Chapitre [64]

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- Ce n'est tout de même pas possible... pourquoi diable cela ne fonctionne-t-il pas?!

Francesco observait encore le général en chef de loin, caché derrière une tente. Il pouvait à peine entendre ce qu'il disait à son interlocuteur, un chercheur parmi d'autres, mais les quelques mots qui parvenaient à son oreille et l'air sérieux du corse étaient déjà bien assez pour attiser sa curiosité. Non, il ne l'admirait pas du tout!! Il le détestait, même, tout le monde le savait! Mais cela faisait plus quatre mois qu'ils étaient au Caire en liberté, il finissait par bien connaître la ville, il s'ennuyait et espionner les recherches du général en chef était sa seule distraction du moment. Sébastien devait faire la tête dans un coin, Andreas être en train d'âpater il-ne-savait quel homme et Gabriel à faire des trucs de sorcellerie. Il voulait voir du nouveau.

Il aurait aimé, lui aussi, prendre part à ces travaux... déjà qu'on ne lui donnait pas d'ennemis à combattre, au moins en aidant l'équipe de chercheurs il servirait à quelque chose. Mais qu'était-il à leurs yeux? Un soldat stupide parmi d'autres...

En entendant le corse vociférer, il porta plus d'attention à son entreprise, et remarqua qu'il s'énervait contre un cadran solaire. Sans réfléchir, il sortit de sa cachette et se dirigea vers lui, d'abord confiant, mais il se rendit compte de sa bêtise en arrivant devant lui et détourna le regard, embarrassé.

- Mon général... hm.... je suis désolé de m'interposer, mais... vous semblez confus à propos de ce cadran solaire que vous essayez de bien placer depuis plusieurs minutes... et... et vous observant, enfin, en passant près de vos travaux par pur hasard, je souhaiterais vous dire, sans prétention, que... que vous devriez le régler dans le sens inverse...

Ah, qu'avait-il fait?! Un soldat n'allait pas parler à un général aussi simplement, et en plus pour lui reprocher une chose...!! Vraiment, lui et la discipline... mais c'était trop tard, le regard bleu glacé de Napoléon était déjà posé sur lui. À sa grande surprise, lui qui arborait pourtant constamment un air sérieux fut tout autant gêné.

- Ah! Hm... merci bien...!

Francesco déglutit et fixa le sol. Il avait toujours de l'assurance, mais là elle était absente.

- Je suis... je suis très mauvais en mathématiques, mais... mais les travaux de construction des pyramides m'ont toujours énormément intrigué... alors... alors.. je.. je sais que je ne suis qu'un simple soldat qui ne devrait même pas vous adresser la parole sans permission, mais... mais si vous aviez la générosité de m'informer des principales avancées... et surtout de... de vos travaux... sur cette très ancienne civilisation égyptienne, je.. je vous serais extrêmement reconnaissant..!!

Napoléon haussa un sourcil. Un soldat qui s'intéressait à ses travaux... il était bien le premier à venir lui adresser la parole pour cette raison. Il se dit même que peu de soldats lui adressaient la parole tout court... il faisait si peur que ça?

- Nous... faisons notre possible pour étendre nos connaissances sur cet antique peuple égyptien. Ces pyramides ont plus de quarante siècles... et il y en a tant... c'est époustouflant, elles sont de véritables trésors... regardez-moi celle-ci. Cette vieille civilisation semble avoir connu tant de choses par rapport à notre Europe qui paraît si jeune. Et pourtant, rares sont les sources et celles que nous découvrons sont indéchiffrables... voyez un peu, lui dit-il en lui indiquant des dessins de hiéroglyphes reproduis sur papier.

- En effet, c... c'est fascinant...!!

Toute gêne semblant s'être evaporée, Francesco observa une à une les esquisses avec extase, avant de s'attarder sur un rond coupé d'un trait.

- Ce signe, je l'ai vu sur la mosquée à laquelle je suis allé! Regardez, il était ainsi, mais entouré de triangles. Enfin.. enfin pardonnez-moi, j'ai pris ce crayon sans demander votre permission... je.. p.. puis-je..?

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant