M Y L A
Je souris de toutes mes dents sans pouvoir m'arrêter. À tel point que j'ai impression de m'écorcher les lèvres d'un bout à l'autre, jusqu'à mes oreilles ! Et cela fait mal aux zygomatiques. Mais cette douleur n'est que douceur. Parce qu'elle accompagne le bonheur.
Alors, aujourd'hui je souris. Sur Frank. Avec à mes côtés, Adam hurlant au vent la liberté qu'il goûte une nouvelle fois sur mon scooter.
Demain aussi, je rigolerai. Pour autre chose ou peut-être pour les mêmes choses. Et peu importe, parce que j'ai la certitude à présent, que je vais rire à nouveau et pleurer de rire demain, après-demain et tous les jours qui suivront. L'avenir est soudain une route de possibilités où, de chaque côté, un moment de joie peut à nouveau surgir.
Le vent fouette mes cheveux, ceux qui ne sont pas emprisonnés dans mon casque. Mes vêtements sont plaqués contre mon corps et derrière moi, je sens le souffle chaleureux d'Adam : sa respiration qui suffoque et perd le fil.
Tout en moi s'envole, s'étire et se libère comme un oiseau libéré de sa cage. Comme une chenille se défaisant de son vieux cocon et s'éveillant en tant que papillon.
Je me penche sur Frank pour accélérer encore un peu. Nous dépassons bientôt quelques vulgaires voitures et quelques campagnes ou magasins environnants.
J'entends distinctement Adam tantôt éclater de rire, tantôt crier sa joie à voir la vitesse battre contre sa peau et remplir ses veines d'adrénaline. Il retire ses mains de mes reins et les étend au vent et à la vitesse.
-Je vais gueuler pour nous deux Myla !!!
Et sur ces mots, il lâche un hurlement qui se répercute en écho partout autour de nous. Un hurlement qu'il délivre pour nous deux, à cet univers qui n'a pas voulu nous entendre. Maintenant, il n'a plus d'autre choix que de nous écouter.
Nous sommes fous, ne puis-je m'empêcher de penser. Mais à bien y réfléchir, la folie nous va bien.
J'aime cela. J'aime cet instant et me promets de ne jamais l'oublier.
Et soudain, au travers du vent qui nous emporte vers notre liberté, j'écoute Adam me demander :
-Mais où est-ce qu'on va ?
Je soupire. Il a oublié que je ne pouvais plus rien dire. D'une étrange manière, je suis heureuse que pendant, ne serait-ce qu'un instant, il l'ait oublié.
Et soudain, arrivés dans mon quartier, je ralenti l'allure tandis que mon cœur bat plus vite encore.
Et je souris un peu plus, moi qui pensais qu'il était impossible d'avoir les lèvres plus étendues que cela.
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L'être de l'Aube
Novela JuvenilIl s'est tellement voilé la face qu'il ne sais plus ce qu'il est. Il a cherché, encore et encore ce que les autres lui cachaient, mais tellement, qu'il en a oublié de se trouver. Il n'est plus rien qu'une enveloppe vide qui résonne, seule, per...