 21 ans.

Djamila. Hum dites moi, David il a quel âge?

Diana. Il ne te l'a pas dit? Ah ce garçon vraiment. Il a 26 ans.

Je croyais qu'il avait moins de 25 ans. Eh bah me voilà étonné.

La nuit était tombée. La table était déjà mise, mais David n'était toujours pas là. Diana, James, Djenaba, Mia, Jeanne et moi étions à table. Nous discutions en attendant David et Zara la petite dernière. L'ambiance était plutôt bonne même si Jeanne n'y participait pas vraiment. Je n'allais pas m'en plaindre hein.

Quelques minutes, la porte s'était ouverte sur David qui était au téléphone. Il semblait lui aussi énervé. S'énerver contre les gens au téléphone c'était dans le sang on dirait. Ses réponses étaient hyper sèches. Il n'avait pas longtemps bavardé et avait coupé l'appel. Il semblait fatigué même. À peine arrivé. Le pauvre. Il avait soupiré avant de remarquer notre présence. Il s'était avancé, nous avait salué avant de s'asseoir à côté de moi. Il m'avait fait un simple baiser sur le front.

Je sentais un regard insistant sur moi. Jeanne me regardait assez bizarrement. Beaucoup trop même. J'avais l'impression d'être sa rivale, son adversaire. Comme si elle et moi, on ne devait pas respirer le même air. Je ne savais pas ce qu'elle avait contre moi. Et je ne la connaissais pas vraiment, alors je ne pouvais pas avancer ce genre de choses. Donc je fermais ma bouche. Un peu comme d'habitude quoi.

David. Pourquoi Zara n'est pas encore là?

Diana. Elle a sûrement eu un imprévu.

David. Elle pourrait au moins appeler pour prévenir. C'est la moindre des choses.

Diana. Ouais mais bon, commençons sans elle. Elle nous trouverons en train de manger.

David. Je préfère l'attendre.

Jeanne. Si c'était moi qui était en retard, personne ne m'aurait attendu.

C'était le silence total. David l'avait simplement regardé. Il était prêt à déballer son sac, mais il se retenait. Peut-être par respect pour son aînée. Je n'en savais rien. Mais en tout cas j'avais l'impression que la relation entre lui et elle, était loin d'être bonne. Je dirais même que c'était la catastrophe. Je vais éviter de m'en mêler d'une quelconque manière.

Diana. Raconte pas n'importe quoi.

Jeanne. Je ne dis que la stricte vérité. La preuve, au dernier repas de Noël vous aviez commencé sans moi, non?

David. Et alors? Tu aurais pu te dépêcher.

Jeanne. J'avais du boulot je te signale.

David. Trouve une meilleure excuse tu veux.

Jeanne. Ça c'est la meilleure. Je te rappelle que moi je bosse pour de vrai. Je ne traine pas dans les affaires louches comme toi.

David. Si pour toi travailler pour de vrai c'est passer ces journées dans les centres commerciaux, OK. Mais laisse-moi te rappeler que moi je combine deux travail en même temps. L'entreprise et les affaires louches comme tu le dis.

Diana. Vous deux ne commencez pas.

Jeanne. Dis ça à ton fils tu veux. David tu devrais apprendre le respect des aînés.

David. Tu auras mon respect le jour où les cochons auront des ailes.

....: Quelle ambiance...


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Chronique de Djamila: Deux mondes amoureux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant