Folie rime avec irréfléchi

Chapitre [54]

"Quel idiot, quel imbécile, ma sœur, si tu savais, je suis commandé par un fou. Cet homme n'a plus toute sa raison! Quand au général en chef, il nous tuera tous un jour. Mais pour en revenir au général Junot, il est un inconscient comme je n'ai jamais vu en ce monde, cet homme est un mystère autant qu'un danger. La plus grande source de fascination qu'il m'ait été de voir dans cette armée française. Je ne cesse de rire, ma sœur, j'aurai tant à te raconter à mon retour!"

- Tu écris encore à ton frère?

Francesco leva à peine les yeux vers son nouvel ami. Celui-ci, à la chevelure blonde vénitienne, était espagnol et se nommait Andreas ; il l'avait rencontré tandis qu'un marchand le réprimandait sur une tentative de vol, qu'un autre soldat du nom de Gabriel s'était occupé de défendre. De cette façon était née entre les trois une nouvelle amitié.

- Non, à ma sœur, cette fois. Je veux qu'elle soit au courant de tout! J'en écrirai une à mon petit frère ensuite.

- Voyons, tu n'auras pas assez de papier et d'encre pour cela.

- Alors j'écrirai avec le sang des victimes et leur peau...

Andreas resta coit à cette réponse.

- Voyons, je ne suis pas sérieux! Tu n'as pas d'humour.

- Peu importe, dis-moi, tu ne trouves pas que le général Junot tourne vachement autour du général en chef?

Francesco leva la tête de sa feuille.

- Que vas-tu encore imaginer là...? Ils parlent, c'est ce que font les humains normaux, tu vois.

Ça y est, il allait faire germer de nouvelles idées dans son esprit.

- C'est toi qui n'a vraiment pas d'humour.

- Je ne vois pas le rapport, sourit le napolitain en écrivant la dernière ligne de sa lettre.

Plus loin, Junot faisait la moue, frustré que son interlocuteur ait l'air plus intéressé par la carte qu'il avait sous les yeux plutôt que par le fabuleux récit de son exploration des pyramides qu'il était en train de lui conter.

- Vous m'écoutez? Je suis ressorti par l'ouverture qu'il y avait en hauteur, mais de l'autre côté cette fois, et à l'intérieur, les murs étaient remplis de dessins colorés!

- Hm-m.

- Mon général... je peux vous donner un baiser?

- Quoi?!

Ni une, ni deux, le blond avait scellé leurs lèvres l'espace d'une seconde.

- Non mais ça ne va pas?! Qu'est-ce qu'il t'a pris!?

Les rires alentours s'arrêtèrent net en même temps que le bruit monumental de la claque.

- Je t'avais bien dit qu'il en serait capable..! Chuchota Andreas à Francesco.

- Excusez-moi...

- Tu fais bien de t'excuser, oui!!

- Eh bah, ça a pas l'air de le mettre de meilleur humeur, le général en chef...! Pourtant un baiser de sa dulcinée, ça remplit un cœur d'amour~

- Andreas, tais-toi!

- Va t'occuper de ton commandement!! Ça te remettra le cerveau en place, si c'est encore possible à faire!!

Alors que de légers rires reprenaient derrière, le Corse haussa encore le ton.

- ET VOUS, TAISEZ-VOUS!! LE PROCHAIN QUE J'ENTENDS, JE L'ENVOIE REJOINDRE LES MOMIES DANS LES PYRAMIDES!!