Chapitre [88]

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Junot s'affala sur son lit, tête la première sur son coussin. Il lâcha un long soupir étouffé.

Son général chéri... adoré... il voulait le revoir... il voulait courir le rejoindre en Italie... si seulement les paroles de ce Sidney Smith ne lui hantaient pas l'esprit.

Ils étaient séparés, tout ça à cause de ces abrutis d'anglais, d'autrichiens et de russes qui s'étaient alliés pour attaquer la France pendant qu'ils étaient en Égypte. On ne pouvait donc pas se remettre d'une révolution tranquille! D'accord, c'était eux qui avaient attaqué l'Italie... mais c'était les Autrichiens qui avaient attaqué au Nord et les anglais au Sud d'abord!

Le bourguignon sourit.

Son général était un héros, un demi-dieu, il était peut-être parti d'Égypte sans lui mais en réalité c'était pour sauver un pays de l'attaque ennemie! Il était son héros à lui.

En plus, il avait lu dans un journal que les Russes et les Autrichiens ne s'entendaient pas. Qu'ils sont stupides. Il lui semblait même qu'à cause de ça l'alliance avait été dissoute. Il ne se souvenait plus très bien. En tout cas, il se souvenait qu'ils étaient stupides.

Et puis, si son général ne voulait pas qu'il le rejoigne en Italie, c'est car il tenait à lui, il préférait le savoir en sécurité à Paris... et lorsqu'il reviendra, avec les drapeaux de tous les pays de la coalition, traversant Paris sous les acclamations de la foule, il pourra aller l'embrasser, et il pleurera de gratitude à ses genoux.

Serrant un coussin de velours pourpre dans ses bras, un grand sourire au lèvres, il s'endormit comme un enfant rêvant de son héros.

~ ☘ ~

Francesco sortit de l'auberge qui était presque en face de chez lui. Elle était tenue par une femme, Marie, et le soir, les hommes qui rentraient faisaient douter du statut d'auberge. Mais la journée, c'est ce qu'elle était. L'on y mangeait bien et pour pas cher, et cette Marie était fort sympathique. C'est quand il s'approcha de la petite maison où il louait une chambre, deux seaux d'eau en bois à la main qu'il emmenait de cette auberge à chez lui, qu'il tomba sur quelqu'un qu'il n'avait plus vu depuis quelques mois et qu'il pensait ne plus jamais revoir.

Devant lui se tenait Sébastien, transpirant et haletant, décoiffé et à l'allure malpropre, vêtu d'un uniforme crasseux et déchiré par endroits ainsi qu'un sac prêt à craquer sous le poids. Le beau blond vantard à la belle allure ne pouvait plus se vanter de grand-chose.

- Sé... bastien...? Bredouilla le napolitain, comme pour être sûr.

- Francesco...

Cette scène commençait à devenir ridicule...

Le blond baissa la tête, comme s'il était honteux.

- Je t'ai cherché... dans tout l'Est de Paris... Gabriel m'a envoyé une lettre pour m'informer que tu te trouvais ici, je ne sais par quel miracle j'ai pu la recevoir! Je suis allé aux ambassades, j'ai interrogé tellement de personnes, et dès que j'ai entendu qu'un Napolitain s'était installé dans ce quartier, je n'ai pas hésité, j'ai su que c'était toi! Francesco... Francesco!!

Il se jeta sur lui, et son ami n'eut pas le temps de reposer ses seaux que la moitié de leur eau s'était renversée. Il les posa au sol et serra légèrement son ancien compagnon, un peu hésitant, et surtout pour le moins surpris de le voir ici.

- Pardon... pardon!!! La guerre... si tu savais... la guerre, c'était affreux!! Encore plus qu'en Égypte! Et puis il y a eut cette femme... dont je me suis entiché... cette diablesse italienne, elle m'a fait croire qu'elle m'aimait, et elle n'a fait que se servir de moi!!

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant