Chapitre [87]

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Francesco marchait dans les rues animées de Paris. C'était la première fois qu'il y venait, et il avouait qu'il trouvait la ville jolie. Bien sûr, cela ne valait pas Naples. Les bâtiments étaient bien bâtis, même si contrairement à la capitale napolitaine, les quartiers étaient très différents les uns des autres et qu'il n'y avait pas de très vieux monuments. Il faut dire qu'à Naples, il y avait des restes de l'Antiquité Grecque et Romaine, ou du moins des reconstitutions ; de l'art à l'état pur. À Paris, les seuls restes qu'il y avait étaient ceux des dégradations causées par la Révolution. Il en avait entendu de loin, des choses sur cette Révolution ; les bruits étaient allés jusqu'à son auberge napolitaine. Et du haut de ses onze ans, tout ce qu'il avait dit après avoir appris ces événements était "Oh, mais ils ont perdu la tête à Paris!". La grande salle avait été partagée entre ceux qui avait éclaté de rire et ceux qui l'avaient réprimandé, parce que "l'on ne rigole pas avec ces choses-là et que ces horreurs seraient bien capables d'arriver jusqu'à Naples." Il rit en y repensant. Ah, il était tout de même encore fier de lui!

Enfin, Paris n'était peut-être pas aussi belle que Naples, mais bon, elle avait son charme.

Mais il n'était pas là pour visiter. Il était là pour trouver un logement, et même si possible, un travail. Même le plus infime des salaires et la plus petites des chambres lui aurait suffit. Tant qu'il avait un lit et un toit sous lequel dormir et assez d'argent pour manger, il était comblé. Il n'avait pas besoin de luxe. Contrairement à beaucoup d'autres... il ne comprenait d'ailleurs pas le besoin de beaucoup de posséder d'importants biens et d'avoir de l'influence. Pour lui, le bonheur était simple. Un plat de pâtes, un livre, des amis. Tout cela devrait convenir... mais apparemment l'Homme était parfois trop avare et aveugle pour apprécier les choses les plus simples et les plus belles qui lui était offertes.

Il se coupa lui-même de ses pensées et s'arrêta pour observer les alentours. C'était grand... et les rues étaient si étroites et nombreuses... et pour la première fois de sa vie, il devait se débrouiller seul pour se nourrir et se loger.

Enfant, c'était ses parents qui géraient les choses pour lui. Quand il était à l'armée, on s'occupait de tout à sa place. Aujourd'hui, à vingt-deux ans, il était un jeunot jeté seul dans la jungle de l'indépendance. Pas qu'il était apeuré ni rien, juste complètement paumé.

La seule idée qui lui vint naïvement à l'esprit fût de se rendre à l'ambassade napolitaine. On pourra sûrement l'aider là-bas...! Entre napolitains, on s'entraide!

Le sourire aux lèvres d'avoir enfin trouvé une idée, il continua son chemin et après avoir demandé à tous les passants possibles le chemin de l'ambassade, il se retrouva devant. Le grand bâtiment aurait pu le fasciner, mais quand on a vu Naples et L'Égypte, il en faut bien plus pour nous surprendre niveau monuments.

Il monta les escaliers, un peu hésitant, tout en observant les personnes pressées à droite et à gauche.

L'intérieur était encore plus étonnant que l'extérieur ; le plafond était très haut, le parquet semblait briller. Et le calme contrastant avec le bruit de dehors, troublant.

Après avoir inspecté l'immense pièce, Francesco s'approcha d'un des bureaux où un homme assez âgé et austère était occupé à lire et empiler des papiers.

- Bonjour, je... je voudrais voir l'ambassadeur.

L'homme dévisagea Francesco de haut en bas et remit ses lunettes en place.

- Je ne sais pas avec quel ambassadeur vous souhaitez vous entretenir, mais sans rendez-vous et avec cette tenue totalement inadéquate, vous ne risquez pas d'obtenir cette audience.

- L'ambassadeur de Naples, répondit-il en faisant fi des remarques.

- Naples? Mais nous n'avons pas d'ambassade napolitaine a Paris!

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant