XXII

377 43 0
                                    

Pdv de Monica.

J'étais chez Djamila, on discutait de tout, et on se moquait aussi de James qui apparemment, depuis ce matin tourne en rond et stresse beaucoup trop. Pour tout vous dire c'est compréhensible. La délibération de son examen était aujourd'hui à 14h. Et croyez-moi cette attente est insupportable. On a le cœur qui bat la chamade, les mains et les jambes toutes tremblantes, on transpire, on stresse, on se range les angles. On a peur. Peur d'avoir échoué. Peur que les efforts fournis n'ont pas été assez, ou alors ont été vains. On a peur de ne pas voir notre nom sur cette putain de liste des admis. Je comprenais son angoisse, sa peur, son stress. Je me souviens que quelques années plus tôt j'étais dans la même situation que lui. Toute tremblante attendant de voir mon nom dans la liste des admis. C'était une période atroce, c'est l'une des périodes les plus atroces que l'on peut vivre.

On était allé dans la cuisine où on trouva Charlotte. Par politesse je l'avais salué mais bien sûr madame m'avait dévisagé sans me le cacher. Je la comprenais. J'avais en quelque sorte pris son mari, mais si elle ne l'avait pas menti à propos de l'identité du véritable père de son fils, tout ceci ne serait jamais arrivé. Alors c'est en partie de sa faute. Je n'étais pas la seule coupable dans cette histoire. Je n'avais pas forcé et l'avais laissé s'en aller.
J'aidais Djamila à cuisiner tout en rigolant. Vous allez me demander où est le petit. Eh bah il est avec son père et son parrain. Ils étaient allés je ne sais où. Alors j'en avais profité pour venir ici. Le téléphone de Djamila avait sonné. Mais elle était occupé. Elle m'avait alors permis de répondre. J'avais donc décroché et mis le haut parleur.

Monica. Allô ?

Rien, personne ne parlait. Et d'un coup l'appel avait coupé. Étrange.

Djamila. Sûrement un mauvais numéro.

A peine avais-je déposé le portable, qu'il s'était remis à sonner, le même numéro était affiché. J'avais fait la même chose qu'au début et on attendait d'écouter une voix. Une femme était au bout du fil, et elle proférait des menaces.

...: Écoute moi très bien ma petite. Tu vas t'éloigner de lui maintenant car il m'appartient, et il m'a toujours appartenu.

Djamila. Je peux savoir qui vous êtes?

Plus rien. L'appel avait été coupé, encore une fois. C'était trop bizarre. Puis elle avait reçu un message du même numéro.

Monica. Djamila regarde ça.

Elle s'approchait et avait pris le portable de mes mains. Elle lisait à haute voix.

Djamila. Éloigne toi de lui pendant qu'il est encore temps avant que ta vie ne devienne un cauchemar. Daniel est et restera ma propriété.

Monica. T'as une idée de qui ça peut être?

Djamila. Pas du tout.

Monica. Il faut que tu lui en parles Aya. C'est peut-être dangereux.

Djamila. Je ne connais peut-être pas assez Daniel, mais je sais qu'il n'est pas si fou au point de se mêler aux mauvaises fréquentations.

Monica. Connais-tu son passé au moins?

Djamila. Non mais il a promis m'en parler au moment venu.

Monica. Eh bah je crois que c'est le moment venu.

Djamila. Monie pas un mot, ni à Daniel, ni à Samuel. C'est clair.

Monica. Je ne peux rien te promettre.

Elle était sur le point de parler quand on a entendu un gros juron venant du salon. Arrivé dans la pièce, on voyait James embrasser sa copine à pleine bouche devant Mia qui avait les mains sur les yeux. Très drôle cette petite. Djamila avait toussé et ils s'étaient arrêtés, un peu gênés. Ils avaient tous les deux un énorme sourire, les yeux tous brillants.

James. On a ce foutu examen Aya. On a réussi merde.

Ils sautaient de joie et James faisait sa danse de la victoire. Le genre de danse digne d'un grand père pourtant il était bon danseur. Sauf quand il s'agit d'une victoire apparemment mdr.On les avait félicité et était reparti dans la cuisine. Ils étaient ensuite tous les deux sortis pour aller fêter avec leur pote. Ah les jeunes.

Djamila était assez préoccupée, assez triste et plongée dans ses pensées je dirai. Qu'est-ce qui pouvait bien se passer dans sa tête pour la mettre dans un tel état? La menace de cette femme? Non elle ne se laisse pas facilement intimidé par des menaces. Mais alors quoi?

Monica. Est-ce que ça va?

Djamila. Hum oui ça va.

Monica. T'es pas très douée pour mentir tu le sais. Allez accouche.

Djamila. Je suis bien content que James est obtenu son examen...

Monica. Oui mais...

Djamila. Comment vais-je payer ses études universitaires? Et tu sais qu'il rêve de faire médecine, et les frais à payer sont très chères. J'ai à peine de quoi lui payer l'inscription et la première année. Et les imprévus comment je fais?

Monica. Je comprends, mais on a encore le temps d'y réfléchir. Tu peux trouver un boulot, on ne sait jamais.

Djamila. Monie les boulots honnêtes sont presque inexistants de nos jours. Et toi mieux que n'importe qui sait que je déteste travailler illégalement, contre les lois.

Monica. Je sais Djamila mais des fois on a pas vraiment le choix.

Djamila. On a toujours le choix. Oh mon Dieu comment vais-je faire?

...: Pourquoi tu t'inquiète tant?

On s'était retourné et avait croisé le regard de Sam et Daniel qui tenait le petit. J'allais prendre la petite et embrasser Samuel. Daniel lui allait prendre sa meuf dans ses bras avant de l'embrasser à pleine bouche. Ça se voit qu'elle t'a manqué mon gars.

Daniel. Tu sais je peux m'en charger.

Djamila. T'en as déjà fait beaucoup avec les frais de l'hôpital Daniel.

Daniel. Et alors? Ça ne doit pas m'empêcher de t'aider.

Djamila. Non c'est bon la dette deviendra bien plus grande et...

Daniel. Attends t'as cru que tu devais me rembourser? Non mais t'es malade? Si je fais tout ça ce n'est pas pour que tu me rembourse, mais parce que je t'aime. Et ce serait injuste de gâcher le potentiel que ton frère possède.

Samuel. Bien dit frangin.

Djamila. Daniel je te dis que je vais me débrouiller toute seule, je vais trouver un emploi et...

Daniel. Et rien. Les frais scolaire de James je m'en charge, tu pourras toujours t'occuper de ceux de Mia.

Elle paraissait impuissante devant lui. Elle qui savait toujours dire non et s'y tenir, n'y arrivait pas face au regard que lui lançait son copain. Fallait dire qu'il avait un regard qui change un non en oui. Comme là. Elle avait fini par accepter mais à condition qu'elle s'occupe des frais de dossier et certains petit trucs. Le problème était réglé. Enfin celui là. Elle devait lui parler du coup de fil ça pourrait être dangereux. Mais bien sûr elle ne voulait pas. Je lui avais demandé plusieurs fois, mais en vain. Alors je devais moi-même le faire. Je savais qu'elle allait m'en vouloir mais c'était pour son bien. Je voulais pas qu'il lui arrive quoique ce soit.

____________________________________

Chronique de Djamila: Deux mondes amoureux Où les histoires vivent. Découvrez maintenant