Chapitre [120]

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La nuit parisienne où les lumières dominent avait tout à envier à la nuit bourguignonne si calme et paisible. Les étoiles brillaient dans le ciel nocturne et même la Voie Lactée était visible dans ce ciel dépourvu de nuages.

Et sous ce ciel lumineux, deux hommes étaient couchés l'un contre l'autre, deux hommes qui n'étaient plus un aide-de-camp et un général, un gouverneur et un consul, mais juste de simples hommes qui profitaient de leur liberté passagère pour faire fi des codes moraux de la bonne société.

- Le ciel... est magnifique ce soir...

- Tout autant que le quart de Lune... et tout autant que vous, rajouta Junot avec un sourire charmeur.

- Oh, cesse donc avec tes éloges...

- J'ai pourtant envie de vous en couvrir... tout comme de baisers!

Et à ces mots il se jeta sur lui pour combler son visage de baisers plus violents et doux les uns que les autres.

Puis il colla son front au sien et le regarda avec un sourire des plus amoureux et des yeux brillants. Sa main remonta son bras pour aller s'enlacer dans la sienne.

- Junot... mon Junot...

Leur lèvres se scellèrent dans un ultime baiser qui effaça tout embarras de leur cœur.

- Mon général...

- Ne m'appelle pas ainsi... lorsque je ne suis rien qu'à toi...

- Jamais je ne pourrai vous appeler par votre prénom... Na... poleone...

- Comme tu le prononces mal~ rit-il.

- Vous voulez essayer de parler en bourguignon, vous?!

- Je me mets au défi.

- Dei vos condeuze an veigne meûre.

- Pardon? Répète donc.

- Dei vos condeuze an veigne meûre, répeta-t-il avec un air satisfait.

- Dei vos... condose ane véine méure.

- Je n'avais encore jamais entendu de bourguignon avec un accent corse, cela donne quelque chose d'original~

- Oh, tais-toi. D'accord, je m'avoue vaincu. Et que veut dire cette phrase, puis-je le savoir?

- Elle se traduirait littéralement par "Dieu vous conduise en vigne mûre", qui signifie "Dieu vous bénisse!" C'est une expression que l'on utilise beaucoup, même pour des choses futiles.

- Ah, vous, les Bourguignons, vous ne jurez que par le vin.

- Que croyez-vous? Il est notre fierté, notre trésor!

- Junot... pour moi, tu es ma fierté et mon trésor.

- ...Napoleone...

Il l'embrassa encore, avec ardeur, et se détacha seulement pour aller le serrer le plus fort possible dans ses bras.

- Mon général... mon Napoleone... que ferais-je sans vous... que ferais-je... je ne pourrais pas vivre, tout simplement..!!

- Junot... Junot... mon chat bourguignon...

Il lui caressait vivement les cheveux en déposant de rapides baisers fiévreux sur sa joue, comme si le contact de sa peau, sa chaleur, lui étaient vitaux.

Le blond posa sa tête sur son torse et leva des yeux émerveillés vers lui.

- Vous ne pouvez pas savoir combien je suis heureux... murmura-t-il.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant