La phobie, trangible, qui effrite son âme

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A D A M

Aaron, qui a prit depuis le temps l'habitude de ce comportement chez Rebecca, inspire à fond et se plante devant le tumulte qui agite le cerveau de notre gothique favorite, c'est à dire, entre elle et la pluie.

-Rebecca... l'appelle-t-il avec un espoir mêlé d'une inquiétude profonde, dévastant les murs des maisons les plus solides, soulevant les mers les plus sombres que les océans puissent abriter.

Tout cela, pour elle, il murmure son prénom pour qu'elle ne se perde plus dans ses malheurs. Rebecca se réveille de sa transe, croise les yeux verts d'Aaron et dit simplement :

-Il pleut. De l'eau tombe.

Je hausse les sourcils et nous déplace à l'écart dans le hall, près du seul distributeur automatique du bahu. La foule d'ados shootée à la caféine, et sûrement à autre chose aussi pour certain, qui s'entassent devant le distributeur nous mets à l'abri de la vision de toute cette pluie. Seul le bruit des gouttes s'écrasant un peu partout au hasard de la terre et des bâtiments se fait encore entendre.

-Sans blague Reb, je croyais que c'était des bulots trisomiques, dépressifs qui tombaient.

Elle me lance un regard massacrant de son visage toujours cireux et de ses yeux brillants de ce même éclat de panique, étouffé tant bien que mal.

-Ta gueule Adam, je suis pas d'humeur.

Je croise le regard d'Aaron, il décide d'intervenir, lui, le héros invisible mais bien vrai, voué dès sa naissance à sauver l'Univers rien qu'avec la puissance de ses courts cheveux roux.

-Tu te sens d'attaque pour rentrer ? Il ne pleut pas tant que ça et... J'ai un parapluie dans mon sac.

Prévoyant notre petit Aaron, qui l'aurait cru ?

Rebecca ferme les yeux, essaie, je le vois bien, de reprendre le contrôle de ses émotions et nous dis, les yeux toujours clos :

-Pas... Pas maintenant, désolée. Attendons un peu que ça se calme... C'est... C'est juste un nimbostratus.

-Ça va bien finir par s'arrêter, t'inquiète, je la soutiens avec un petit sourire en coin qui la détend légèrement.

Aaron me regarde, puis regarde sa petite amie, il semble sceptique, il a peur que la pluie ne cesse jamais. Ce qu'il ignore, c'est qu'elle finit toujours par s'arrêter, comme elle finit toujours par revenir, c'est un cercle vicieux sans fin qui se dessine dans la pluie glissante et mouillante, dans ces gouttes acides et froides d'épouvante pour Rebecca.

-Vous êtes sûrs ? On reste ici jusqu'à ce que toute cette pluie cesse ? demande alors Aaron.

Je hausse les épaules avec flegme, sentant presque la terreur étriper l'estomac de Rebecca, la soudant à tout ce qu'elle hait le plus dans son coeur. Il est le centre de ses troubles les plus persistant, ce coeur qui, même si on le croit guérit, se souvient encore, se souvient toujours, n'oublie jamais ce qui l'a un jour torturé.

-C'est pas comme si on avait quelque chose d'autre de prévu. On passe notre vie tous les trois ! On dirait de vrais petits triplés venant tous du même vagin.

Rebecca claque la langue contre son palet, ses couleurs peut-être légèrement revenues sur ses joues.

-Adam, arrête !

-Pardon, je rectifie "de faux triplés". On ne se ressemble pas du tout comme des vrais triplés ! Tu es effectivement une meuf et, on ne va pas se mentir, Aaron n'a pas un centime de mon charisme !!

Même si je sais qu'elle est mal, un sourire au travers de sa phobie de la pluie, se fait presque apercevoir, elle ne veut juste pas me donner raison, cette petite maline.

L'être de l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant