Chapitre [185]

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- Vous êtes un indéniable enfant susceptible sous vos airs froids.

Napoléon brisa en deux la plume qu'il tenait dans son poing. Pour qui se prenait-il, cet imbécile de Talleyrand?! Il aurait dû le faire pendre depuis longtemps! Malheureusement, il était un excellent conseiller, de même qu'un excellent diplomate. Cela lui faisait mal de le penser, mais il sera bien plus apte à sauver la France que lui, le jour où l'Empire tombera en ruine. Et il savait ce jour pour bientôt. Cependant, son professionnalisme en ce qui concerne la diplomatie n'effaçait pas son exécrable impertinence.

- D'ailleurs, j'ai trouvé des papiers quelque peu intéressants. Alors ainsi, vous planifiez d'envahir la Russie? Juste parce que vous vous êtes senti humilié à la suite du malheureux baiser que vous avez donné à son Empereur... Entreprendre une telle campagne juste pour vos ambitions personnelles. Et vous vous faites appeler Empereur...

- Gardez votre perfidie!!

- Je me demande qui est cette personne qui a rendu publique l'information de ce baiser... tout de même pas le Tsar Alexandre lui-même...! Jamais il n'aurait pu l'avouer, même s'il vous aurait accusé, les rumeurs auraient sûrement cancané et il se serait retrouvé dans des romans érotiques à vos côtés...

- JE VOUS AI DEMANDÉ DE VOUS TAIRE!! De plus, c'est vous qui m'aviez proposé ce pacte avec la Russie!!

- Je ne parlais pas sérieusement.

- Vraiment?! Vous auriez pu jurer sur Dieu que cela venait de vous!!

- Exactement ; je ne crois pas en Dieu.

- Pour un ancien prêtre, connu de plus est, c'est bien le comble!

- Allons, vous savez bien qu'une bonne situation était plus importante pour moi qu'une quelconque foi. Mais c'est de vous dont nous parlions, pas de moi. Oui, de la raison pitoyable pour laquelle vous vouliez attaquer la Russie...

L'empereur se leva en frappant son poing sur la table.

- Détrompez-vous! Je ne planifie pas cette campagne pour mon bon plaisir ou pour ma satisfaction personnelle. J'ai appris de sources sûres que le Tsar Alexandre préparait une armée. Je prends les devants, c'est tout.

- Quand je pense qu'il y a dix ans, j'ai presque dû vous forcer à aller faire la guerre en Égypte... et voilà que vous y allez de vous-même. C'est drôle...! Où est donc passé le Bonaparte naïf et craintif qui ne voulait pas faire une égratinure à autrui...?

Napoléon marcha vers la fenêtre et fixa le paysage parisien, les mains derrière le dos.

- ...Il a disparu.

- Hm... moi, Je pense qu'il est toujours là, caché quelque part... tout au fond de votre cœur, que vous avez refermé à clé...

- Cessez ces métaphores stupides! Vous êtes mon conseiller, pas ma femme. Je vous prierai donc de ne pas vous occuper de ce sujet-là.

- Oh, vous me priez? Vous oubliez que je n'obéis à aucun ordre.

Il ne fit que serrer les dents.

- Allez, dites-le, pourquoi ne m'exécutez ou ne m'exilez-vous pas, allez, dites-le! Répéta Talleyrand, riant presque.

- Taisez-vous... taisez-vous!!

- Parce que je sais bien trop de choses! Et que je vous suis bien trop utile! Ou alors, peut-être avez-vous peur?

- Moi, peur de vous? Pour qui vous prenez-vous?

- Pour celui qui sera le protagoniste de votre infortune.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant