L'enfance d'un de ces oubliés humains

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A D A M

L'enfance.

Tout le monde passe par là, même moi, qui regretterais presque de ne pas y être resté, bien à l'abri dans mon cocon de l'innocence.

Je serais alors toujours ce gosse plein de vie, qui voyait le monde remplis de magies et de choses inexpliquées, que l'on se doit de ne pas expliquer à cet âge.

Oui ! Je serais encore l'enfant curieux que j'étais à mes huit ans, celui qui s'octoyait des rêves et qui jouait, capable d'inventer des mondes et de rendre vivant les jouets, quand l'imagination décidait d'épagner aux enfants tel que moi la réalité. Je serais encore le petit roi, que le noir effrayait et que les étoiles emplissaient pour camoufler ses peurs.

Mais je suis resté coincé ailleurs. Prisonnier d'un monstre sanguinaire que personne ne peut vaincre mais que tous finissent par passer quand, elle et seulement elle, le désire.

Car, bien entendu, comme tout le monde un jour, j'ai fait une entrée fracassante dans l'adolescence !

Elle m'a saluée d'un grand «Yooo et bienvenue. Ici, tu passes ou tu meurs. Ton corps change et te dévore. Tu connaitras les hormones furibondes, une voix cassée à force que ton âme lutte contre moi, des poils nouvellement nés donnant envie de cacher ton corps, de la mauvaise humeur, et j'en passe, pour ton bien... Des questions wesh ?»

L'adolescence.

Celle qui vous invite dans sa grotte avec un éclat de rire et qui vous fait amèrement regretter d'y être entré.

Elle se fout royalement de ce que vous êtes puisqu'à ses yeux, vous n'êtes qu'un petit tas de merde difforme entourée de mouches et d'une odeur pestilentielle à vous en faire décrocher les trous de nez.

Je la déteste, l'adolescence et son arrogance à se croire invincible. À se croire meilleure qu'une vie à jamais enfantine.

Je la déteste, la déteste, la déteste. Le mot n'est pas assez fort... Même haïr ne l'est pas.

Et pourtant, c'est ici que je suis à présent prisonnier. Condamné par la traîtresse mensongère des âmes déprimantes.

Un adolescent brisé de l'adolescence. Et oui, encore un peut-on me dire...

Un jour on m'a dit que l'adolescence donnait des ailes...

Sauf que j'ai l'impression tenace de me noyer. Je coule sous le flot d'attaques émotionnelles disproportionnées.

Peut-être que les anges ne savent pas nager ?

Pour être tout à fait honnête avec moi-même, le vrai mal qui m'empêche de garder la tête hors de l'eau n'est pas seulement dûe à cette putain d'adolescence... Mais à l'idée que je fasse irrémédiablement parti de cette catégorie de gens qui se sont eux-mêmes condamnés.

Condamné, quand je capture d'un flash soudain bien plus de chose que ne le penserait quiconque.

Je me suis condamné tout seul à voir ce que les gens cherchent à cacher. Des sentiments secrets que tous fourrent derrière des visages et des sentiments délabrés qui ne valent que dalle. Que quelqu'un me croit pour une fois, et comprenne que les remparts que les gens s'éclatent à mettre en eux et les autres... Et bien, il n'y a pas d'autre mot, c'est de la merde.

Oui, les excréments sont une bonne technique de comparaison pour décrire ce que l'on ressent... Ou au moins ce que je ressens.

Je vois tout le monde ! Entièrement et totalement, aucun mystère, aucun secret ne perfore mon âme. Je finis par tout dépecer à vif, un par un, morceau après morceau, je découvre les gens sous leur peau. Les vrais, les brisés et les méchants, ce que l'humain est vraiment.

Sans le savoir, toute émotion est mises à nues devant moi.

Voyons donc comme vous semblez tous beaux et intouchables.

Mais que tout le monde approche et se laisse tenter ! Peut être aurez-vous la malchance d'être détruit juste une fois dans votre magnifique petite vie, remplie de belles conneries ?

L'être de l'AubeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant