A D A M
Je grimpe derrière elle sur le scooter appelé, pour je ne sais quelle raison Frank et nous roulons.
Nous roulons bien malgré moi à une allure plutôt pépère sur les routes givrées et parmis les voitures multicolores qui nous dépassent sans effort.
Je chuchote parfois à l'oreille de Myla qu'un jour, je l'obligerai à rouler plus vite et qu'un jour ce scooter finira par nous faire décoller du sol. Elle rit mais sans me contredire, comme si elle-même savait que l'allure douceureuse à laquelle elle roule actuellement finira par céder et s'accélèrer. Peut-être même qu'elle espère autant que moi s'envoler ?
Enfin, au bout de seulement quelques minutes, Myla s'arrête et ce n'est vraiment qu'à ce moment que je reconnais le pont.
-J'aurai dû m'en douter, je ris en m'approchant de notre endroit fétiche pendant que Myla cale Frank contre un arbre à l'abri des regards.
Cet endroit qui à présent est devenu notre endroit et qui est déjà rempli par les souvenirs de nos passages.
Je m'approche du bord et regarde l'eau qui coule en repensant à notre première rencontre très cheloue...
Myla me rejoint en sautillant d'un pied sur l'autre comme une danseuse étoile, plus heureuse qu'auparavant.
Je me fais la réflexion que c'est vraiment marrant comme la vie peut être simple et préciseuse, comme elle peut être truffée d'emmerdes mais quand même belle... et qu'on crèverait rien que pour connaître la sensation d'existence !
-C'était la première fois de ma vie que je montais sur un scooter !
Quand je tourne la tête vers elle, elle me sourit, d'un sourire qui vaut vraiment la peine d'être regardé tant il brille, comme mille soleils l'auraient fait !
J'ai soudain envie la prendre en photo, pour graver cette image, pas seulement dans ma mémoire, mais aussi dans ma réalité. Je veux qu'elle soit réelle, que ce sourire soit réel et surtout, je veux la preuve de sa réalité. Je veux que cette joie sur son visage soit éternelle et ne disparaîsse jamais de ses jolis petits traits.
Si un jour, le temps acceptait de s'arrêter, j'aimerai que cela soit maintenant, bloqué à jamais dans ce sourire immense, dans ces cheveux noirs en bataille, dans ces yeux sombres que la maturité brute a piquée à l'enfance, innocente et douce.
Je lève un doigt en l'air entre nous, comme si je m'apprêtais à vraiment suspendre le temps d'un seul petit geste.
À la place, je sors de ma sacoche mon appareil photo, le pointe dans sa direction et je la prends en photo. Myla rit de plus belle en essayant d'attraper mon appareil et pour que j'arrête de la mitrailler avec comme un fou furieux.
-Le pète pas s'te plaît, je m'exclame en le sentant s'échapper de mes mains. Il coûte assez cher...
Je cherche mon paquet de cigarettes dans ma poche puis, je me rappelle notre petite promesse un peu débile et je rougis d'avoir failli la trahir. Myla croise mon regard et appuie sur le bouton, un clic se déclanche et mon portrait se grave dans l'appareil.
Myla se colle à moi pour montrer l'étrange image de cette personne qui me ressemble et qu'elle a réussi à prendre en photo en train de sourire. Je ne peux m'empêcher de grimacer en me moquant avec sarcasme :
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L'être de l'Aube
Novela JuvenilIl s'est tellement voilé la face qu'il ne sais plus ce qu'il est. Il a cherché, encore et encore ce que les autres lui cachaient, mais tellement, qu'il en a oublié de se trouver. Il n'est plus rien qu'une enveloppe vide qui résonne, seule, per...