M Y L A
Le froid pique méchamment ma peau. La pluie trépasse dans ses quart d'heures les plus spongieux. Le son de chaque goutte semble être une plainte. Ou la promesse de grêlons.
Gwen m'a entraînée dans un centre commercial juste après avoir terminé les cours. Pour quelques vêtements sentant le neuf à acheter.
Je me demande depuis quand je n'ai pas acheté quelque chose de nouveau à porter. Quand j'ai fait part de cette constatation à Gwen, elle m'a fixée en écarquillant ses paupières de manière à ressembler à une drôle de chouette de cheveux bruns.
Depuis tout à l'heure, elle se donne donc comme mission de trouver des chemises, pulls, pantalons... Tout ce qui pourrait m'aller, elle le prend et m'oblige à l'essayer.
En échange, j'ai décidé de faire de même. De trouver tout un petit bazarre pour elle et son caractère insipide.
Je me rends compte à présent...
Je me rends compte que Gwen ne m'a jamais vu comme une simple camarade de classe. Je suis son amie.
Amie, un mot qui sonne cher, presque impensable à l'intérieur de mon crâne.
Je suis à nouveau une amie pour quelqu'un...
Et cette pensée me torture quand pour moi elle n'était rien. Rien. Elle n'était rien d'autre qu'une fille un peu farfelue et bavarde. Rien d'autre qu'une personne, dans ce monde à tendre la main vers son prochain. Je m'étais persuadée, que l'envie de me parler et de passer du temps avec moi, n'était rien d'autre qu'une sorte de compassion pour cette élève muette de la classe que je suis...
Je me rends compte, à présent, que je me suis lourdement trompée. Sur tout. Tout, et ce depuis le début. Une douleur pugnace dans le coeur, je me sens plus égoïste que jamais d'avoir eu si peu d'égard pour elle... Pour me faire pardonner, je dis oui. Oui à tout ce qu'elle me tend. Oui pour tout essayer même si les vêtements n'ont pas de sens sur moi, qu'ils ne me vont pas et ne me reflètent pas. Oui parceque j'ai peur que l'égoïsme s'accroche à moi pour toujours et ne me lâche pas. Jamais. Même dans la mort.
J'entends soudain un bruit. Claquement de doigts. Je reviens à moi. Au magasin. À Gwen, la vraie, la réelle.
-Wouwou ? Allo la Terre ? Est-ce que Myla Lamarre me reçoit ?
Je papillonne des yeux, comme éblouie par trop de lumière et je penche la tête pour montrer que je l'écoute. Je regarde mes bras qui pèsent lourds. Je me rends compte que beaucoup de vêtements y sont ensevelis sous d'autres. Une montagne colorée de textures diverses et variées qui pétillent dans l'odeur du raffiné. Les pulls, les sweets et quelques jeans s'entassent dans mes bras de manière à former plus d'éclats multicolores qu'un arc-en-ciel.
Gwendoline lève les yeux au ciel face à la profondeur de mes pensées qu'elle ne peut totalement sonder.
-Je te demandais si tu voulais aller te poser dans un café, dans un endroit tranquille, pour manger un truc ? Il y en a un pas loin d'ici juste dé-li-ci-eux ! Après avoir payé tout ça bien sûr !
Un sourire triomphe sur son visage angélique. Je me rends compte que, également dans ses bras, des tonnes de vêtements reposent. Des vêtements que j'ai choisi pour elle en espérant me faire pardonner, en espérant que tout ceci lui plaise.
Je ne peux pas lui refuser pareille offre. Je hoche donc la tête en lui échangeant un petit clin d'œil amical.
J'aurai du temps pour pouvoir lire, devant un petit thé, la nouvelle lettre d'Adam. Je suis partie la chercher au pont juste avant cette excursion en magazin avec Gwen. Je vois bien d'ailleurs, qu'elle aussi veut en savoir plus sur ce Adam et les secrets que renferme son coeur semblant si sombre.
Je la comprends. Moi aussi j'aimerai savoir. Je sais si peu de chose sur lui...
Alors que nous nous dirigeons vers la caisse, je vois Gwen sautiller de joie sur ses petites baskets, la follie encore enfantine dans l'âme.
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L'être de l'Aube
Подростковая литератураIl s'est tellement voilé la face qu'il ne sais plus ce qu'il est. Il a cherché, encore et encore ce que les autres lui cachaient, mais tellement, qu'il en a oublié de se trouver. Il n'est plus rien qu'une enveloppe vide qui résonne, seule, per...