Folie rime avec irréfléchi

Chapitre [148]

- Pourquoi... m'avez-vous abandonné en Égypte..?

- Junot... cela fait au moins cinq ans maintenant, tu ne t'en remets pas? Je te l'ai déjà dit bien des fois, et dans ma lettre... tu te trouvais trop loin du lieu d'embarquement.

- C'était... parce que l'on s'était disputés quelques jours avant votre départ, c'est ça..?

le Corse ne répondit rien. En fait, il n'avait aucune envie de penser à ça.

- Vous êtes parti avec tout le monde.. tous les généraux... sauf moi...

Alors qu'il était couché sur son lit, il se releva et regarda le blond dans les yeux sérieusement, les sourcils froncés.

- Écoute, Junot. J'ai été idiot, très idiot, de te laisser là-bas juste parce que tu m'avais mis en rogne la veille. et j'ai longtemps regretté ça. Tu me manquais terriblement. Cela te suffit-il?!

- Oui... mais je me suis fait capturer par les anglais, ensuite.

- ...Je SAIS.

- Mais l'amiral Nelson a bien pris soin de moi~... le taquina-t-il.

- TAIS-TOI!

- Mais c'est avec l'amiral Smith que nous avons le plus discuté...

- Un prisonnier, quel qu'il soit, n'a pas à être traité ainsi! Ces anglais... ils sont bien trop envahissants! Ils veulent me prendre... ce qui est à moi... marmonna-t-il, les dents serrées.

- Sidney Smith... je lui ai écrit suite à notre rencontre. Il adorait la France... il avait un certain charisme... quelque chose... de rassurant dans son regard.

Junot ne savait même plus s'il disait ces mots pour charrier l'empereur ou s'il y avait réellement un fond de vérité.

- Assez! Cesse de me parler de lui!!

- Toujours souriant... et il avait des yeux magnifiques, continua-t-il avec le même ton.

- C'est à se demander pourquoi tu n'es pas resté avec lui! Cracha-t-il.

- Parce que vous me manquiez plus que tout... tellement que j'aurais pu sauter à la mer pour vous rejoindre à la nage... que j'aurais pu me tuer pour que mon esprit vienne à vous.

- ...À ce point?

Il ne devrait pas être surpris. Mais il était... touché.

- Oui... et j'ai essayé. Les deux options..! Mais ces satanés anglais m'en ont empêché.

- Tu es stupide... qu'aurais-je fait si tu étais réellement mort? Lui dit-il d'une voix peu élevée en lui caressant le bras.

Junot le regarda un instant, et se jeta sur lui pour le serrer dans ses bras le plus fort possible.

- Mon Général... mon général... mon... amour...

- Hm...

- Je voudrais dire à tout le monde... combien je vous aime...

- Tu sais bien que c'est impossible. Et je ne te le permettrai pas.

- J'ai des preuves.

- Et lesquelles?

- Toutes les lettres que nous nous sommes écrites.

- ...Tu les as toutes gardées?

- Bien sûr! Je garde tout... de vous...

C'était trop. D'un coup de main, l'ancien consul lui tira les cheveux et alla lui mordre le cou avec voracité.

- Ha-a~..! M... Mon Général...!