III

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(James Bilion et Djenaba Kadji en média)

Pdv de James
Heureusement les cours sont vite passés, encore plus que ce que l'on espérait. On fut étonné d'entendre la sonnerie annonçant la fin des cours. Enfin on pouvait rentrer se reposer et bouffer.
Sauf moi. Je devais d'abord passer prendre Mia, la déposer chez notre voisine et repartir au boulot. C'est épuisant, mais je me devais de le faire, de tenir bon et supporter. Sinon on vivrait encore plus misérablement que maintenant. Je sais déjà que Djamila passera directement à son boulot sans se reposer alors qu'elle fait trop et plus que moi. Elle devrait se reposer un tout petit peu et réviser ses cours car son examen n'était plus loin. Mais elle ne m'écoutera jamais.

Je sortis de la classe avec Matt et Djenaba en train de parler de tout comme à notre habitude. Puis Matt s'en va car dès qu'il met pied dehors une voiture l'attend pour le raccompagner. Djenaba aussi on venait la prendre mais elle préférait marcher et j'étais d'accord avec elle. D'abord elle m'accompagnait prendre ma sœur puis on allait la déposer chez elle. Ça me faisait plus de temps avec elle, et je ne pouvais qu'en être heureux.

On avait pris Mia et on l'accompagnait. On parlait, on rigolait tous ensemble et Mia paraissait comme notre fille. Et durant tout le trajet, elle n'a fait que jouer à l'humoriste et nous partager ce qu'elle avait appris aujourd'hui à l'école. C'est dans ces moments que je me disais, oui elle parle beaucoup, vraiment beaucoup trop.
On était devant le portail de Djenaba et on se stoppa. Elle fit un bisou à ma sœur avant de lui dire au revoir et de lui promettre un chocolat pour la prochaine fois qu'elles se verront. Et à moi elle me donna un léger baiser à cause de la petite sorcière à nos côtés. Je devais m'en contenter jusqu'à demain. Youpiii.

Pdv de Djamila.
19h45 et le restaurant ne faisait que se remplir encore et encore. Ces gens avaient vraiment de l'argent à jeter par la fenêtre pour venir remplir ce genre de resto où le prix d'une assiette vaut un loyer dans notre quartier. Ils en ont vraiment plein les poches. Et je crois même que ça les gratte voilà pourquoi ils veulent en dépenser autant chaque soir.
Un nouveau client venait d'entrer et une table venait d'être prise. Tous les autres étaient occupés alors je devais aller m'occuper de ce client. J'attachai mon tablier, pris mon bloc note et mon stylo et partis rejoindre le nouveau venu. La première chose qui me frappa fut son regard noir intense qui donnait des frissons, puis son corps tout entier. Sous son habillement décontracté il avait l'air d'être assez baraqué avec un corps sculpté à la perfection, des lèvres rose, des cheveux frisés. Ce mec était un métis trop beau gosse. Et stop j'étais ici pour le boulot et non pour trouver un mec. De plus il ne me remarquera jamais, étant donné qu'il doit avoir une copine ou fiancée dans son genre, assez friqué quoi.

Djamila. Bonsoir Mr et bienvenue.

Lui. Bonsoir, merci.

Djamila. Avez-vous fait votre choix?

Lui. Eh bah disons que je ne sais pas trop quoi choisir. Vous n'auriez pas un plat traditionnel à me proposer?

Djamila. On en a plusieurs d'à peu près tous les pays d'Afrique. Vous n'avez qu'à me dire de quelle contrée.

Lui. D'où venez-vous?

Djamila. Hum je ne crois pas que je...

Lui. S'il vous plaît

Djamila. Du Cameroun.

Lui. Merci. Alors que me proposez vous qui viendrait du Cameroun?

Djamila. Le ndolé, c'est très bon et avec on s'y sent comme chez nous.

Lui. Alors je vais prendre cela. Avec un verre d'eau.

Djamila. Pas de jus ou de vin?

Lui. Non ce sera tout merci.

Je tournai les talons et apporta la commande en cuisine. Je me remis au comptoir, observant la salle mais mon regard ne cessait de tomber sur lui. On va pas se mentir c'est un bel homme, en plus il fait partie de ceux qui ont peu de chance de me faire de l'effet. Si seulement je connaissais son nom. Bon bref, oust pensées non catholiques j'ai des choses à faire moi.
Au bout de sept minutes la commande était prête. Je me suis alors dirigé vers la cuisine pour aller prendre le plat et ressortis dans la grande salle. Je disposais tout sur sa table et lui souhaitais un bon appétit avant de m'en aller de nouveau, derrière mon fidèle comptoir et de m'occuper de ceux qui venaient au bar.

20h18, les vrais ivrognes arrivaient pour prendre leur dose du jour. Et quand ils l'atteignaient, tout ce qu'ils gardaient au fond d'eux refaisait surface et c'était mes oreilles qui en souffraient. Je devais les écouter que je le veuille ou pas. Faut dire que le barman n'a pas vraiment de choix à faire ou même autre chose à accomplir excepté servir de la boisson et écouter les servis se plaindre, se lamenter, s'énerver. Il y a des jours où c'est vraiment passionnant, mais aujourd'hui, je ne sais pas pourquoi, leurs histoires m'ennuient. Mais j'écoute tout de même, juste pour passer le temps.
Le client que j'avais servi avait terminé, je devais aller débarrasser la table alors je demandai à l'une de mes collègues de me remplacer un moment. Je me rendis à la table avec un plateau, et me mis à tout enlever avant d'essuyer. Il paya l'addition et je lui ramenai la monnaie. Il se leva et avant de s'en aller, il prit ma main et y déposer un billet de cinq milles francs, c'était mon plus grand pourboire.

Lui. J'ai adoré merci. Je crois que je reviendrai ici plus souvent.

Djamila. On se fera une joie de vous accueillir Mr.

Lui. Daniel, je m'appelle Daniel. Et vous?

Djamila. Moi c'est Djamila.

Daniel. À bientôt Djamila.

Il me sourit et s'en va. Je le regardai s'en aller jusqu'à ne plus voir. Je ramassai les assiettes avec un sourire au visage et son nom qui résonnait dans ma tête. Je déposai tout à la cuisine et ressorti.
À 22h pile, mon service terminé je rentrai chez moi avec mes pourboires dans mon sac.

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Chronique de Djamila: Deux mondes amoureux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant