A D A M
-Salut... qu'est-ce que tu fous là ?
_Adam... Tu vas bien ?_
Quand je me suis approché d'elle, c'était la seule chose marquée sur une feuille cadrillée, comme éteinte et toute terne dans la nuit.
Myla dévisage un long moment mon visage, certainement couverts de ces vilains bleus et blessures que Ben ne m'a pas épargné.
Au loin, on voit à présent l'aube arriver, écarter les bras et les tendre vers l'horizon si plat, en remontant doucement vers le haut du ciel sombre et encore tout étoilé.
J'ouvre la bouche pour dire à Myla que, oui, tout va super mais alors, quelque chose m'en empêche... Peut-être cette sorte de sincérité qui nous a toujours encerclé et qui nous empêche, même à présent, de mentir sur la moindre petite chose ?
-Qu'est ce que tu fais debout à cette heure, Myla ? ai-je redemandé à la place.
_J'ai eu ton message, je savais que tu viendrais ici. Je voulais te voir. Voir si tu allais bien._
Je me gratte violemment la tête, comme si elle était pleine de poux en grimaçant et en m'adossant contre le mur en pierre du Pont pour mieux comprendre ses mots.
-Ouais... Je suis désolé pour...
Ne sachant que dire je tends les mains autour de nous, entre l'espace et la nuit.
-Pour tout ça. Tu aurais dû rester dormir...
Elle me retend son premier papier dans un petit soupire presque triste, comme si elle comprenait, comme si elle cherchait vraiment à m'aider, à comprendre ce qui me fou en l'air ce matin encore nuité.
_Adam... Tu vas bien ?_
Je n'ai pas osé la regarder, préférant contempler les pierres, au sol, couvertes de glaces. Un chuchotement perfore ma voix :
-J'aimerai te dire oui, mais...
Sur ces mots, elle s'approche de moi comme pour me réconforter par sa présence physique. Elle tente de toucher du bout de ses longs doigts, les morceaux tumédifiés de ma gueule. Je lève la tête dans sa direction, la fixant elle et son grand cœur blessé. Avant qu'elle n'arrive à ma hauteur, je recule légèrement, une sorte de sourire aux lèvres, marquée rien que pour elle.
Prise de surprise, Myla se stoppe et perplexe, elle écrit quelques mots qu'elle semble chiper au monde, sur son téléphone.
_Tu... Tu as peur de moi ?_
-Non.
_Alors qu'est ce qu'il ne va pas ? Tu ne veux pas que je t'aide ?_
J'inspire un grand coup avant de simplement éclater de rire face à l'aube sortant doucement de sa nuit.
-Je n'ai pas peur de toi, j'ai peur de ce que tes mots et tes gestes seraient capables de me faire... Je sais qu'ils pourraient me détruire mais je sais aussi et surtout qu'ils pourraient me soulager. Si je te dis ce qu'il m'arrive, tu vas tenter de soulager ma peine. Je ne sais pas si je veux être soulagé, chère Amazone...
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L'être de l'Aube
Genç KurguIl s'est tellement voilé la face qu'il ne sais plus ce qu'il est. Il a cherché, encore et encore ce que les autres lui cachaient, mais tellement, qu'il en a oublié de se trouver. Il n'est plus rien qu'une enveloppe vide qui résonne, seule, per...