Chronique de Djamila: Deux mondes amoureux

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Pdv de Djamila
Pour la première fois depuis longtemps, j'avais dormi avec mon frère et ma sœur. J'avais bien dormi, car je me sentais bien entouré, je me sentais en sécurité auprès d'eux. Je ne pouvais pas avoir de meilleures nuits que celle là. Mais toute bonne chose possède une fin. Mia devait aller à l'école et moi au boulot. Quant à James il avait sûrement beaucoup de choses à faire. Depuis un moment ce gosse est préoccupé et travaille dure pour un but précis. Je connais James. Il ne se donne jamais à fond sauf si cela en vaut la peine. Mais j'ai ma petite idée. Je suis sûre que ça concerne Djenaba. Il ferait tout pour elle, vraiment tout. C'est un putain de Roméo mon petit frère. Mdr.

J'étais à mon nouveau boulot, oui j'en avais finalement trouvé un. Il est comme mon tout premier. Mais cette fois-ci je suis en cuisine. Et je vais en salle juste pour aider quand les serveurs sont débordés. Et ça arrive assez souvent. Disons trois à quatre fois par semaine. Mais je ne m'en plains pas. Tout simplement parce que je suis bien payé pour une cuisinière. La patronne est très aimable en plus de cela. C'est en quelque sorte le jackpot.
Chaque soir, le restaurant se remplit. Soit ce sont des couples qui viennent se prouver leur amour, ou alors des dîners d'affaires, de famille etc. C'était un endroit où on croisait toute sorte de personnes. D'autant plus que la décoration était chaleureuse. On avait l'impression d'être chez soi, zen sans trop de pression. L'impression d'être bien. Juste bien. C'était en grande partie pour ça que les gens venaient ici. On s'y sent bien. L'autre bon côté était que je ne m'occupais pas du bar le soir. Non. Mon service se terminait à 21h45. Pas une minute de plus. Je n'avais plus à entendre ces soûlards se plaindre de leur femme, de leur maîtresse, leur patron etc. Ce boulot c'est vraiment un jackpot pour moi.

Mon portable n'arrêtait pas de sonner depuis un moment. Je me demandais qui cela pouvait bien être. Daniel sait très bien que je suis encore en service à 20h31. Alors il évite de m'appeler et soit il m'attend pour me raccompagner, soit il vient s'asseoir et jouer au client. Mais bon, qui que ce soit, je le rappellerai plus tard.
Mon service en cuisine fini, je servais les cafés au bar, uniquement les cafés, à ceux là qui en avaient besoin. Et à ma grande surprise, quand l'avant dernier client s'en est allé avec son café, je tombe sur David. J'avais envie de fuir, mais je restais paralysé. Et si je le faisais, je risquais sûrement de me faire virer et c'était loin d'être ce que je voulais. Alors j'ai préféré agir avec lui comme s'il était un simple client. Il avait pris place sur l'un des longs tabourets juste en face de moi, et me regardait avec ses yeux perçants et effrayants. Qu'est-ce qu'il me voulait encore?
Il sort son portable et me le montre. Il passait un appel. Il était en train de m'appeler. Alors c'était lui? Comment a-t-il fait pour obtenir mon numéro? Aussi loin que je m'en souvienne, je ne le lui ai jamais donné.

David. Je t'appelle, tu ne décroches pas. Et moi je déteste rester sans réponse. Ne le fais plus jamais.

Djamila. Je te signale que je suis en plein service.

David. Et donc? Même quand t'es en service, t'as souvent le temps de parler à ce bâtard. Mais moi tu m'ignores?

Djamila. Ce bâtard est mon fiancé et...

David. He's nothing for you. (Il n'est rien pour toi). Absolument rien.

Il parle anglais? Pourtant la tonalité n'est pas la même. J'ai plus l'impression d'entendre un ghanéen ou un nigérian, plutôt qu'un anglophone.

Djamila. Qu'est-ce que tu me veux? Toi et moi on ne se connait même pas. Je ne sais pas d'où tu viens, et tu ne sais pas d'où je viens. Tu débarque comme ça dans ma vie et tu me dis que je t'appartiens alors que je suis déjà fiancée. J'aime cet homme et je vais l'épouser OK. Alors arrête. Cesse de venir me voir.

David. Je vais te dire d'où je viens. Je viens d'un endroit où on m'a appris qu'il faut toujours se battre pour avoir ce qu'on veut, et faire tous les sacrifices possibles.

Djamila. David...

David. Je te veux toi, et je suis prêt à tout. Souviens toi de ce que je t'ai dit Aya...

Djamila. Comment sais-tu que je m'appelle Aya?

David. Je ne veux plus te voir avec cet homme, ni aucun autre d'ailleurs. Fais juste ce que je te dis, et personne ne sera blessé.

Djamila. Ce n'est pas un étranger qui va venir me dicter ma vie. Je fais ce que je veux. Et je veux l'épouser, alors je vais le faire.

La mâchoire serrée tout comme ses poings, il me regardait avec ce regard noir, ce regard qui en disait long, le regard de la mort qui pue. Sur le coup je venais de regretter ce que j'avais dit. Mais je le pensais vraiment. Je n'allais pas me faire dicter ma vie par un mec que je ne connais même pas en fin de compte. Jamais. Il s'est levé calmement. Effrayant, pourtant il a un visage d'ange, un visage innocent. Comment cela peut être possible ?

David. Je te déconseille de me mettre en colère Aya. Alors quand je te dis une chose tu respectes et c'est tout.

Djamila. T'es pas mon père, non. Je te signale que c'est de ma vie dont on parle. Tu ne peux pas la diriger. Pas du tout. Alors arrête avec tes menaces. Je ferai ce dont j'ai envie. Je fréquenterai le garçon que je veux. Un point c'est tout.

David. Vraiment Aya? Tu veux aller sur ce terrain? Évite de me mettre en colère. Et fais ce que je te dis. Si jamais tu me désobéis, un accident peut se produire. Et ça ne sera pas bon du tout.

Il m'avait tout simplement sourit avant de sortir du restaurant. Ce mec avait un sérieux problème. Un très gros même. Je pense qu'il s'est échappé de l'asile de fou. C'est la seule explication...

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