Chapitre [159]

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Le Portugal, ce n'était pas si mal. Lisbonne était jolie, et il faisait beau temps. Seul bémol, Junot avait dû emmener sa femme avec lui. Déjà qu'il avait dû prendre soin de son armée durant tout le voyage, et en plus il avait dû se coltiner sa crétine de femme... enfin, au moins, aucune bataille ne les avait ralenti. La guerre au Portugal n'avait pas été déclarée. Du moins, pas encore.

La cour Portugaise était assez plaisante, bien que lassante à force. Si les premières semaines Junot était heureux de découvrir la vie à la cour du Roi du Portugal, la vie parisienne et ses bals avaient fini par lui manquer. Ses filles, restées à Paris, lui manquaient aussi. Quant à son général... il faisait tout pour ne pas penser à lui, mais c'était impossible. Il hantait chacune de ses pensées le jour et chacun de ses rêves la nuit. Il était censé être en colère contre lui mais... son amertume s'était évaporée dès qu'il avait senti cet immense vide dans son cœur. Il hésitait parfois à abandonner son poste d'ambassadeur et à filer à Paris pour le rejoindre. Mais il reprenait raison ; un travail, une mission lui avait été donnée, et il devait la remplir avant de lui revenir.

Assis sur une chaise longue, au milieu du grand jardin du palais royal, Junot se resservit un verre de vin.

Sa situation aurait pu être bien pire...

~ ☘ ~

À l'inverse du centre de Paris qui grouillaient d'agitation, les alentours de la capitale étaient calmes et le ciel éclairé, ainsi Francesco décida que c'était le moment parfait pour apprendre le maniement des armes à feu à Thérèse. Après l'épée, il voulait lui montrer le fusil. Cela faisait donc plus d'une heure qu'ils marchaient tous deux en direction du bois de Boulogne.

- Les quartiers où nous sommes passés sont très riches... déduit la fillette.

- Eh oui, les Tuileries et les Champs Elysées, c'est là qu'habitent les plus riches.

- Comme l'empereur?

- ....L'Empereur... oui...

- Mais pourquoi Monsieur Bonaparte il a voulu être empereur? Le questionna-t-elle avec curiosité.

- Parce qu'il est fou, voilà tout, et que ce n'est qu'en l'assassinant que tout sera réglé.

- C'est comme un Roi, un empereur?

- En quelque sorte, oui... enfin, c'est un peu différent, mais... c'est compliqué. Mais, oui, ils ont à peu près les mêmes pouvoirs.

- Mais... avant que je naisse, on lui a coupé la tête au Roi, non...? Il a pas peur Monsieur Bonaparte en étant empereur, qu'il lui arrive la même chose?

- Écoute, Thérèse, je n'en sais rien, d'accord! Peut-on parler d'autre chose?! Cet homme est fou à lier, et égoïste et arrogant par-dessus le marché, il est l'un des pires souverains qu'un pays puisse avoir, et je n'ai aucunement envie de parler de lui!!

Thérèse déglutit. Francesco avait l'air très en colère... il avait vraiment l'air de ne pas l'aimer, l'empereur.

- Moi, je trouve ça triste... que les gens riches habitent dans une très grande demeure et aient toujours à manger... alors que dans d'autres endroits de Paris, comme au faubourg Saint-Marceau, des gens pauvres meurent car ils n'ont rien à manger...

- Eh bien c'est à cause de l'empereur, justement.

- Je croyais que tu ne voulais pas parler de lui...

- Peu importe!! Il a envoyé le général Junot au Portugal, il y a même exilé, et ça, ah, je ne peux pas le supporter!!

Il n'aimait pas l'empereur, mais Junot, il l'aimait beaucoup... et l'empereur était très souvent avec Junot... s'ils étaient amoureux...

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant